Au
théâtre, un soir
Les mains sales de Jean-Paul Sartre
(Théâtre de l'Athénée)
Voilà presque six mois que
j'avais prévu d'aller voir
"Les mains sales". Cependant,
lorsque cela arriva, je n'avais
plus envie d'aller au théâtre.
J'ai donc reporté la réservation,
me disant que je m'en occuperais
au dernier moment. Et de report
en report, j'ai fini par recevoir
un courrier de l'Athénée
me proposant une réduction
pour une place en corbeille. Moralité
: il faut toujours reporter au lendemain.
J'ai eu une réduction parce
que j'étais allé voir
"Les
justes" et
qu'il s'agissait de la réponse
de Camus à Sartre sur un
thème analogue. Et comme
le dit la célèbre
Lola Gruber, je cite : "Dans
ce combat entre le phrasé
chaloupé de Sartre et l'épure
fervente de Camus, on peut se réjouir
qu'il n'y ait ni perdant ni vainqueur".
C'est foutrement beau, ce qu'elle
dit, Lola Gruber. Et puis la compagnie
est la même que pour "Les
justes" et on retrouve - entre
autres - Öhlund en Hugo/Kaliayev
et Le Guernec en Jessica/Dora.
Seulement, encore une fois, je constate
que l'Athénée, bien
que très joli, n'est pas
un théâtre dans lequel
il fait bon voir du théâtre
: siège exiguë, grande
chaleur avec en bonus une tripotée
de collégiens, pisseurs et
pisseuses, qui ne désiraient
qu'être ailleurs mais qui
étaient là. Je comprends
à présent pourquoi
ça s'appelle la corbeille.
Imaginez l'acte IV (quatrième
tableau pour être exact),
scène IV avec ses considérations
politiques, par 30° avec des
gamines qui s'emmerdent et l'impossibilité
de s'assoir correctement et vous
connaitrez l'enfer. L'enfer n'est
pas les autres, non, c'est l'Athénée.
Finalement, outre les mauvaises
conditions, "Les mains sales"
- quand bien même Sartre aurait
une dégaine moins fun que
Camus - est une pièce plus
amusante que "Les justes"
(Hugo est cool même si le
public semble avoir préféré
Jessica, voire Georges et Slick)
et surtout jouée avec bien
moins de froideur. J'espère
que vous avez apprécié
l'épure fervente de mon phrasé
chaloupé.
|