Terminus
Pierre
William Glenn (1990)
Johnny Hallyday fut un acteur
exigeant, soucieux avant tout
de rester toujours à un
niveau d’excellence. On
se souvient à cet égard
avec une certaine émotion
de ses prestations magistrales
dans les particulièrement
inoubliables « D'où
viens-tu Johnny ? », «
A tout casser » ou le parfaitement
sublime « Cherchez l'idole
» où il réussissait
à peine à faire
de l’ombre à ces
deux géants du septième
art nommés Frank Fernandel
et Dany Saval.
Cette
fois-ci, Hallyday, attiré
par le prestige naissant du grand
Pierre William Glenn qui réalisa
il n’y pas si longtemps
pour qu’on ait oublié
« Les silences de Johnny
», un documentaire très
sobre et dépouillé,
tout en introspection, Hallyday,
dis-je, donne libre cours à
son immense talent dans un époustouflant
film d’action-nanardisation-anticipation-science-fiction
à laisser penser qu'à
côté « Terminator
», c'est « Coup
de foudre à Notting Hill
».
Je
t’en narre un peu le topo
:
nous sommes dans un monde futuriste
apocalyptique où une
espèce de car piteux,
comme récupéré
dans les poubelles d’un
vieux film de science-fiction
des eighties, transporte des
fœtus clonés (sans
déconner) pour un gus
pété de tunes
(ouais). Alors le héros
(c’est le Johnny) dirige
avec une non-expression certaine
ce rafiot brinquebalant poursuivi
par des méchants avec
des looks de merde.
Alors on pense un peu à
Mad
Max, en plus
métaphysique et avec
des effets spéciaux et
autres cascades tellement réussis
qu’on les croirait empruntés
à un célèbre,
monumental et inoubliable film
d’action turc des seventies
(voir ICI).
En outre, Hallyday s’y
est fait balancer sur le crâne
de l’eau de javel et peindre
en bleu sans doute pour égarer
le spectateur téméraire
en faisant croire peut-être
qu’il s‘agit d’une
nouvelle adaptation des Schtroumpfs,
un remake du Grand Bleu ou bien
tout simplement pour éviter
ainsi qu’on le reconnaisse
afin cela n'influe pas sur le
futur avis du spectateur.
A
cet instant de ma chronique,
lucide, tu pourrais dire que
ça a l’air un peu
con comme film. Eh bien, oui,
c’est vrai, mais tu oublies
qu’il y a surtout le jeu
tout en subtilité de
Hallyday capable de paraître
plus amorphe que Norris dans
« Walker, Texas Ranger
12 » et le regard moins
expressif que Van Damme dans
« Kickboxer :
cinquante ans après ».
Mais, attention, parfois le
film sort de sa léthargie
pour élever le débat
(le réalisateur avait
vu sans doute la vieille du
début des tournages un
vieux film de Bergman). Et on
a droit à des échanges
philosophiques sur la vie, la
mort, la vie, la destinée
puis la vie et aussi la mort,
la destinée... et la
vie.
Au final, on peut dire que «
Terminus », le bien nommé,
est un chef-d’œuvre
de par surtout la prestation
d’Hallyday sans doute
dans son meilleur rôle
:
celui où il ne dit rien.
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