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Yes
Magnification (2001)


L'autre jour, j'ai rencontré un fan de Yes... Je parle de celui d'avant (le groupe pas le fan...)

Oui, ça peut exister un fan de Yes ! Parfaitement.

Même qu'il n'a pas un oeil au milieu du front. Il ne se balade pas non plus avec un vieux tee-shirt où est écrit 90125. On le voit encore moins se baffrer d'un thon mayonnaise. D’ailleurs, affirmer que le thon mayonnaise est à l'amateur de Yes ce que la sardine est à l'huile, c'est comme si, ayant vu à un concert de Radiohead un gars s'envoyer une daube, tu affirmais que les amateurs de Radiohead aiment la daube. Bon, d'accord, l'exemple est mal choisi...

Bref, le fan de Yes n'aime pas forcément le thon mayonnaise. Il bouffe un peu de tout comme toi et moi. Plutôt toi car moi je suis au régime.

Le fan de Yes est donc un homme comme les autres. Affable. Bien élevé. Et pas con. Pas forcément borné non plus. Il est aussi capable de discernement. Il peut même te faire la liste des daubes du groupe. C'est dire.

Le fan de Yes, tu le vois dans la rue, tu le prends pour un fan de Serge Lama. Ca prouve à quel point il est banal... et vieux. Tenace aussi. Constant. Fidèle et courageux. Il faut l'être pour encore continuer de suivre un groupe qui, depuis belle lurette, ne sait plus très bien lui-même où il va.

Il faut aussi les comprendre les Yes. Ils en étaient au moment de ce "Magnification" à leur... je ne sais plus... album et l'inspiration, cette jolie muse qui n'est pas forcément une fonctionnaire arrivant à heure fixe, les avait depuis longtemps quittés. Pourquoi continuaient-ils alors ? me dirais-tu. C'est une très bonne question à laquelle je tenterai de répondre à la fin de cette chronique.

Donc, l'autre jour, je rencontre un fan de Yes qui me dit que cet album d'il y a plus d'une vingtaine de piges est différent car les Yes jouaient alors accompagnés d'un orchestre symphonique comme le firent plein de musicaux avant eux, je te cite ceux qui me viennent à l’esprit : Deep Purple, Womanowar, The Death Of My Guitar et même Metallica.

Bref, moi qui restai tantôt totalement indifférent aux dernières parutions du vieux combo, je me suis dit, titillé par le concept et, en moi-même, c'est mieux : "Pourquoi pas ?" Et j'ai écouté "Magnification".

Figure-toi qu’il n’y a pas Wakeman. Un orchestre symphonique le remplace. Il fallait ça. Cet orchestre intervient souvent correctement coulé dans l'ensemble (c'est le point positif de l'album) même si parfois ça sonne un peu générique de téléfilm. La voix d'Anderson va plutôt bien avec les cordes. Il y a bien quelques titres qui transportent un peu ("En la présence de..." par exemple). D'autres sont franchement insupportables comme "Tu peux imaginer", "Donne de l’amour chaque jour" ou "Te casse pas" pour ne citer que les plus mauvais titres... en français, je préfère. Yes ne proposait plus dans la majorité des titres que des redites du plus médiocre de sa discographie avec Anderson mais sous un emballage différent.

Depuis longtemps l'appellation "rock progressif" ne collait plus à la musique de Yes. Ce n'est pas très important en fait. A la limite, je m’en fous. Ce qui attriste, c'est que le groupe ennuyait avec cette oeuvrette. Il avait plié sous les coups de boutoir du temps. Il s'était vulgarisé par manque d'idées et s'était peu à peu éteint sous le souffle de l'avancée des autres musiques. Yes semblait alors au bout du rouleau tentant de cacher sous le clinquant d'un orchestre symphonique la banalité de son discours.

Maintenant, pour répondre à la question posée plus haut, j'aimerais donc, pour que le groupe, au lieu de persister laborieusement encore des piges, avec ou sans Anderson, qu'il nous sorte dans peu de temps un album unplugged, puis un a capella, et un avec les Choeurs de l'armée rouge. Encore un avec un big band de Jazz, un autre accompagné des Polyphonies Corses, un autre encore avec l'Ensemble Musical Provençal avec fifre, galoubet et tambourin, un aussi avec les Choeurs Grégoriens de la Chapelle Papale Saint-François d'Assise, un autre plus tard encore avec les solistes de l'Ensemble Intercontemporain et pour finir en beauté un avec la Fanfare de l'armée française.