The
White Stripes
Elephant
(2003)
Moi,
avec The White Stripes, je l'avoue,
j'ai un peu de mal.
Ne crois pas que c'est parce
qu'ils ont l'air un peu poseurs
les White, limite ridicules,
sur la pochette.
Non.
Ou bien parce qu'ils se la jouent
rouge et noir à l'instar
d'Henri Beyle (dit Stendhal,
1783-1842) qui n'aimait que
les chansons de Dave. Je l'ai
lu dans "Vanina Vanini".
Re-non.
Ou encore parce qu'ils semblaient
avoir trouvé le bon créneau
façon revival qui sent
le bon coup. Mais, attention.
Garanti authentique. Et avec
plein de guitares dedans que
la fratrie White a achetées
dans un magasin où venaient
se fournir les Small Faces en
63.
Je redis : "Non."
Sûrement pas non plus
parce que leur nom commence
par "The". D'ailleurs,
il m'arrive d'aimer des groupes
commençant par "The".
Parfaitement. Tout comme je
ne peux pas supporter certains
qui n'en ont pas (de "The"
ni de talent). Encore qu'à
l'époque où était
sorti ce disque, il fut préférable
d'être circonspect face
à l'avalanche de "The"
qui nous tombaient dessus plus
vite que la bonne musique.
Bref, j'affirme mordicus : "Non."
De
plus, j'ai lu quelque part de
la plume d'un éminent spécialiste
qu'il fallait remercier The White
Stripes d'avoir existé.
Pourquoi donc une telle affirmation,
me dirais-tu ?
Eh bien, parce qu'ils perpétuaient
ce fameux esprit du rock qui doit
s'accommoder de trois accords
de base, d'un son rétro,
d'un minimalisme de bon ton et
éventuellement d'une coupe
de cheveux à la con. Et
si tu ne te la joues pas fin années
60/début 70, entre un petit
quelque chose des Stooges, un
rien de Led Zep, une pincée
de punk-rock, un chouïa des
Stones, un je ne sais quoi des
Kinks, tu n'es pas grand chose.
Ou peut-être un chanteur
de variété.
Alors, je te le dis derechef :
"Non."
Car comme le disait si justement
Bernard Hinault : "Le rock,
c'est comme une bicyclette, il
faut avancer pour ne pas perdre
l'équilibre". Et s'il
veut encore exister, ce sera donc
en progressant.
A cet instant, tu vas me dire,
toi qui es arrivé jusque
là : "Je
m'en fous de tout ça. Ce
qui m'intéresse, mec, c'est
la musique."
Tu as mille fois raison, Ô
cher lecteur éventuel et
néanmoins ami.
Je
t'explique donc pour t'éviter
d'écouter l'album entier.
"Elephant" semblait
plus grand public que le précédent.
A se demander si les White n'avaient
pas déjà perdu l'esprit
rock. Les guitares sont agressives
malgré tout. Juste ce qu'il
faut pour faire vrai. C'est plutôt
agréable d'ailleurs. Il
y a même quelques titres
qui arrachent et sont assez convaincants
mais lassent assez rapidement
comme "I want to be the boy
to warm your mother's heart",
"There's not home for you
there" et "Ball and
biscuit" (bien qu'un peu
longuet) et ses grattes stoniennes
façon "Honky tonk
woman".
Mais l'ensemble a des thèmes
plutôt pauvres dans leur
majorité et la voix de
Jack White peu accrocheuse, bien
que se démarquant ici de
ses démangeaisons zeppeliniennes
du précédent album.
Bref, je conclurai en disant :
NON !
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