"Notre Dame de Paris" est un roman au manuscrit peu raturé écrit en seulement quatre mois par un mec de vingt-huit ans, pasque-Dieu !! Entendons nous bien, c’est Victor Hugo. Tout un chacun connaît ce roman. Le monde entier connaît Quasimodo et Esmeralda, des continents connaissent Phoebus, des nations entières connaissent l’archidiacre Claude Frollo, des régions diverses connaissent Fleur-de-lys, des villes éparses connaissent Pierre Gringoire, quatre bleds connaissent Jehan Frollo. "Notre Dame" est un roman théâtral (voir le libbreto "La Esmeralda") car l'action sur une durée réduite, noyée de dialogues, se situe dans un nombre de lieux restreint. "Notre Dame" est un roman intellectuel - bien que très facile d'approche - dont le récit est entrecoupé de citations latines et de digressions architecturales ou historiques que Victor Hugo place de-ci de-là. "Notre Dame" est aussi un roman sur la fatalité avec des marginaux hugoliens, plébéiens torturés, pris entre deux feux, à la dualité prononcée. "Notre Dame" est également une joyeuse comédie, bien avant d’être un drame plutôt sombre (Notre Drame ah ! ah !) avec, notamment, le personnage de Pierre Gringoire ou les répliques de Jehan Frollo. "Notre Dame", écrit peu après la révolution de juillet 1830, est aussi une critique sous-jacente des prévôts, de la royauté, des magistrats, des architectes, etc. Je note qu'Hugo prend la peine de se moquer en une phrase des alexandrins classiques (la première représentation d’"Hernani" est de la même année). "Notre Dame", évidemment, est aussi une œuvre romantique où tous les amours sont contrariés et où la langue léchée d’Hugo – si j’ose dire – se déploie aisément. Pour finir, "Notre Dame" est un roman cinématographique… en 1831. Il l’est pour son déluge de dialogues mais aussi parce qu’il se termine par une scène d’action qui est composée avec un montage parallèle. Griffith a été le premier a maîtrisé le montage parallèle en 1917 ? Diable non, c’était Victor Hugo !