ACCUEiL

DiSQUES

CHRONiQUES MUSiCALES

autres

Presque parodique...

Victor Hugo
L'homme Qui Rit (1869)



Ursus est un vagabond ventriloque médecin qui parcourt l'Angleterre du XVIIe siècle avec son loup nommé homo. Un soir d'hiver neigeux il rencontre Gwynplaine, un gosse de dix ans abandonné qui porte dans ses bras une petite aveugle, Dea. Ensuite il me semble qu'il y a une digression interminable.

"L'homme qui rit" est l'avant-dernier roman d'Hugo et peut-être son plus caricatural. Tout dans les personnages, dans les situations, dans les dialogues, dans l'histoire jusqu'au final (qui n'était pas du tout inévitable) et dans le style - surtout dans le style - est du Hugo typique, presque parodique tant les traits sont exagérés. On y retrouve le bas peuple pauvre, malheureux, méprisé et exploité et l'aristocratie méchante et hautaine. Ursus est le philosophe cynique, Gwynplaine le quasimodo rosbif avec son sourire de Joker (où plutôt est-ce l'inverse), monstrueux mais qui a bon fond, et Dea la vierge angélique.

En ce qui concerne le style, Hugo abuse de sa célèbre dualité avec le bien qui est le mal, le sublime qui est le grotesque, etc. Un peu dans cette même idée de choses signifiant autre chose, il exploite au maximum des métaphores qui ne sont pas utilisées comme telles. Par exemple, pour signifier la mort, il pourrait écrire "il s'élargit alors dans l'infini", ce qui serait magnifiquement formulé, ou bien, plus sobrement "il mourut". Au lieu de ceci, Hugo écrit "La mort, c'est l'élargissement dans l'infini" et s'exprime uniquement ainsi dans tout le roman. Exemples :

- La taille courbée du vieillard, c'est le tassement de la vie.
- L 'avalanche, c'est la bête. Et la trombe, c'est le monstre,
- La Manche, c'est le sphinx.
- Le rugissement de l'abîme (...) c'est l'immense voix bestiale du monde.
- Cette brume du mystère nocturne, c'est l'épars, le fugace, le croulant, le funeste.
- La hardiesse dans le guet, c'est la bravoure des timides.
- Se suffire, c'est être puissant.
- Descendre, c'est l'entrée dans l'ignoré terrible.
- L'extraordinaire, c'est une obscurité.
- L'écrasement, c'est la peur des petits.

Je pourrais tous les citer et en faire une dizaine de pages, à la Hugo, mais je m'en tiendrai là, vous avez compris l'idée : Ceci, en réalité, signifie cela. Si vous souhaitez tous les retrouver, il vous suffit de prendre le texte intégral sur internet et de faire une recherche "c'est".

Et en ce qui concerne la construction du récit - qui s'étend sur quelques 800 pages - on retrouve évidemment cet étalage de savoir typiquement hugolien, longuement, sur la géographie anglaise, l'histoire anglaise ou la pairie anglaise. Ah, la pairie ! Vous n'avez pas idée de ce que c'est, lorsqu'on a déjà lu quasiment tout le roman, de tomber sur cette digression qui s'étend sur 80 pages. Rien que du Hugo, donc, si ce n'est l'absence d'action dans le sens cinématographique du terme.

_____________________________________________________________________________
un autre grand moment
de littérature
_____________________________________________________________________________

La Phénoménologie Transcendantale,
C 'est De La Merde !
Chuck Norris

 

 

... une oeuvre qui dérange !..