Ne reculant devant aucun sacrifice,
j'ai rencontré le beau et
sémillant Thom Yorke, leader
charismatique de Radiohead, le meilleur
groupe de rock du monde de cette
semaine, dommage qu'elle soit bientôt
finie...
Thom,
je me suis laissé dire que
vous rigoliez quand vous vous brûlez,
qu'en est-il exactement ?
C'est tout à fait faux. D'ailleurs
l'autre jour comme je faisais cuire
des merguez avec des potes dans
mon jardin et alors que je regardais
l'un d'entre eux montrer son cul
à une passante, je me suis
brûlé avec le barbecue.
Je peux vous dire que ça
m'a pas fait super marrer !
Vous
rigolez jamais alors ?
Au contraire. J'arrête pas.
Je suis un vrai boute-en-train.
La vie est pour moi une vaste poilade.
Ah
bon ?
Parfaitement. "Une journée
où l'on a pas ri et une journée
de perdue" comme disait un
vieux pote à moi, ce bon
vieux Peter...
Gabriel
?
Non, Hammill. Celui qui faisait
partie de Van der Graaf Terminator,
un groupe hyper bidonnant.
Il
a dit ça ?
Pas plus tard que l'autre soir à
la réunion de notre club.
Peter est un mec super marrant !
Vous voulez que je vous raconte
sa dernière sur la femme
qui a de gros nichons ?
Non,
merci, Thom... C'est quoi ce club
?
Les joyeux brittons.
En
quoi ça consiste ?
On se réunit une fois par
semaine et on se raconte des blagues
hyper marrantes. Vous connaissez
celle du mec qui en a une petite
?
Non...
Thom, on vous imaginait plutôt
du style mec qui se pose plein de
questions existentielles, seul,
les cheveux au vent, livide au milieu
des tempêtes.
Pas du tout. D'abord, j'ai les cheveux
courts. Ensuite, mon truc c'est
les copains, la bringue, le foot
et éventuellement les gonzesses.
Alors,
le romantique, le tourmenté,
l'angoissé, c'est que du
bluff ?
Exactement. Et juste pour le look.
Si moi je suis angoissé alors
les Rolling Stones sont l'avenir
du rock.
Pourquoi
avoir appelé un des albums
de Radiohead "Kid A" ?
C'est simple. En vu d'une suite
qui s'appellerait "Kid B".
C'est
très drôle, Thom.
En effet. Mais figurez-vous que
je l'ai sortie celle-là l'autre
soir au club et ça a fait
marrer personne. Heureusement que
je me suis rattrapé de suite
avec celle du mec qui fait rien
que péter. Je vous la raconte
?
Non...
Quels sont vos projets, Thom ?
Je vais enregistrer sous peu un
album solo rien qu'avec des covers
de gars un peu méconnus ou
oubliés. De Lagaf notamment.
Vous
connaissez Lagaf ?
Je veux oui. C'est un mec qui véhiculait
dans le temps malgré l'aspect
un tantinet rébarbatif de
sa personne un côté
hyper positif. Il me fait toujours
marrer ! Ses blagues étaient
super géniales ! Je vous
raconte celle du fou qui repeint
le plafond ?
Non...
Il aime vos disques, Lagaf ?
Pour sûr. Il m'a même
avoué qu'il avait pleuré
à l'écoute de "Ok
computer".
Ah
bon ?
Vous savez, les grands comiques
ont souvent une sensibilité
à fleur de peau. Ce sont
de profonds angoissés qui
cachent leur extrême désespoir
sous le masque futile d'une vaine
dérision comme le disait
si justement le grand Patrick Sébastien.
Mais
où avez-vous rencontré
Lagaf, mon cher Thom ?
Récemment, à un séminaire
européen sur l'humour présidé
par Dany Boon. On a vite sympathisé
et après nous être
raconté quelques bonnes blagues
on a décidé de se
retrouver pour un projet commun
sous la forme de mon album solo.
Quels
titres reprenez-vous de lui ?
"Beautiful the lavabo"
et "The zoubida".
Quels
seront les autres covers sur cet
album solo ?
Il y en aura un du défunt
génials Carlos, paix à
son âme, "Me, I prefer
to eat at the canteen", "At
the queue the leu" du non-moins
célèbre Bézu
et peut-être le standard "The
dance of the ducks". Pour le
reste, on verra.
C'est
assez surprenant comme évolution.
Pas vraiment. J'ai toujours été
quelque part un sacré déconneur.
Faut savoir par exemple que "Amnesiac"
au départ c'était
un album concept assez poilant et
ça allait peut-être
même plus loin que certains
trucs d'Eric et Ramzy. Mais ça
a pas plu à notre maison
de disques et on a tout refait.
Vous
avez un titre pour cette future
oeuvre ?
Oui, je pense que je vais choisir
"Restons covers".
C'est
un bon choix en effet et très
désopilant qui plus est.
Oui, j'en suis pas mécontent
!
Ce
changement ne risque-t-il pas de
surprendre votre public ?
Pas du tout... Mon nom sur la pochette
suffira à les convaincre.
Vous
croyez ?
Parfaitement... Dans le temps, Lennon
avait dit : "Le rêve
est fini". J'ai pas peur d'ajouter
: "Avec Thom Yorke, il recommence
!" Je sens que je vais pas
tarder à révolutionner
la musique. D'ici peu, tout le monde
va se marrer comme un dératé
derrière sa chaîne
hi-fi.
Ah
bon ?
Absolument... Y'en a marre de se
faire chier dans le rock. Prenez
par exemple un truc comme "Hail
to the thief" de mon groupe
Radiohead. Je l'ai écouté
deux ou trois fois. C'est hyper
mortel. Limite à peine moins
emmerdant qu'un album de free-jazz.
Vous
êtes sûr ?
Certain... Mais, c'est pas tout
ça, il se fait tard et j'ai
rendez-vous à mon club.
Bon,
alors Thom, chiao !
Non, pas Thom Chiao. Thom Yorke
!
Ha
! Ha ! Ha ! Sacré Thom, toujours
autant d'humour !
Puis, j'ai quitté ce
cher Thom. Comme je marchais dans
la rue sous une pluie drue, tentant
d'éviter les merdes de chiens
et remontant le col de mon imperméable
acheté en solde le matin
même chez Gémo, je
pensai à regret que je ne
saurai sans doute jamais rien sur
le mec qui en avait une petite,
sur celui qui faisait que pêter,
sur celle qui avait de gros nichons
et sur le fou qui repeignait le
plafond. J'avais comme la désagréable
impression que je venais de passer
à côté de quelque
chose de grand.
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