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Hésitant et maladroit

Au théâtre, un soir
Le Tartuffe de Molière

 

Vous n'ignorez pas que je suis de ceux qui s'intéressent au théâtre mais aussi à la mise en scène et encore à l'originalité. Plus qu'à l'originalité, disons à la bonne idée, celle qui est utile et enrichie. Plus qu'enrichir, disons qui aide et... enrichit. Bon, allons pour le verbe "enrichir". Ici je vous parle de l'art de mettre en scène avec rien : pas de décor, pas de trappe, pas de rideau, pas de porte, pas de table, ni de chaise. Il est facile d'en mettre plein les yeux lorsqu'on a une scène gigantesque, des dizaines de comédiens et de figurants, des décors et des costumes superbes et un théâtre suffisamment armé pour nous garantir des centaines de possibilités. Avec un mur nu et deux acteurs, ce n'est pas la même affaire.

J'ai donc apprécié les idées de ce "Tartuffe" et même la femme qui joue un homme, l'homme une femme, sans que rien ne le justifie ni que rien ne le condamne. J'ai trouvé la pièce sympa et plutôt rigolote. Les comédiens étaient bons, également, ce qui n'est pas toujours le cas et le parti pris d'un Tartuffe hésitant et gauche n'était pas pour me déplaire. Et il y avait également du mérite pour la petite qui jouait Mariane. Déclamer des vers en jouant une gamine débile de douze ans, il y a plus facile pour paraître crédible.

Heureusement que j'ai apprécié cette mise en scène, finalement, parce que je n'en ai pas du tout compris la finalité. Je pensais avoir saisi que cela relevait du "remis au goût du jour" (le fameux, usé jusqu'à la corde) mais lorsque j'ai lu l'interview du metteur en scène, j'ai relativisé mes propres pensées. Si son but est "de véhiculer des idées", eh bien le moins que je puisse dire, c'est que j'ai été radicalement, purement et catégoriquement hermétique à son message ainsi qu'à son Tartuffe "inquiétant" et "mystérieux" où je l'ai vu hésitant et maladroit.