Au
théâtre, un soir
Ivanov d'Anton Tchekhov
(théâtre de la tempête)
L'"Ivanov"
dont il était question ce
soir est mis en scène par
Philippe Adrien d'après une
version française de lui-même
et Vladimir Ant (qui jouait dans
la pièce). Il s'agit d'une
version "moderne" donc
amusante. Je commence à connaître
le "remis au goût du
jour" sous le prétexte
(trop facile) que le sujet est encore
d'actualité. Autre problème
imputable à la version moderne
: Sacha. Elle est mignonne avec
sa robe rouge, Sacha, mais pour
qu'elle puisse rester naïve
malgré la remise au goût
du jour, elle devient ici une sorte
de petite zonarde de quinze ans
alors qu'elle est censée
avoir vingt piges et être
"cultivée et intelligente"
(je cite Tchekhov). Il y avait un
détachement chez Ivanov et
une pointe de vulgarité chez
Sacha qui avait tendance à
nuire à la crédibilité
dans leur couple, notamment durant
la scène VII de l'acte III.
Je critique, je critique et je maronne
comme l'oncle Chabelski, mais j'avoue
que la pratique ne me dérange
pas plus que cela. Il se trouve
que certains savent très
bien "vulgariser", ce
que j'ai déjà dit
quelque part.
Avec Ivanov, si ce n'est la scène
finale, relativement importante
tout de même (c'est la scène
finale), le reste a été
très bien mené. Humour
très poussé quand
c'est drôle, sérieux
quand ce n'est pas drôle.
Simple. Les effets sont appuyés
par une bonne mise en scène
dont le summum reste l'acte II.
Je vous le dis, tout de même,
car vous ne le vivrez jamais (là
est l'avantage du théâtre
comme du concert qui n'existe qu'une
seule fois), l'acte II qui se déroule
chez les Lebedev débute par
une scène au ralenti qui
n'est pas une scène de bagarre
comme la plupart des autres scènes
au ralenti (c'est une mode au théâtre,
actuellement).
Le reste de l'acte II joue également
sur une somme d'éléments
accrocheurs telles de vraies bougies
qui, soufflées, ont une odeur
de bougies soufflées ou de
vrais pétards qui ont une
odeur de pétards (c'est idiot
à dire mais le cinéma,
par exemple, n'est pas encore odorant),
tels les invités automates
masqués mystérieux
en fond ou encore cette scène
(ajoutée) avec Kossykh qui
s'adresse au public pour expliquer
une de ses énièmes
parties de cartes perdues. Elle
se situe lorsque tous les personnages
sont allés au jardin pour
le feu d'artifice, une sorte de
scène V,V. Et derrière
le public - donc dans le jardin
- on entend les feux d'artifice
avec un jeu de lumières multicolore.
Ce sont des simples idées
de mise en scène qui subliment
la chose.
Cet acte là, donc, ainsi
que les parties comiques de l'acte
IV, ont tendance à gommer
les imperfections du reste ainsi
que les seconds rôles - comme
souvent - très bons ont parfois
éclipsé les rôles
clés décevants à
certains moments.
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