Jean
Teulé
Le
Montespan (2008)
"Le Montespan" est un
roman sur le mari de la Montespan,
favorite de Louis XIV. La particularité
de ce bouquin réside dans
le contraste entre le XVIIe siècle
et sa cour réputée
raffinée et le style putassier
sans grande limite de l'auteur
qui assène des bites et
des couilles à qui en voudra.
Et dans "Le Montespan",
tout le monde en veut (des bites
et de couilles). Et lorsqu'on
m'a dit : "Le sujet était
un bon prétexte pour faire
un roman pornographique",
eh bien c'était vrai !
Pourtant, à première
vue, cette histoire n'appelait
pas forcément du cul. Louis
Henri de Pardaillan (le mari)
et Françoise de Rochechouart
filent le parfait amour. Celui-ci,
n'étant pas dans les petits
papiers du monarque, s'en va tenter
sa chance à la guerre pour
faire fortune, en vain. Celle-ci,
pour sauver le compte en banque
familial, s'en va faire la belle
à Versailles et tape dans
l'oeil du Quatorzième.
Grisée par les fastes de
la cour, Françoise délaisse
bientôt son mari et devient
la favorite du roi. Comme cela
se passait à l'époque,
Louis XIV propose titres, demeures
et force monnaie au mari officiel.
Seulement Louis Henri refuse et
- déchu, ruiné,
banni et poursuivi - n'aura de
cesse, sa vie durant, de défier
le roi et d'attendre le retour
de sa femme.
Avec un tel présupposé,
j'aurais opté pour un drame
romantique avec quelques pointes
humoristiques de-ci, de-là.
J'aurais jeté des envolées
lyriques du mari amoureux, cheveux
au vent, sur un rocher, face à
la mer démontée.
Jean Teulé, lui, a opté
pour la farce comique avec beaucoup
de fesses en renfort. On a donc
une page de fellation, de la levrette
en veux-tu en voilà, des
mecs qui se masturbent, du nibard
au balcon et ça copule
sans vergogne. Lorsqu'il n'y a
pas de sexe, les gens sentent
mauvais, se pissent dessus (littéralement)
et chient en public. Evidemment,
il n'y a pas que ça, mais
après avoir terminé
le roman, c'est un peu cette impression
qui persiste. Quant aux bonnes
idées (Louis Henri organise
l'enterrement de son amour en
grande pompe, ajoute des cornes
à son carrosse, etc.),
elles ne sont pas de Teulé
mais simplement des événements
historiques. Et à la fin,
grâce à Dieu, l'honneur
est sauf, le marquis et les gens
du peuple sont amusants et bons,
sa femme est une pute, le monarque
et la cour sont des enfoirés.
Comme souvent avec les romans
historiques, ils ne m'inspirent
que l'envie de lire la véritable
histoire.
PS : Et toujours l'écueil
habituel des romans historiques
(qu'on retrouve chez Jean-François
Parot, par exemple) qui consiste
à faire expliquer par ses
personnages quelque chose de logique
pour eux mais d'inconnu pour le
lecteur. C'est un peu comme si
vous disiez : "Je vais utiliser
un téléphone, tu
sais, cet appareil relié
à un réseau de téléphonie
permettant la communication par
parole entre deux personnes."
Autour de vous, tout le monde
sait ce qu'est un téléphone,
ce serait ridicule de le préciser.
Dans les romans historiques, ils
le font. Les personnages expliquent
ceci et cela, comme s'ils déclamaient
des articles wikipedia. Il est
pourtant simple de l'éviter
en jouant de sa troisième
personne. Dans un roman il y a
les personnages mais aussi l'auteur.
A lui d'intervenir pour expliquer,
comme le faisait Hugo. Pourquoi
ne pas s'en inspirer ? Après
tout, il a fait ses preuves, Hugo.
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