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CHRONiQUES MUSiCALES

AUtRES

Toujours pareil en
étant différent...

Tangerine Dream
Zeit (1973)

 

L'autre soir, je me suis écouté "Zeit" de Tangerine Dream. J'ai écrit "l'autre soir" car ce disque ne s'écoute qu'à ce moment-là.

"Zeit", ça veut dire "temps". Le temps. Non pas celui qui passe vite. Mais plutôt celui qui s'écoule lentement. Celui que l'on regarde passer. Celui qui tue le temps comme il peut.

"Zeit", c'est donc un album calme. Sûrement pas sombre ni morbide. Encore moins lugubre. Le temps n'est jamais sombre ni morbide, ni lugubre. C'est le temps. T'as écouté le Requiem de Ligeti ou "Smalltown agonist" de Carla Bley ? Ca c'est lugubre - essaie de les passer vers 23 h 59, tu verras ou plutôt, tu entendras. De quoi te jeter sous le dernier bus qui passe s'il n'était déjà passé.

"Zeit", c'est le temps. Je l'ai déjà dit, je le répète. Il s'écoule lentement, de façon répétitive comme cet album dont les titres (quatre) font plus de vingt minutes chacun. Le temps, c'est toujours pareil en étant différent. C'est long. D'où la durée des titres. Une durée qui n'est pas excessive. D'ailleurs, si tu voulais apprécier cette musique avec des plages de 4 à 5 minutes, ce serait impossible. Le temps, pour pouvoir le regarder et l'écouter passer, il faut du temps. Le temps, il faut s'en pénétrer. Mollement.

"Zeit", c'est ça, une sorte de respiration régulière, souvent monocorde. Avec ce rien de mélancolie que procure le temps qui passe. Ne crois qu'à l'écoute de cet album on a l'impression que le temps s'est arrêté. Que l'ennui va te gagner. Le temps, quand tu l'écoutes, ça fait passer le temps.Tu sens qu'il passe. D'ailleurs on en sait toujours quelque chose. Enfin, moi du moins.

Il paraît que pour faire passer cet ancien vinyl au format du cd on l'a réduit d'un certain temps. N'importe quoi. Comme si on pouvait ampûter le temps.

"Zeit", est un album qu'il faut prendre le temps d'écouter pour s'en pénétrer. Il n'est jamais dans l'air du temps, celui qui au contraire passe trop vite...

Bon, il est temps que j'arrête cette chronique d'un album qui, si je continuais à en parler, me ferait perdre mon temps car maintenant j'ai à faire la chronique du nouveau Coldplay. Bon, d'accord, il n'est peut-être pas encore enregistré mais comme je sais d'avance ce qu'il va y avoir dedans, je ne vais pas perdre mon temps à attendre qu'il sorte.