John Steinbeck
Des Souris Et Des Hommes (1937)
Avant propos :
"The fire burns on and on
that drives me on 'till all is
gone except the simple plans of
mice and men" disait Dave
Mustaine. Mais nous ne savons
pas pour autant s'il a lu John
Steinbeck.
Commencer une critique littéraire
par du Megadeth, c'est la classe.
Lorsque j'étais jeune et
inculte, je confondais Steinbeck
et Stendhal. Il faut dire que
leurs noms se ressemblent. Je
confondais également Proust
et Sartre alors que leurs noms
ne se ressemblent pas. Je crois
que je confondais tout le monde.
Bref, dans mon carnet vert sont
notés les noms des auteurs
que je veux lire : William Faulkner,
Thomas Mann, Graham Greene, James
Joyce, Charles Dickens, Herman
Melville, Jane Austen, Lev Tolstoï,
Fedor Doistoïevski, Francis
Scott Fitzgerald, Truman Capote
et... John Steinbeck. Lorsque
j'ai montré ma liste à
Elisa, elle m'a proposé
de me prêter "Des souris
et des hommes" qu'elle possédait
chez elle. Il s'agissait d'un
petit livre des années
60 avec les pages aux tranches
roses. Steinbeck était
encore vivant à l'époque
de cette édition, comme
on peut le lire dans la préface.
Le livre :
Il est vrai que je ne savais rien
de John Steinbeck en dehors d'"A
l'est d'Eden" d'Elia Kazan
avec le révolté
James Dean et de la version des
"Souris..." de Gary
Sinistre, un type pas très
jouasse. John Steinbeck a écrit
des livres ? NON, impossible,
on me l'aurait dit !
"Des souris et des hommes"
présente trois avantages
: il
est court, ne contient quasiment
que des dialogues et l'histoire
est sympa. Cette histoire est
celle d'un type costaud nommé
Lennie et d'un petit gars nommé
George. Lennie est un grand dadais
qui broie de ses mains les souris
et les chiots qu'il veut caresser.
Son truc, à Lennie, c'est
la caresse. George, lui, est un
futé qui traîne Lennie
comme un boulet mais ne peut décemment
pas l'abandonner parce que Lennie
ne raisonne pas davantage qu'un
gosse de quatre ans.
George et Lennie ont un rêve
: ils souhaitent ne plus voyager
de ranch en ranch mais s'installer
dans une maison pour y élever
du bétail (et des lapins).
Le récit débute
sur les bords de la Salinas avant
que George et Lennie n'arrivent
dans un ranch californien. Le
récit se termine trois
jours et cent soixante pages après
sur les bords de la Salinas. La
boucle est bouclée.
Mon sens caché
de l'oeuvre :
Commentaire de texte
Voici mon sens caché de
l'oeuvre que je nomme : "théorie
de la barrière des mecs
qui vont de l'avant".
Dans le ranch, George et Lennie
rencontrent des types qui ne font
rien parce qu'ils n'y croient
pas. Dès qu'ils ont empoché
leur paye minable, ils s'en vont
la dépenser au bordel ou
dans un bar et reviennent le lendemain
continuer leur labeur. Ce sont
des perdants qui s'envasent dans
une routine sans échappatoire,
dans leur inaction et leur médiocrité.
George, lui, est différent,
puisqu'il a un objectif. Il n'est
ici avec Lennie que pour empocher
l'argent et acheter une baraque.
George est l'espoir, voyez-vous,
auquel se rattache non seulement
Lennie mais également Candy
et presque quasiment Crooks, soit
les trois laissés pour
compte (le débile, l'infirme
et le noir). Et ces trois personnages
prennent le pas de George dès
qu'ils perdent leur attache. Lennie
n'a pas de raison (aucune attache
avec la réalité),
Candy n'a plus son chien qui a
été tué -
comme un chien - par Carlson,
et Crooks perd sa condition de
paria lorsqu'on vient le voir
dans sa chambre, pour la première
fois. D'ailleurs, dès que
les personnages quittent sa chambre,
il change d'avis.
Chacun a donc sa barrière
qui l'empêche de sortir
de sa situation : un chien, une
couleur de peau ou la médiocrité
pour les autres. Whit - par exemple
- est surpris que des mecs puissent
se pointer un vendredi dans un
ranch et soient obligés
de travailler deux jours avant
le dimanche. Il ne lui est jamais
venu à l'esprit que quelqu'un
puisse vouloir autre chose qu'une
vie de merde.
Bref, chacun a sa barrière
et celle de George est Lennie.
Il est la fatalité, en
somme, qu'on ne peut contrôler,
comme sa force. Il pète
les cervicales des souris comme
la fatalité pète
les cervicales des projets. Chaque
fois que George trouve une situation,
Lennie l'oblige à la quitter,
parce qu'il est barge. George
et Lennie ne font qu'un, comme
Crooks qui est habitué
à être mis au ban
parce qu'il a toujours été
noir ou Candy qui refuse de se
séparer de son chien grabataire
et puant parce qu'il l'a toujours
eu.
Métaphoriquement parlant,
"Des souris et des hommes"
n'est donc pas forcément
négatif et derrière
la tragédie se cache un
message super cool ! Ce sont des
mecs qui en veulent et brisent
leur barrière symbolique
pour aller de l'avant. Ou bien
Steinbeck n'a rien voulu dire
mais simplement raconter une histoire.
Après tout, ça me
semble très crédible
de vouloir écrire juste
pour le plaisir.
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LA
CHRONiQUE D'UN AUtRE BOUQUiN
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Tante
Julia Et le
Scribouillard
Mario
Vargas Llosa
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Latía
Julia y el escribidor...
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