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CHRONiQUES MUSiCALES

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Avec le look

 

Roxy Music
For Your Pleasure (1973)


Jadis, les Roxy Music faisaient la une des revues branchées. Ils proposaient un glam-rock pop prog pas trop mauvais (du moins jusqu'à cet album). "Rock décadent" osèrent même affirmer certains, le plus sérieusement du monde.

On avait d'abord un chanteur de banlieue (déjà ringard à l'époque) qui se prenait pour le King de Memphis, tout en se baladant, les cheveux gominés et avec un costard d'extra pour banquet à peine moins marrant que celui du Glitter (l'autre clown du glam-rock de l'époque). Ferry qu'il s'appelle, ce chanteur qui, en outre, a composé tous les thèmes. Et pas brillant pour un sou. Et avec une voix naviguant entre du Bowie période "Hunky dory" et un Reed de série qui aurait attrapé mal à la gorge un soir de pluie quelque part entre Broadway et Greenwich Village. Le tout réellement ridicule et dégageant autant de feeling qu'une bite d'amarrage sur un port breton. De quoi faire fuir les plus coriaces.

On trouvait aussi cet anti-musicien nommé Eno qui - avant de ressembler à l'Albert l'héritier du rocher - avait encore des cheveux et se la jouait fond de teint, rimel, rouges à lèvres et plumes un peu partout. Il n'était sûrement pas pour rien dans l'aspect expérimental de l'album. (Au niveau musical bien sûr. Pas dans son look. Je vois que tu suis.)

Quand ils ne chantaient pas des grosses bouses comme "Do the strand", "The bogus man" ou "Editions of you" les marrants Roxy Music essayaient de se lancer dans quelques interventions répétitives et lancinantes qui me rappellent étrangement le groupe allemand Can qui faisait un peu la même chose deux ans auparavant. Tiens, tiens. Mais les Can qui ne se maquillaient pas et ne se baladaient pas en costard-cravates n'ont pas eu le même succès. Le look, c'est important. Et les pochettes kitschissimes aussi (ici avec Amanda Lear, pintade peinturlurée, ex-égérie du mauvais goût télévisuel).

Parfois Phil Manzanera lançait quelques accords à la gratte électrique (mais pas trop). Et le sax tourmenté d'Andy McKay s'épanchait comme dans "In every dream home a heartache" ou "For your pleasure" où le groupe, bien que sans grande invention, avait, malgré tout, un certain attrait.

Tout cela permet donc sûrement de supporter encore aujourd'hui quelques passages de cet album alors que ceux des Bowie glam-rockeurs et consorts de l'époque ont plutôt bigrement vieilli.

En conséquence, si l'on pouvait enlever ce chanteur assez insupportable, on aurait donc un album de pop-rock-prog avec deux ou trois titres acceptables.