Ne
reculant devant aucun sacrifice,
j'ai rencontré le beau
et sémillant Roch Voisine
chez lui dans sa salle à
manger québécoise.
Lorsque j'ai eu l'honneur et
l'avantage de contempler enfin
cet Adonis canadien, alors que
je me prosternais humblement
devant tant de magnificence,
vermine essayant présomptueusement
d'effleurer l'harmonie ultime,
sa seigneurie était en
train de se recoiffer devant
la glace de son hall d'entrée
tout en remontant une mêche...
pas du tout rebelle alors qu'au
loin un caribou en rut rayait
emmerdant la cantonade.
Roch, vous êtes beau.
Oui. Et puis, ce serait mentir
que d'affirmer le contraire.
D'ailleurs je viens encore de
m'en rendre compte à
l'instant même. A la limite
ça fait peur.
Ca
ne vous étonne pas ?
Pas vraiment. Je vis avec depuis
bien longtemps. On s'habitue
à tout, vous savez.
Comment
faites-vous, Roch, pour garder
toujours cette superbe coiffure
que le monde entier vous envie
?
Eh bien, c'est simple. Je me
suis fait spécialement
préparer un gel à
base de sirop d'érable
mélangé à
du sperme de caribou. Je peux
vous garantir que c'est hyper
efficace. En mettant cette pâte,
mes cheveux sont pas près
de bouger !
Ne
seriez-vous pas Roch, en fin
de compte, le plus beau des
chanteurs canadiens ?
On peut honnêtement le
penser. Bien que je n'ai pas
trop à forcer en fait.
Comment
ça ?
Vous avez vu la gueules des
autres ?
Euh,
non.
Et je ne vous parle pas des
décédés.
Paix à leur âme.
Roch,
un dicton populaire affirme
qu'il faut souffrir pour être
beau. C'est votre cas ?
Pas du tout. La beauté
est naturelle chez moi. D'autres
sont doués pour chanter
ou pour écrire de jolies
chansons. Moi je suis beau.
C'est
un sacré avantage.
En effet. D'ailleurs, à
ce propos faut savoir qu'on
m'a proposé récemment
d'interpréter le rôle
d'Alain Delon, jeune bien sûr,
dans un film sur sa vie nommé
"Il y a soixante ans, j'étais
beau."
Et
alors ?
J'avais bien le physique de
l'emploi mais quand j'ai joué
les premières scènes,
au niveau de l'accent, c'était
pas vraiment ça.
C'est
vrai que vous n'avez pas forcément
le même.
Je vous le fais pas dire. Du
coup j'étais pas totalement
crédible. Alors, j'ai
préféré
renoncer même si on m'a
affirmé que Delon, s'il
avait eu mon physique, aurait
fait sûrement une autre
carrière que la sienne.
Roch,
être canadien, ne serait-ce
pas, en fin de compte, un léger
handicap, quelque part ?
Où ça ?
En
France.
C'est vrai que si on se contente
de me regarder, c'est parfait.
Roch Voisine c'est bigrement
visuel. Mais, dès que
je lance quelques mots à
la volée, avec cet accent,
c'est moins évident même
si je fais des efforts.
En
tout cas, ça sent bon
le terroir. Vous ne seriez pas
par hasard originaire du Berry
?
Non, je suis plutôt du
Québec.
Roch,
depuis "Hélène",
vous avez fait d'autres trucs
?
Oui bien sûr. Je ne me
suis pas contenté de
vivre sur mes acquis. Hélène,
l'amour sur la plage désertée,
nos corps brûlés
enlacés, comment t'aimer
si tu t'en vas dans ton pays
loin là-bas, oua oua
oua da ba da...
C'est
beau comme du Roch Voisine.
Pourquoi tu pars si loin de
moi, là où le
vent te porte loin de mon cœur
qui bat, mon sourire éclatant,
mes yeux de velours, mon visage
fin et très symétrique
à faire passer Brad Pitt
pour Gilles Vigneault.
Vous
allez retourner en France, Roch
?
Oui et je compte même
y prendre quelques risques.
Ah
oui ? Lesquels ?
J'ai décidé de
passer sous peu à la
Star Academy quitte à
mécontenter une partie
de mon public plus, disons,
intellectuel.
Ah
bon ?
Bien sûr. Faut savoir
que mes chansons possèdent
des textes qui n'ont rien à
envier à ceux, par exemple,
des meilleures productions franco-canadiennes
comme celles de Francis Cabrel.
Il
est canadien ?
Non, mais il a aussi un accent
à la con.
Vos
chansons plaisent à des
intellos ?
Oui. Et je peux même vous
dire qu'elles ont fait l'objet
d'études poussées
récemment dans une université
du Zlorgékistan occidental.
Une thèse a même
été présentée
sour le titre : "Roch Voisine,
un chanteur qu'il n'est pas
forcément que beau."
Ca
doit être passionnant.
En effet. Je l'ai lue. C'était
pas mal même si j'y ai
rien compris.
Votre
beauté, durant ce que
dure la rose qui ce matin avoit
desclose sa robe de pourpre
au Soleil, ne risque-t-elle
pas de perdre sa vesprée,
les plis de sa robe pourprée
et son teint au vostre pareil
?
C'est du vieux québécois
?
N'avez-vous
pas peur d'être moins
beau avec l'âge, Roch
?
Pour l'instant, les icebergs
ne descendent pas encore le
Saint-Laurent.
Vous
êtes encore jeune ?
Oui, bien sûr. Faut savoir
que j'ai à peine plus
de quarante ans.
Vous
ne les faites pas.
C'est la magie Roch Voisine.
Mais,
Roch, un jour, avec le temps,
vous allez devenir vieux, non
?
C'est vrai, j'y ai pensé.
Car comme disait fort justement
Félix Leclerc : "Avec
le temps, va, tout s'en va."
C'est
pas Ferré qui a chanté
ça ?
Vous croyez ? J'ai dû
confondre. A cause de la coupe
de cheveux sans doute.
Sans
doute.
Mais je me console en me disant
qu'une fois ma beauté
passée, il restera mon
oeuvre.
Oui,
heureusement... Roch, nous sommes
là, entre nous, que pensez-vous
de ces paroles de Brel qui chantait
: "Etre une heure, rien
qu'une heure durant, beau, beau,
beau et con à la fois"
?
Pas grand chose. Vu son physique,
je le trouve pas vraiment crédible.
En plus il était même
pas canadien.
Quels
sont vous projets en musique,
Roch ?
Là, je vous arrête.
Je ne fais pas de musique rock.
Je vais continuer d'être
le plus beau des chanteurs canadiens
et aussi changer un peu de registre.
Ah
bon ?
Il y a un projet qui me tente.
Je vais peut-être tourner
"La belle et la bête".
Un remake de l'oeuvre de Jean
Cocteau.
Dans
le rôle de... euh... la
belle ?
Pas du tout ! Plutôt dans
celui créé à
l'époque par Jean Marais.
Celui de la bête... enfin
du beau.
Vous
prenez des risques, là,
Roch.
C'est ça être un
artiste. Il ne suffit pas d'être
une gravure de mode. Il faut
aussi savoir oser. Et casser
un peu son image.
Et
au niveau de la voix ?
Je me ferai doubler par Alain
Delon.
Merci,
Roch, d'avoir illuminer cette
modeste interview de votre resplendissante
splendeur.
J'allais le dire.
Alors,
j'ai quitté le magnifique
Roch qui brillait encore de
mille éclats dans la
lumière vespérale
d'un jour qui regrettait déjà
de ne plus inonder d'une clarté
chaude et amicale son fin et
délicat visage. Plus
loin, à l'orée
d'une forêt de bouleaux,
l'orchestre philarmonique de
Montréal et ses trois
cents choristes accompagnaient
ces instants magiques d'une
symphonie sublime. On n'entendait
plus le caribou. Des bûcherons
ahanaient dans une proche forêt.
Un vent frais venant du pôle
soufflait dans les érables.
Relevant le col de ma canadienne,
je suis monté dans le
taxi qui devait me ramener à
l'aéroport pensant alors
que si l'hiver serait sûrement
long et rude, le beau Roch n'allait
pas tarder à réchauffer
de ses jolies ritournelles ses
fans canadiens qui commençaient
sérieusement à
se les cailler.
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l'image
du jour
Les
moments les plus angoissants
de la longue et merveilleuse
carrière de Roch Voisine
!
Le
voici essayant de retrouver
sa bagnole dans une rue de Québec.
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