ACCUEiL

DiSQUES

CHRONiQUES MUSiCALES

AUtRES

Phil Collins
L'interview

Ne reculant devant aucun sacrifice, j'ai rencontré le beau et sémillant Phil Collins dans les arènes de Nîmes où il donnait hier soir un concert pour sa première tournée d'adieu. Après le show il a eu la gentillesse de répondre à mes questions.


Phil, c'est vrai, c'est fini ?

Oui, je me suis particulièrement investi dans plein de super projets : Genesis, la starac, Disney et même Phil Collins. Il est temps de dire stop.

Stop ?
Oui, stop !

Quel bilan dressez-vous de votre carrière artistique ?
Un bilan positif bien sûr. J'ai presque rattrapé Beckham au classement des plus riches personnalités des îles britanniques et je vends plus de disques que Peter Gabriel.

Justement à propos de Gabriel, que pensez-vous de son parcours ?
J'avoue que je l'ai trouvé un peu faible dès le troisième trou.

Pardon ?
Ouais. Le week-end dernier nous avons fait un petit golf tout en discutant de choses et d'autres. C'était assez sympa. Après on est allé se boire une bonne bière en écoutant un vieil album de Genesis. J'avoue qu'on s'est bien marré !

Je voulais dire : lui en tant qu'artiste ?
J'aime beaucoup sa coupe de cheveux. Mais je trouve qu'il a un peu forci en vieillissant et c'est bien regrettable.

Comment ça ?
Quand on fait un album qu'on appelle "Up" on fait un petit effort.

Et la reformation de Genesis ?
Faudrait d'abord que Peter Gabriel prenne des cours de batterie.

Et Brand X ?
Qui ça ?

Et The Musical Box ?
C'est une honte ce truc là.

Ah Bon ?
Ouais. Soi-disant, ça se voulait un clone de Genesis. Eh bien c'est raté !

Comment ça ?
Vous avez vu la gueule du chanteur ?

Euh... non ?
Eh bien il ressemble à rien... En tout cas pas à moi !

On vous reproche de vous être laissé aller à une certaine facilité durant votre longue carrière solo. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ?
Rien. J'ai toujours fait du Phil Collins, un point c'est tout.

C'est quoi "du Phil Collins" ?
Difficile à analyser vu l'extrême complexité de la chose.

Un petit effort je vous prie.
Bon, je vais essayer. Du Phil Collins, c'est une œuvre très forte, avec un souci constant d'authenticité, une remise en question permanente aussi.

Ah bon ?
Oui et avec en bonus ce je ne sais quoi qui fait la différence.

Qu'est-ce donc ?
Une rondeur bonhomme et une calvitie conviviale.

Phil, on vous a connu comme acteur et même faisant jadis du prog. N'avez pas envie, là, tout de suite, de vous lancer dans la chanson ?
A tout vous dire, il m'arrive parfois de faire de la variété. J'ai fait autrefois un truc appelé : "I wish it would rain down". Une chanson écologique avant l'heure qui a fait un grand succès au Sahel. Depuis il y pleut six mois par an.

Certains ont cru voir une compromission dans votre apparition à la star academy.
Ah bon ? Moi j'y ai vu personne.

J'ai appris récemment que vous figurez, Phil, dans le dictionnaire de la musique entre Maurice Chevalier et les Communards.
Toute modestie mise à part, ça me paraît logique et mérité. Vous savez combien de chansons de moi ont été interprétées dans la starac ?

Heu...
Je sais plus le nombre exact, mais de toute façon c'est énorme !

Phil, parlez-nous de votre dernier album.
J'aime bien la pochette. En plus, on a intelligemment coupé le haut de mon front et j'y porte mon tee-shirt fétiche.

Ne peut-on pas y voir là comme le signe tangible du fait indéniable que votre art est à son apogée et n'a nul besoin de se parer de vains artifices ?
Euh...

Phil, j'ai appris que vous aviez des problèmes auditifs comme Beethoven, ce grand artiste.
C'est vrai. La différence c'est que lui était sourd et pas si grand que ça !

Ah bon ?
Il a pas composé grand chose ce mec.

Comment ça ?
A part les quatre saisons, et encore quatre c'est peu.

Je me suis laissé dire que vous aviez chanté pour un dessin animé appelé "Tarzan". Qu'en est-il exactement ?
C'est totalement vrai. Et puis, j'ai toujours aimé le personnage.

Ah bon ?
Il est hyper intéressant ce type. Il va de liane et liane tout en étranglant un lion. Il discute philosophie avec une super nana et drague un chimpanzé nommée Jane tout en parlant comme coach Vahid.

Vous êtes sûr ?
Ouais... mais, tout compte fait, c'est peut-être bien le contraire.

Je me disais aussi.
J'ai vu plus de cent fois la version avec Johnny Weissmachin. Je me souviens même que dans la propriété familiale, quand j'étais petit, je sautais de branche en branche en poussant son cri. Je vous montre ?

NOOOON !
Dommage.

C'est drôle, Phil, mais vu de près, vous paraissez gros !
Pas du tout, c'est justement parce que vous êtes près que je semble gros.

Ah bon ?
Parfaitement. Si vous m'aviez vu des dernières places en haut des arènes, vous auriez pensé le contraire.

Au fait, Phil, que vous inspirent ces grandioses arènes de Nîmes témoins vivants d'un empire romain à jamais révolu ?
J'ai pas peur de le dire : c'est une véritable honte de proposer des spectacles dans un endroit aussi peu entretenu. C'est quasiment en ruine ce stade. Pour ma prochaine tournée d'adieu, c'est sûr je rejouerai pas ici.

Jules César qui est peut-être entré ici a dit : "Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu". Qu'en pensez-vous ?
D'abord faut savoir si ce Jules a vraiment bourré la salle comme moi ce soir. Dans le cas contraire, je le trouve un peu prétentieux, ce mec. Moi qui ai chanté à guichets fermés, je peux dire sans me tromper que je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu.

Avé César !


Alors, j'ai pris congé de Phil, le cœur empli d'une ineffable jubilation. En quittant à regret cet endroit majestueux, je repensai aux mots magiques qu'il avait daigné m'adresser du haut de sa grande sagesse et de son mètre soixante quatre et demi. "Il est vraiment des lieux où souffle l'esprit" pensai-je, en mon for intérieur tout en remontant sur ma mobylette alors qu'au loin quelques fans encore sous le choc, chantaient, tout émerveillés, dans la nuit illuminée, un convivial "In the air tonight" qui brisait le silence de la ville assoupie.
_______________________________________

l'image du jour

Le plus grand crooner de guimauve prog brittone de ces cent dernières années est aussi le seul capable de faire un doigt d’honneur, torse nu et avec un tambourin dans le futal !

Et en plus il regarde en même temps sur le côté.