Muse
Black
Holes And Revelations (2006)
Muse
est un trio de musiciens où
le mauvais goût le dispute
à la prétention.
Ecoutez ici à cet égard
le significatif et mal nommé
"Starlight", sorte
de rencontre improbable entre
l'ordinaire de U2 et la niaiserie
de The Cure. C'est un truc jeté
vulgairement à mes fragiles
oreilles comme une fiente de
mouette sur un gazon fraîchement
taillé. Horreur !
"Take a bow" procède
du petit piano "musien"
en intro. Eh oui, c'est Muse.
Puis, ça gonfle. Ca enfle.
Ca boursoufle. Ca ballonne.
Ca bedonne. C'est près
d'exploser. Le chanteur est
déjà pratiquement
en transe tout en restant en
Angleterre. Il ne se retient
presque plus le bougre. Mais
comme on en est qu'aux hors-d'oeuvre,
il en garde quand même
un peu question souffle.
Et
que dire de "Supermassive
black hole" ? C'est comme
si feu l'enroué Prince
essayait de refaire le plus
mauvais du Queen des années
80. Oh, ciel, de qui se moque-t-on
?
Avec "Map of the problematique"
c'est Muse qui fleurte avec
Alphaville. (Ah, ces claviers
!) Comme une chute vertigineuse
dans le trou noir des années
80. On comprend mieux du coup
le titre de l'album... bien
que question "révélations",
ce ne soit pas vraiment ça.
Après
on passe à la ballade.
Il ne faut pas user trop vite
l'auditeur. Ca s'appelle "Soldier's
poem". Ca dure à
peine les deux minutes. Ca suffit
amplement. Un autre ballade
? Qu'à cela ne tienne
car voici "Invicible"
qui suit, joli comme du Radiohead
featuring U2. Et c'est peut-être
le meilleur titre de l'album
malgré un passage plus
rapide fait de n'importe quoi
avec une guitare ou des claviers...
ou une autre machine diabolique.
Je suggère même
qu'on en parle au prochain concile.
Plus loin - il faut bien aller
jusqu'au bout -, ça s'appelle
"Assassin", le bien
nommé. Du coup, Muse
retrouve tous ses tics passés.
Grosse rythmique, batterie un
peu assommante et chanteur qui
s'époumonne. Soit du
Muse de série garanti
sans colorant.
Dans le titre suivant... et
le suivant, Muse fait le même
chose que dans le précédent.
Sans la moindre variation. Il
a trouvé le truc, notre
sympathique trio. Muse rime-t-il
avec abuse ? En tout cas, Muse,
ça use. Et sans ruse.
Encore que dans "City of
delusion" il rajoute quelques
sons de violons façon
espagnolades. Et même
s'ils sont d'un goût assez
douteux, ils ont le mérite
d'innover.
Après, avec la ballade
énervée nommée
"Hoodoo" on se renvoie
un petit coup de Radiohead avec
passage à la Rachmaninov
au piano plus violons en prime.
Ca dégouline.
En
puis, l'album se termine - ça
arrive aussi -, par un titre
qui commence comme la musique
d'un western-spaghetti suivi
d'un truc très moche
difficile à décrire
et je ne sais même pas
avec quoi c'est fait.
Muse se veut sans doute lyrique,
symphonique, inventif et débridé.
Il est en fait emphatique, convenu,
prévisible et répétitif.
Et sa pseudo énergie
tombe vite. Mais avec d’autres
albums suivants de cet acabit,
Muse n'a eu rien à craindre.
Ce fut du succès assuré
pour longtemps.