Haruki
Murakami
La
Course Au Mouton Sauvage (1982)
Introduction
:
Elle m'a dit : "A ton avis,
qui est le Japonais le plus connu
en France ?"
J'ai répondu : "Miyazaki".
Je m'en suis ensuite enquis auprès
de mes collègues qui me
donnèrent beaucoup de Kurosawa,
un peu d'Hiro Hito jusqu'à
ce que M. me lance "Bah...
Haruki Murakami, évidemment".
Il s'en suivit ce dialogue :
moi : Qui ?
elle : Murakami. Tout le monde
le connaît.
moi : Je ne le connais pas.
elle : Sors un peu de ta Révolution
!
Inutile de vous préciser
que le "Sors un peu de ta
Révolution !" est
quasiment passé dans le
langage courant et lorsque quelqu'un
ne connaît pas quelque chose,
il est désormais de bon
ton de lui dire de sortir un peu
de sa Révolution.
Des auteurs japonais, j'en ai
lus cinq : Yasunari Kawabata,
Akira Yoshimura, Koji Suzuki,
Ryûnosuke Akutagawa et Eiji
Yoshikawa. Mishima est passé
à travers les mailles jusqu'à
aujourd'hui. Quant à Murakami,
j'ai filé jusqu'à
la bibliothèque Baudoyer
afin de le lire, lui le Japonais
le plus connu de l'univers, le
pourfendeur de la Révolution
française.
Le roman :
"La
course au mouton sauvage"
est - d'après une source
crédible - le roman le
plus connu de Murakami. Je ne
l'ai pas choisi pour cette raison
mais par hasard. Il s'agit d'un
publicitaire trentenaire fraîchement
divorcé qui coquette avec
une fille aux oreilles parfaites.
Lui se juge sans intérêt
et dit s'ennuyer. Elle lui répond
qu'il ne vit que la moitié
de lui-même. Jusque là,
le roman est intrigant. Mal écrit,
certes, mais intrigant. Quoi qu'il
en soit, le japonais ne semble
pas être une langue qui
autorise toutes les folies stylistiques.
Cependant, il faut avouer que
"La course au mouton sauvage"
est tout de même bigrement
mal écrit, notamment au
début.
Ensuite le héros part à
la recherche d'un mouton singulier
sur demande du sous-fifre d'un
leader d'extrême droite.
Le roman navigue entre le fantastique
et un loufoque malheureusement
ordinaire (les répliques
sont collégiennes... lycéennes
au mieux). Le récit est
sans cesse ponctué d'encarts
de plus ou moins bonne facture
durant lesquels Murakami s'interroge
sur telle ou telle chose. La plupart
du temps ses réflexions
n'ont pas de conclusion. Peut-être
n'y a-t-il pas vraiment réfléchi.
Toujours est-il qu'après
dix lignes ou trois pages (guère
davantage) il enchaîne généralement
sur autre chose sans jamais rebrousser
chemin.
A partir de la centième
page, j'ai donc attendu de voir
comment Murakami allait se sortir
de son histoire de mouton aux
pouvoirs surnaturels qui semblait
ne mener à rien. Eh bien
il s'en sort en un final brumeux
qui fait forcément se demander
au lecteur si tout le reste n'avait
pas un sens, genre "quête
de son moi profond".
Heureusement, il me reste en stock
"La mort de Danton"
de Georg Büchner, histoire
de sortir un peu de mon Murakami.
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