Cet
album est donc la bande originale
d'un film de Luchino Visconti
"Mort à Venise".
C'est l'histoire d'un homme
qui meurt à Venise. Que
c'est triste Venise le soir
sur la lagune. Adieu tous ces
cons de pigeons qui nous ont
fait escorte. Adieu Pont des
Soupirs. Adieu rêves perdus...
Venise,
c'est triste d'accord mais c'est
beau ! Bon, il y a bien des
tonnes de moustiques, mais on
n'est pas obligé d'y
aller en plein été
où, en plus de se prendre
des fientes de pigeons sur la
gueule, on se fait écraser
les arpions
par des troupeaux de sexagénaires
excités sous les "gondola
! gondola !" d'autochtones
prolétaires qui sont
loin de se gondoler alors que
dans Venise la rouge pas un
bateau qui bouge, pas un pêcheur
dans l'eau, pas un falot. Ah,
le palais des Doges ! Ah, le
pont des soupirs ! Mais il ne
faut pas regarder dessous car
l'eau n'est pas très
claire et les rats pullulent.
Sauver Venise c'est bien mais
il serait temps qu'on fasse
quelque chose pour ces pauvres
bêtes....
Donc, l'autre jour je m'installe
confortablement pour écouter
ces 5 pièces. Sans enfiler
le costard. Juste dans mon jean
délavé. Ecouter
le classique, ce n'est pas comme
mettre en fond sonore un vulgaire
album de metal tout en surfant
sur le net. Il faut se concentrer
et être tout à
l'oeuvre afin de bien s'en pénétrer.
De préférence
se tenir le menton avec un air
inspiré tout en regardant
fixement la tapisserie du mur
d'en face en disant : "Putain
que c'est beau !" (La musique,
pas la tapisserie.)
Je mets donc la première
pièce soit l'adagietto
de la 5° symphonie de Mahler.
Bon, tout le monde, même
ceux qui ne se shootent pas
au classique, connaît
cette oeuvre comme on connaît
cette pièce pour piano
nommée "Pour Elise"
de Beethoven jouée ici
dans cet album ou bien l'adagio
qui, paraît-il, n'est
pas d'Albinoni ou encore le
Boléro qui est bien de
Ravel. Bref, je subodore que
Visconti, par manque de moyens,
n'a pas pu se payer un John
Williams pour faire la b.o.
de son film et que le nombre
de violons mahler... pardon...
m'a l'air mal dosé. En
effet ce thème est parfois
un peu chargé comme si
l'auteur avait voulu accentuer
les effets, rendre sa musique
plus romantique. Une chose est
sûre : quand il compose
ce thème Mahler invente
la musique de film trente ans
avant la création du
cinéma parlant. C'est
ça le génie. Ces
remarques cinématographiques
mises à part, ce thème
est assez beau dans l'ensemble
possédant une certaine
émotion comme l'autre
pièce, plus moderne dans
son approche, de ce même
Mahler nommée "4°
mouvement de la 3° symphonie",
thème chanté ici
de façon assez émouvante
par la contralto Lucretia West
accompagnée par l'orchestre
de l'Académie de Sainte-Cécile
(?) dirigée par Franco
Mannino. Il y a aussi une très
belle berceuse de Moussorgsky
chantée par la soprano
Marcia Predit et un air folkorique
avec lequel j'ai du mal et nommé
"Canti muovi".
Au final, cet album est de qualité
même s'il se présente
sous la forme d'une sorte de
compil. En tout cas c'est une
approche plutôt intéressante
de la musique dite "classique".
Mais que c'est triste Venise
le soir sur la lagune quand
on cherche une main que l'on
ne vous tend pas... Après
ça qu'on ne s'étonne
plus que tant de gens tombent
dans cette eau dégueulasse.
_____________________________________________________________________________
un
autre grand moment
de la vie culturelle
_____________________________________________________________________________
Sheila
et Ringo ne jouèrent
pas dans "Mort
à Venise",
certes, mais en chantèrent
les gondoles !
Laisse les gondoles
à Venise
On n'ouvre pas les
valises
On reste dans notre
patelin
Mets-nous un disque
de Joe Dassin...
|