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On n'est plus tout à fait un
quand on est deux

Henry De Montherlant
Pitié pour les femmes (1936)


Introduction :

Il n'existe qu'un seul auteur que je lis systématiquement tous les ans depuis que je l'ai découvert. Cet auteur est Victor Hugo. Vous ne l'attendiez pas, celle là, hein ? Parce que Montherlant, je ne l'ai pas lu en 2022. Par contre je l'ai lu en 2023, avec "Pitié pour les femmes".

"Pitié pour les femmes" est le deuxième roman de la série des "Jeunes filles". Cette série est à cheval entre deux de mes phases de lecture puisqu'elle a débuté en fin de période faste et s'est continué durant la phase "post-Britannicus" selon le terme consacré. Cette célèbre et fameuse phase post-Britannicus - outre le fait de concerner les livres que j'ai lus à partir du "Britannicus" de Racine - correspond à la période des critiques industrielles, en dix lignes, à une allure folle, sans jamais s'arrêter, tous les jours que Dieu fait (sauf les week-ends car Dieu se repose).

Le roman :

Si j'aime le théâtre de Montherlant, j'avoue ne pas trop aimer ses romans. Je ne garde qu'un souvenir extrêmement contrasté des "Célibataires" et j'ai préféré relire les "Jeunes filles" en commençant par le deuxième bouquin. L'épistolaire m'agace un peu. Dans "Pitié pour les femmes", Costals est maqué avec Solange (avec laquelle il joue un peu) mais reçoit toujours des sollicitations d'Andrée (avec laquelle il joue beaucoup). Costals est insidieux, cynique et d'une franchise telle qu'il en est forcément méchant (et drôle, aussi, tout de même). Il jette donc sa philosophie globalement misogyne et des observations railleuses d'un réalisme certain (et parfois vérifiées) incluse la "réaction 227 bis". Evidemment, c'est cru, direct, épuré au maximum, et Montherlant ne s'embarrasse pas de la moindre description. Descriptions que tout le monde saute, comme chacun sait.

Quant au fond du propos, eh bien je me demande si on ne pourrait pas appliquer, ici aussi, le fameux et célèbre principe de l'autodestruction ou "théorie du suicide" qui va si bien à "La reine morte" et à "Fils de personne". Adapté à "Pitié pour les femmes", ça donnerait quelque chose comme ça : Solange (au Andrée ou Dieu seul sait le prénom des autres) représenterait la faiblesse de Pierrot Costals. Il aime Solange, est prêt à l'épouser, mais la détruit, parce qu'elle est une facette de lui-même qu'il ne peut tolérer. Pierrot est un type intransigeant dont les principes et les valeurs de grandeur et de noblesse sont mis à mal par Solange, sa mère sans intérêt et son père mourant qui lui tient des discours qu'il trouve plutôt ridicules (ce qu'il lui dit d'ailleurs). Costals y voit la perte de sa liberté, certes, mais aussi de sa spontanéité, voire de son efficacité. Réfléchir est mal, il le dit, l'insouciance est belle. Il tue donc consciemment ce qui - en lui - le fragiliserait, ce qu'il juge faible et inutile, symbolisé par cette femme de laquelle il ne peut être dépendant. Costals n'est pas du tout du genre à être sublimé par l'amour, qui est même un peu grotesque à ses yeux. Forcément le couple - et à plus forte raison le mariage - débiliserait Costals dont la puissance ne se manifeste que seul car "c'est une grande loi qu'on n'est plus tout à fait un quand on est deux". Voilà, je vous laisse vous y pencher, moi je vais prendre une aspirine.

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un autre grand moment
de littérature
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Les plus extraordinaires instants de la longue
et merveilleuse histoire de la philosophie !

- Je vais te dire un truc que j’ai jamais dit à personne, Simone.
- Ah, ouais ? C’est quoi, Jean-Paul ?
- L’existence précède l’essence !
- Pas possible !