Ne
reculant devant aucun sacrifice,
j'ai rencontré le beau et
sémillant Mike Portnoy, l'ahurissant
batteur du groupe Dream Theater
grand inventeur du metal-prog à
propulsion thermo nucléaire.
Ca c'est passé pas plus tard
qu'hier dans sa coquette propriété
perdue au milieu d'une charmante
campagne américaine. Après
avoir tourné en rond une
heure durant, je suis enfin arrivé
à son village. J'ai demandé
alors à un vieil homme s'il
savait où se trouvait la
demeure de Mike Portnoy. Il m'a
dit que c'était facile et
qu'à la sortie du village
à partir d'une maison où
j'entendrai un boucan semblable
à celui d'un troupeau d'éléphants
qu'on égorge, je serai arrivé.
Mike,
il y a un centre d'essai en vol
pas loin de chez vous ?
Pas du tout. C'est ma dernière
invention.
Quoi donc ?
Le cyclodrum.
Vous
dites ?
C'est une nouvelle batterie que
j'ai mis au point récemment.
Ah
bon ?
Oui. J'y ai adapté un vélo.
A
quoi ça sert ?
C'est un moyen de taper plus vite
et plus fort.
Comment ça ?
Eh bien, c'est simple. Quand je
pédale de plus en plus rapidement,
ça cogne encore plus contre
la grosse caisse. Et ça fait
un bruit pas possible.
Comment
vous est venue cette belle invention
?
Tout simplement en regardant le
Tour de France à la télé.
Ah
bon ?
Oui. Je me suis dit en voyant tous
ces mecs pédaler comme des
fous : "Putain, toute cette
énergie gaspillée
juste pour monter ces conneries
de montagne. Faudrait l'utiliser
pour ma musique !" Ainsi
est né le cyclodrum.
Je suppose qu'il faut être
au top de sa forme pour jouer de
cet instrument.
Vous supposez bien. D'ailleurs
c'est pour ça que récemment
j'ai contacté Armstrong pour
aller m'entraîner avec lui
cet hiver.
Mike, avez-vous inventé
d'autres batteries ?
Bien sûr, je fais que
ça.
Ah bon ?
Parfaitement. J'ai déjà
inventé la batterie supersonique.
Qu'est-ce donc ? Dites-nous
tout Mike.
J'ai un pote qui travaille
à la NASA. Il m'a aidé
à mettre un réacteur
dans la grosse caisse.
Et alors ?
On a fait un essai dans le champ
derrière la maison.
Qu'est-ce
que ça a donné ?
La batterie a réussi à
décoller. Bon, c'était
pas le but mais c'était super
vu que ça a fait un boucan
pas possible. Malheureusement elle
a fini par se crasher sur le toit
du voisin et ça a foutu le
feu à sa baraque. Alors on
a laissé tomber le projet.
Quoi
d'autre ?
La batterie marteau-piqueur. Et
j'en suis pas peu fier.
En
quoi ça consiste ?
Dans les toms, j'ai installé
un piston à frappe directe
avec une pression de 10 bars et
une consommation d'air de 700 litres
par minute. Le piqueur avait une
putain de cadence de frappe. Je
vous raconte pas.
Vous me racontez pas ?
Au contraire, je vous raconte. Donc,
c'était assez génial
mais malheureusement le compresseur
à moteur Diesel sur remorque
tractable était un peu encombrant
et les autres musiciens du groupe
en ont pas voulu. Ils ont dit :
"Merde, tu fais chier Mike
avec tes inventions à la
con !"
Ils
sont dit ça ?
Oui. Mais c'est vrai que quelque
part ils avaient pas tort.
Ah bon ?
On a déjà quatre camions
de 60 tonnes chacun pour porter
le matos alors j'ai abandonné
le projet mais c'était super
génial. Quand j'aurai déposé
le brevet, je vais peut-être
essayer de vendre la batterie marteau-piqueur
à un groupe de black metal.
Mike, comment vous
est venue cette furieuse passion
de la batterie ?
Un soir j'étais au ciné.
J'ai vu le film Le tambour.
Ce fut une révélation.
Comment ça ?
Je me suis dit : "Pourquoi
je réussirai pas, moi aussi,
à péter les vitres
comme le héros du film ?"
En plus sans crier et uniquement
avec mon tambour.
Et
alors ?
Alors je m'y suis mis. Bon, pour
l'instant j'ai encore rien brisé
à part les coucougnettes
d'un peu tout le monde mais pour
les vitres ça ne saurait
tarder.
Que vous inspire, Mike,
cette phrase de Victor Hugo : "La
musique est un bruit qui pense."
Une chose est sûre, ce
gars est sûrement sourd.
Comment ça ?
Il a jamais dû écouter
Dream Theater.
Justement à propos
de Dream Theater, parle-nous un
peu de ce groupe dont vous êtes
en quelque sorte le fer de lance.
Au contraire. Je dirai plutôt
que j'en suis le drummer.
Vous
drummez ?
Oui, je drumme.
Comment
va le groupe ?
Pas forcément bien.
Comment ça ?
Faut savoir que chacun veut
faire plus de bruit que l'autre.
Et alors ?
On se s'entend plus. J'ai beau
taper comme un dératé
sur mes fûts...
Vos
fûts ?
Oui. Mes fûts. Eh bien,
rien à faire ! C'est à
peine si on distingue la finesse
et la délicatesse de mon
jeu tout en nuance. Aussi je me
suis lancé dans plein de
side projects.
Lesquels ?
Osi.
Hein ?
C'est de l'inuit. Ca veut dire "vent
froid sur la banquise glacée".
Avez-vous
participé à autre
chose ?
Oui à Transatlantic.
Ca veut dire quoi ?
Rien.
Avez-vous
d'autres idées de side projects
?
Non. Dorénavant à
partir de désormais, je vais
faire des side projects, euh...
seul.
Comment ça ?
J'ai le projet d'une tournée
en solo que j'appellerai Mike and
The Mechanics.
Super
le titre !
Oui. J'avoue que là j'ai
été assez inspiré
!
Et en quoi ça consistera
?
Comme son nom l'indique, je jouerai
accompagné de toutes mes
batteries plus quelques mécaniciens
qui éventuellement feront
rapidement les réparations
qui s'imposeront. Faut savoir que
c'est hyper fragile tout ce matos
d'autant plus que je suis tout en
muscles et je sens même pas
ma force !
Vous
ne serez pas seul alors ?
Non. Mais, c'est vrai que pour faire
le maximum, je me ferai aussi installer
une caisse claire à hauteur
de la tête.
Ah bon ? Pourquoi ?
Pour pouvoir taper avec mon front
! Ca fera un son de plus.
Vous avez pas peur de vous
faire mal ?
Pas du tout. J'ai un pote qui
fait du ta et con do. Il m'a prêté
un casque. Mais bon, ça aura
aussi un inconvénient.
Lequel ?
Il me deviendra impossible de jouer
avec les oreilles.
Ca c'est sûr.
En plus ce sera un vrai concert
rien qu'avec des batteries. Et là
au moins mes fans m'entendront.
Mike,
quel est votre batteur préféré
?
Aucun.
Comment ça ?
J'ai horreur du base-ball.
J'ai dû mal m'exprimer
Mike. Je voulais dire drummer.
Ah, un drummer !
Oui.
Je répondrais à
votre question que je suis moi-même
mon drummer préféré
si j'avais pas peur qu'on me trouve
un peu fat.
Fat
?
Oui, fat.
Moi,
je ne vous trouve pas fat derrière
vos fûts.
Merci, c'est sympa.
Quels
sont vos projets, là, dans
cinq minutes dans votre atelier
?
Je vais essayer d'inventer la batterie
de cuisine.
Mais c'est déjà
inventé ça !
Vous croyez ?
J'en suis sûr.
Ah dommage !
Puis j'ai laissé Mike à
ses recherches. Comme je quittai
sa belle demeure alors que j'ôtais
mes boules quies, j'entendis un
bruit épouvantable. Jamais,
au cours de ma longue vie de rock-critic
pugnace et prêt à barouder
comme un beau diable aux quatre
coins de ce putain de monde, je
n'avais entendu un bruit aussi horrible
que celui que produisit alors le
cyclodrum de Mike Portnoy. Si, peut-être
une fois à un concert d'Agoraphobic
Nosebleed mais ce n'est pas pareil.
Le metal extreme c'est de la musique
!
Le
cyclodrum : la belle invention de
Mike Portnoy !
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