Mick
Jagger
L'interview
Ne
reculant devant aucun sacrifice,
j'ai rencontré le beau
et sémillant Mick Jagger
au bord de l'immense piscine
de sa luxueuse villa française
surplombant une Méditerranée
toujours recommencée.
Cette demeure princière
était entourée
de pins parasols centenaires
paressant sous la brise et bercés
du chant mélodieux des
cigales. Mick me reçut,
Adonis sans âge, les lèvres
frétillant sous les embruns,
caressant négligemment
son beau visage de sexagénaire
relifté. Quelques femmes
lascives doraient leur corps
nu au chaud soleil de la fin
de ce chaleureux printemps.
Un lévrier afghan somnolait
sur le marbre froid du bord
de la piscine. Devant nous en
contrebas, s'étalait
nonchalamment cette Côte
d'Azur que le monde entier nous
envie et où quelques
retraités fortunés
viennent finir leurs vieux jours
sans oublier, le dimanche matin
après le marché
aux légumes, de voter
front national. Les cons !
Alors,
Mick, comme ça vous avez
été anobli ?
Oui. En même temps que
Wilkinson.
Celui
des lames de rasoir ?
Non. Le rugbyman.
Ca
fait quoi d'être anobli
?
Ca fait super plaisir même
si je m'y attendais un peu.
Ah
bon ?
Oui. Mais je commençais
à m'impatienter aussi.
J'espérais être
anobli avant cet enfoiré
d'Elton John. Bon, d'accord,
j'ai pas chanté aux funérailles
de Lady Di…
C'est
sans doute ça qui a fait
la différence.
C'est sûr. En tout cas,
l'important c'est que je sois
anobli. Et en plus, savoir qu'on
va être au même
niveau qu'un super mec comme
McCartney, c'est pas rien !
Comment
ça s'est passé
cette cérémonie
?
Ben, y'avait la reine.
Oui.
Et alors ?
Elle était hyper simple.
Elle m'a dit qu'elle aimait
bien "Let it be"…
C'est
pas de vous, ça ?
Non. Mais ça fait rien.
Vu l'âge avancé
de la vioque, on lui pardonne.
Malgré tout, elle était
très cool et ce qui ne
gâte rien, elle avait
pas de grandes oreilles !
Vous
pensez quoi de la réaction
de Keith Richards qui a dit
après la cérémonie
que vous n'étiez pas
à une connerie près
?
Oh, pas grand chose. Je connais
bien Keith. Sous ses airs de
faux rebelle, ses chicots et
sa coupe de cheveux à
la con, c'est un vrai conservateur.
A côté de lui,
Blair c'est le nouveau Guevara.
Je vais même vous avouer
un truc : quand on a sorti notre
premier 33 tours, il espérait
déjà être
plus tard anobli.
Pas
possible !
Si. Je vous assure. Donc, faut
prendre sa réaction comme
de la jalousie pure.
Et
les autres ?
Les autres, ils s'en foutent.
D'ailleurs, ils ont jamais vraiment
voulu être des Stones.
Les tournées, les studios,
tout ça les gonfle.
Pourquoi
ils ne quittent pas le groupe
?
Vous voyez les Stones avec d'autres
gus ? C'est impossible !
Ah
bon ?
Parfaitement. D'ailleurs, même
si les Stones c'est moi avant
tout et c'est pour ça
que j'ai été le
seul à être anobli,
y'a l'image et ça compte.
Comment
faites-vous pour avoir toujours
ce super moral ?
C'est simple. Récemment
j'ai découvert un bouquin
génial qui a changé
ma vie et ma vision des choses.
Ca s'appelle Comment bien
vieillir sans devenir sénile
de Jeanne Calment. Ca m'a beaucoup
aidé à franchir
le cap de la soixantaine.
L'été
2003 s'est bien passé
pour vous avec cette terrible
canicule ?
Pas de problèmes. Toutes
les dix minutes, je piquais
un plongeon dans ma piscine.
Mais c'était pas évident.
Fallait faire gaffe à
tous ces putains de courant
d'air. On attrape vite la crève
!
A
propos de piscine, d'aucuns
affirment que Brian Jones est
mort dans des conditions assez
mystérieuses. Qu'avez-vous
à dire à ce sujet
?
Pas grand chose. Brian était
un sportif accompli. La natation,
c'était son truc au Brian.
Le problème, c'est qu'il
savait pas nager.
Quels
sont vos projets pour les vingt
prochaines années avec
les Stones ?
Pour l'instant, on compte faire
une quinzième tournée
d'adieu… après,
on verra !
Une
dernière question pour
finir : vous étiez plutôt
Beatles ou Stones ?
Pour tout vous dire, j'ai toujours
été Beatles. Ecouter
nos albums m'emmerde au plus
haut point et j'adore Yellow
submarine !
Si
je comprends bien Mick, pour
conclure, on peut dire qu'en
fin de compte, tout vous a réussi
!
Absolument. On peut même
rajouter que j'ai enfin eu "satisfaction"
! Ha ! Ha !
Vous
êtes très drôle,
Mick.
Oui, je sais. Elisabeth n'arrêtait
pas de me le dire l'autre jour
à la cérémonie.
"Sir Mick vous êtes
impayable !" lança-elle
avant de s'assoupir sur son
fauteuil.
Elle
vous a appelé "Sir"
?
Normal. D'ailleurs tout le monde
devra s'y mettre maintenant.
Bon,
c'est pas tout ça mais
c'est avec regret que je vais
vous quitter.
Qui ça ? Un pote à
vous ?
Hein
?
Appelez-moi sir.
Alors comme je descendais le
grand escalier impassible de
sa luxueuse villa, je me sentis
attiré par les senteurs
enivrantes des roses. Plus haut,
Sir Mick après avoir
roulé une pelle à
une des créatures, entonna
alors un air convivial de son
groupe préféré
tout en caressant son lévrier
afghan et en sirotant un cocktail
de sa composition...
We
all live in a yellow submarine,
Yellow submarine, yellow submââââariiiiiiiiiiiiiiiiine...