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Michel Sardou
L'interview

Ne reculant devant aucun sacrifice j'ai rencontré le beau et sémillant Michel Sardou au Zénith de Toulouse dans sa loge juste avant le concert des Enfoirés. Vieux baroudeur s'il en est, il avait les cheveux grisonnants et le visage buriné de ceux qui ont beaucoup vécu. Une légère rondeur toute en force tranquille perçait sous son beau tricot blanc des Restos du cœur. Viril mais correct, il avait le visage serein de ceux qui vivent quelque chose de grand et beau.


Je peux vous appeler France ?

Ne m'appelez plus jamais France. Ca fait gonzesse et c'est con d'autant plus que je m'appelle Michel.

Michel, je constate avec une joie non feinte qu'avec les Restos du cœur, quelque part, vous vous engagez.
Oui. D'ailleurs, j'en parlais pas plus tard qu'hier avec Nicolas…

Hulot ?
Non. Sarkozy. Il m'a dit : "Foncez dans l'action Michel, la France a besoin d'hommes comme vous".

C'est beau ce que vous faites Michel !
C'est grand aussi.

Ca vous fait quoi de chanter avec tous ces petits jeunes ?
Moi pas grand chose. Eux, sans doute beaucoup. Faut quand même pas oublier que j'ai fait plein de chansons qui font partie de notre patrimoine quelque part entre celles de Bézu et Carlos. Ils doivent être hyper émus de se trouver devant quelqu'un qui a composé Les bals populaires.

Justement, d'aucuns vous dénigrent et affirment que vous êtes un chanteur démagogue et populiste. Qu'en pensez-vous ?
D'abord qui c'est ce docun ? Tout ce qu'il dit est faux. Il faut savoir qu'on s'intéresse à mon œuvre jusque dans les milieux de la culture.

Ah bon ?
Parfaitement. D'ailleurs récemment au collège Guy Lux de Neuilly, en classe de 6 °, le petit-neveu du concierge de ma résidence a fait un exposé sur ma chanson L'avenir c'est toujours demain. C'est pas une preuve ça ?

En effet… Sardou c'est votre vrai nom ?
Absolument. Et j'en suis fier. Je suis Français et tiens à le faire savoir. D'ailleurs j'ai fait faire ma généalogie et j'ai constaté que j'avais un ancêtre nommé Godevin Sardou qui était à Marignan, 1515.

Ah bon ?
Raison de plus pour ne pas prendre un pseudo ricain à la con. D'ailleurs c'est ce que je dis toujours à Johnny.

Hallyday ?
Oui.

Parlez-nous un peu de lui. C'est un grand ami à vous, non ?
Ouais. On fait plein de trucs supers ensemble. On joue aux boules à St-Trop'. On fait de la moto. Mais à propos de pseudo, je lui ai conseillé de prendre son vrai nom pour la scène.

Qu'est-ce qu'il en pense ?
Il me dit au contraire que c'est nul comme idée et que même je devrais changer le mien et prendre un truc amerloque à la place. Michael Sardow par exemple ça sonnerait super bien qu'il dit. Il a beau être un vrai pote, le Johnny, là, il dérape un peu.

En effet... Qu'est-ce que vous pensez de Coluche ?
C'est un bon acteur. Je l'ai bien aimé dans La grande vadrouille. C'est un de mes films préférés.

Ah bon ?
Oui. Et puis, ce qu'il fait pour les Restos du cœur, c'est fort. Mais on le voit jamais au concert. Il pourrait au moins, par respect pour moi, se déplacer.

Et le général De Gaulle ?
C'était un grand homme. Je me vois mal dans ses godasses. Vu sa taille, il devait faire du 50 au moins !

Vous êtes moins grand que le général ?
A peine. Tiens, à ce propos, l'autre jour j'étais à côté de Nicolas…

Euh… Sarkozy ?
Oui… Et bien, figurez-vous que même s'il a une idée de la grandeur de la France assez développée, il est moins grand que moi !

Pas possible !
Si. Alors qu'à la télé, on le voit plutôt très grand. Comme quoi le petit écran, ça trompe. D'ailleurs moi, certains croient que je suis un peu enveloppé alors qu'il n'en est rien.

En effet… Je trouve même que vous marquez super bien pour votre âge.
C'est vrai. Et je peux même dire que je plais encore beaucoup.

Ah bon ?
Parfaitement. Mais, il suffit pas d'être mince. Ce serait trop facile. Il faut autre chose.

Quoi donc ?
Dégager un fort potentiel de virilité. Ma grande force c'est la séduction. Faites chanter Etre une femme par quelqu'un d'autre que moi, ça passera pas.

Vous êtes sûr ?
Certain.

On a dit que les années 70 furent quelque part les années Clo-Clo. A quand les années Sardou ?
C'est simple. Là, tout de suite ! Et même depuis le 1° janvier 2000. Je sens un grand élan actuellement vers mon œuvre.

Ah bon ?
Absolument. D'ailleurs j'ai croisé plein de gens tout heureux dans la rue tout à l'heure. Ils croyaient que Les enfoirés dans l'espace, c'était un de mes nouveaux concerts. Je viens même de composer pour mon prochain album Femmes des années 2000. Je pense que ça va super bien marcher quelque part dans les années, euh... 2000.

Quels sont vos projets, là, dans l'immédiat, après le concert ?
Je vais perdre vingt minutes à signer plein d'autographes aux jeunes qui chantent avec moi. Ils attendent que ça depuis longtemps ! Après, j'irai me bouffer un bon cassoulet dans un resto toulousain qui sent bon le terroir. Et tant pis si ça me fait péter !

Vive la France !
Pareil... Bon, je vous laisse car je me dois à mon public qui m'attend avec impatience.


Alors, Michel Sardou est monté sur scène heureux et fier d'affronter à nouveau ce public impitoyable. Puis, plein de cette forte identité hexagonale qui l'habite depuis plus de trente ans et continue de bouleverser le monde entier, il daigna en grand seigneur se joindre aux autres chanteurs. Et je suis parti ému rejoindre la salle comme si je venais de me trouver, dans un rêve, nez à nez avec Vercingétorix, Du Guesclin ou Victor Hugo !