Guy De Maupassant
Fort
Comme La Mort (1889)
Voilà
des mois que j'hésite à
lire un Maupassant, sachant très
bien que je ne pourrai pas écrire
une critique meilleure que celle
de "Boule
de suif".
Je me vois donc obligé
de faire dans la sobriété
de peur qu'on ne m'accuse de me
plagier moi-même. "Fort
comme la mort" est un roman
dont l'intérêt se
situe dans ses idées plus
qu'en lui-même. J'entends
par là que Maupassant m'a
parlé mais que je me suis
ennuyé entre la page 44
et la page 231 (sur 251). Ici,
le peintre Olivier Bertin est
amoureux d'Any de Guilleroy, une
femme mariée. Cette femme
a une fille, Annette, qui lui
ressemble beaucoup. Lorsque la
fille devient femme, Olivier Bertin
est amoureux d'elle. Rien de plus.
Ce roman parle de la vieillesse.
Et vieillir, c'est mal. Any en
vieillissant ne plaît plus
à Olivier et Olivier vieux
ne peut pas plaire à Annette.
Donc tout le monde est malheureux
et ces deux amours impossibles
sont plus forts que la mort !
Outre ceci qui me semble assez
évident, il y a également
cela, qui relève de mon
interprétation personnelle.
J'ai trouvé dans "Fort
comme la mort" l'idée
suivante : l'amour n'existe qu'au
moment où il naît.
Bertin aime Any de Guilleroy telle
qu'elle est lorsqu'il l'aime pour
la première fois. Et s'il
continue à l'aimer (et
Bertin l'aime), son amour n'est
en vérité que le
souvenir d'un amour perdu, celui
qu'il avait au commencement. Parce
que le coeur ne vieillit pas (et
Maupassant le dit), Bertin n'aime
que la Any initiale. Seulement,
il ne peut aimer personne d'autre
puisque le véritable amour
EST Any. Ainsi, lorsque la fille,
Annette, identique à la
mère, a dix-huit ans, Olivier
Bertin est obligé de l'aimer.
Il ne le veut pas, mais il est
obligé parce qu'elle est
l'incarnation du véritable
amour. Donc, ainsi donc, nonobstant
a fortiori et a contrario, Maupassant
sous entend que l'homme est OBLIGÉ
d'aimer certaines femmes, parce
qu'elles représentent quelque
chose ET il sous-entend que le
véritable amour (romantiquement
parlant) n'existe pas ou n'est
que le sentiment d'un instant
et ne vit ensuite que de sa propre
nostalgie.
Maupassant a-t-il vraiment écrit
ceci ou bien ai-je trouvé
dans son roman exactement ce que
je voulais y trouver ? Je ne veux
pas le savoir ! Toujours est-il
qu'à côté
de ça, Maupassant fait
une critique de la haute bourgeoisie
(voire de la petite noblesse)
relativement barbante et que j'ai
eu du mal à en voir le
bout. Il reste cependant un début
étonnement bien écrit
(Maupassant est assez sobre habituellement),
un bon final et des promenades
au parc Monceau qui me donnent
toujours envie d'y retourner.
De toute façon, Maupassant
et le parc Monceau, c'est inévitable.
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LA
CRitiQUE D'UN AUtRE
BOUQUiN
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Les
Pensées
Pierre
Dac
...
et réciproquement...
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