Ne
reculant devant aucun sacrifice,
j'ai rencontré le beau
et sémillant Marilyn
Manson l'autre jour dans les
studios de M6 où il venait
promouvoir son dernier single
"Personnal Jésus"
lors de "Hit-machine",
l'une des plus pertinentes émissions
de la musique d'aujourd'hui.
Il a accepté de répondre,
rapidement et dans sa langue
natale, à mes questions.
Pour plus de commodités,
je vous propose la version française
de notre entrevue.
Marilyn, ça va
?
Appelez-moi Brian !
Comment ça ?
Parce que c'est mon prénom,
pardi !
Ah bon ? Vous ne vous appelez
pas Marilyn ?
Absolument pas ! Pourquoi pas
Josette ou Alice pendant que
vous y êtes ?
Justement à propos
d'Alice, n'y a-t-il pas un parallèle
entre vous et Alice Cooper ?
Pas du tout. C'est trop nul
son pseudo à ce mec !
Personne connaît la moindre
Alice. Et Cooper c'est qui ?
Gary Cooper ? Ce légume
qui jouait sans se décoiffer
dans des westerns à la
con durant les années
50 ?
Euh...
En plus ce Alice Cooper, il
se maquillait super mal et il
faisait souffrir un pauvre boa
qui lui avait rien fait. C'est
inadmissible.
Oui, mais je me suis
laissé dire que tantôt
vous avez sacrifié un
poulet à Satan en plein
concert.
C'est vrai et c'est
à juste raison.
Ah bon ? Pourquoi ?
Elle avait la grippe
aviaire cette pauvre bête.
J'ai abrégé ses
souffrances et quelque part
j'ai rendu service à
celui qui aurait pu la manger.
Beau geste en effet.
Je vous le fais pas
dire.
Et Satan dans tout
ça ?
Ben, j'espère
qu'il a pas attrapé la
crève avec ce satané
poulet !
Ah ! Ah ! Ah ! Vous
êtes trop drôle,
Brian !
Eh oui, Marilyn Manson, on l'aime
aussi pour ça ! Une super
tenue de scène, un zeste
de provoc mais en bonus ce rien
d'humour qui fait la différence.
Brian, pourquoi Marilyn
?
C'est en hommage à
Marilyn Monroe bien sûr
!
Ah oui... La superbe
star... Destin tragique... Gloire
éphémère...
Vie brisée... I wanna
be loved by you alone... Poo
pooo beee dooh ! C'est ça
?
Qu'est-ce que vous
allez chercher là ? C'est
tout simplement à cause
des gros nichons.
Mais pourquoi ne pas
avoir pris Jane Mansfield de
la même époque.
Elle avait une poitrine plus
avantageuse que celle de Marilyn
Monroe ?
Figurez-vous que j'y
ai pensé. Mais il faut
avouer que "Jane Manson",
quelque part, ça risquait
de prêter à confusion
avec la grande chanteuse française.
Qui ça ?
Celle qui chantait
"Le petit pain au chocolat"
avec le sympathique Dassin.
Jules ?
Non, Joe... Je peux
vous en chanter le début
si vous voulez ?
Euh...
Bon, puisque vous insistez.
Tous les matins il achetait
Son p'tit pain au chocolat
Aille, aille, aille , aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaille
!!
Génial, non ?
Je sais pas... Mais,
une chose est sûre, ça
donne envie de bouffer des croissants.
Ah bon ?
Et pourquoi Manson ?
C'est un tueur en série.
C'est quoi votre concept
?
La féminité
: Marilyn, mêlée
à la criminalité
: Manson. La beauté et
la cruauté. La sensualité
et la perversité. Le
sex-symbol et le monstre. Le
glamour et l'horreur entremêlés.
L'assassin et, euh... les gros
nichons. C'est pas fort ça
?
Ah oui, c'est fort.
Bref, Marilyn Manson,
c'est en quelque sorte la belle
et la bête en même
temps.
Brian, c'est quoi votre
genre de musique ?
Oh, pas grand chose. Du glam-metal
electro avec un peu d'indus.
Indus ? Il y a une
influence indienne dans votre
musique ?
Pas du tout ! J'ai
dit indus pas indus !
Plaît-il ?
Indus c'est l'abrégé
de industriel comme glam est
celui de glamour et electro...
D'électronique
?
C'est ça. Vous
avez tout compris.
Et metal ?
C'est l'abrégé
de metallica bien sûr
!
Ils ont inventé
le metal ?
Sûr. Avant eux y'avait
rien, Après eux... y'aura
peut-être plus personne
non plus !
Vous aimez ce groupe
?
Je les trouve un peu trop burnés
pour être honnêtes.
Comment ça ?
Eh bien, ils devraient
laisser un peu s'exprimer la
part de féminité
qui sommeille en eux.
Ah bon ?
Parfaitement. Et un
peu de fond de teint et un rien
de rouge à lèvres
ça leur permettrait peut-être
de se relancer étant
donné que ces derniers
temps, c'était plus vraiment
ça !
J'ai vu que vous aviez
exposé récemment
quelques oeuvres, comme qui
dirait, picturales.
En effet, Marylin Manson
peint modestement quand il a
le temps, à ses heures.
A seize heures ?
Oui. Et de préférence
à des heures indues.
Indus ?
Non. Indues !
J'ai cru voir en admirant
vos toiles, fort intéressantes
au demeurant, un petit quelque
chose de Francis Bacon. Qu'en
pensez-vous ?
C'est fort possible.
Etre copié est pour moi
un signe encourageant qui me
permet de persévérer
dans cette nouvelle voie artistique
à moi que j'ai maintenant
à mes heures, comment
dirais-je, indues.
Combien vous les vendez
?
Entre 30 et 40 000
dollars.
C'est pas cher.
Non. Surtout quand
on sait ce qu'elles vaudront
plus tard, c'est un bon placement.
Brian, on vous a vu
en Christ crucifié sur
la pochette d'un de vos albums.
Doit-on y voir là le
signe d'un élan mystique
loin de tendances au satanisme
que certains vous prêtent
?
Le Christ est la première
rock-star de l'histoire. Je
voulais par là éclairer
d'un jour nouveau cet homme
admirable qui a tendance à
être un peu oublié.
Bon, c'est vrai qu'il est mort
il y a plus de 2000 ans. Mais
c'est pas une raison pour le
laisser tomber aux jours d'aujourd'hui.
D'autant plus que le troisième
millénaire sera mystique
ou ne sera pas comme je dis
toujours.
Belle pensée
s'il en est !
Oui, j'en suis pas
mécontent. On est déjà
en 2004 et si on se presse pas
un peu on risque d'arriver au
quatrième millénaire
sans avoir été
mystique. "Le temps c'est
comme la F1, ça fait
beaucoup de bruit et tu vois
rien passer" comme le disait
fort justement Michael.
Jackson ?
Non, Schumacher.
N'y a-t-il pas, Brian,
comme une certaine compromission
pour un artiste de votre acabit
à se commettre dans une
émission telle que Hit-Machine
?
Au contraire. Ca me
permet d'élargir mon
audience.
Comment ça ?
L'ambition de tout
artiste qui se respecte n'est-elle
pas de toucher tous les publics
de sept à soixante-dix
sept ans ? C'est vrai que bon
pour ces derniers, c'est pas
gagné !
Justement, n'avez-vous
pas peur que votre message soit
mal interprété
par les jeunes générations
et amène par le fait
quelques dérives ?
C'est tout le problème
de la création. L'artiste
y est toujours confronté.
Il est rarement compris de son
vivant.
N'est-ce pas un peu
frustrant de savoir qu'on sera
souvent reconnu à sa
juste valeur qu'une fois mort
?
Certes cela frustre.
Mais comme je me fais un max
de pognon ça me console.
Parlez-nous un peu
de la vie de Brian ?
Beau film, ma foi.
Plein d'humour.
Non, je veux dire :
votre vie, Brian !
Ah oui, ma vie...
D'où vous est
venu ce goût pour les
déguisements ?
Déjà
dans ma tendre enfance, j'attendais
avec impatience Halloween pour
me déguiser.
Et alors ?
Ma mère me disait
toujours : "Te casse pas
la tête mon petit Brian.
Sors comme tu es et on te donnera
plein de friandises !"
Ah bon ?
Parfaitement. Depuis
j'arrête pas de me déguiser
jusqu'à 10 à 20
fois par jour ou par semaine.
Et votre dernier album,
Brian ?
Pas "Brian"
mais "The golden age of
grotesque".
Intéressant
le titre.
Oui, je suis pas mécontent
!
Vous pouvez nous en
dire quelques mots ?
Ce cd, c'est un peu
mon parc d'attraction, mon Mickey
Mouse à moi... Les oreilles
en moins !
Vous êtes en
quelque sorte Disneyland à
vous tout seul ?
Exactement. Et même
plus : le train fantôme
d'Ok Corral, l'orque de Maryland
et même le Grand Guignol.
Et cet album est-il
brillant, euh... Brian ?
Il l'est. J'ai voulu
créer en quelque sorte
une oeuvre qui dévoile
davantage ma personnalité
vraie par rapport aux albums
précédents. C'était
comme si je renaissais. Marilyn
réinventant Manson si
j'ose m'exprimer ainsi.
Osez.
Merci.
Brian, derrière
Marilyn Manson, ne se cache-t-il
pas...
Où ça
?
C'est une image. Je
voulais dire : derrière
votre personnage n'y a-t-il
pas un dandy à la Oscar
Wilde qui sommeille ?
Certes mais laissons
le dormir, voulez-vous.
N'avez-vous pas peur,
qu'à la longue, l'aspect
visuel de Marilyn Manson prenne
le pas sur le musical ?
Pas du tout. Les deux
vont de pair. Marilyn Manson
n'est pas le mime Marceau.
Ah bon ?
Il n'est pas non plus
un vulgaire groupe de rock.
Marilyn Manson est quelque part
une oeuvre d'art à la
fois visuelle et sonore en perpétuel
mouvement. Donc je continuerai
à faire du bruit.
Brian, il paraît
que vous allez prêter
votre voix à un jeu vidéo
de science-fiction, est-ce vrai
?
Pas vraiment.
Comment ça ?
Disons plutôt
que je vais la vendre. Ce sera
celle d'un extra-terrestre très
méchant, très
agressif et très cruel.
Un nouveau rôle en quelque
sorte pour Marilyn Manson.
Qu'est-ce qui vous
a tenté dans ce jeu ?
D'abord les droits
que je vais toucher et éventuellement
le concept véhiculé
par le personnage.
Ne seriez-vous pas
Brian en quelque sorte un alien
?
Ca se pourrait bien...
Et d'ici que j'ai des antennes
sur la tête, il n'y a
qu'un pas que je pourrais allègrement
franchir incessamment sous peu.
Merci de vous être
confié, sans fard, Brian.
Qui ça ?
Ben vous, Marilyn.
Ah oui, moi...
Alors
j'ai quitté Marilyn,
pardon, Brian. Durant le trajet
en bus qui me ramenait chez
moi, comme je cherchais un nom
pour le groupe punk qu'on venait
de créer avec des potes
du quartier, je me suis dit
que peut-être "Sylviane
Landru" serait super. Sylviane,
c'est notre première
et unique groupie. Elle a de
sacrés nichons ! Et Landru,
un fucking tueur en série
! Puis, finalement, arrivé
chez moi, j'ai changé
d'avis me disant qu'après
tout, c'était vraiment
trop con comme nom !
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