Ne
reculant devant aucun sacrifice,
j'ai rencontré le beau et
sémillant Luca Turilli, le
guitariste du groupe Rhapsody, chantre
de l'Hollywood metal. Ca s'est passé
pas plus tard que l'autre jour dans
son beau château adossé
à la colline, on y vient
à pied, on ne frappe pas,
celui qui vit là a jeté
la clé dans les douves. Luca
m'attendait, dans la cour intérieure,
pâré d'une superbe
armure toute neuve qui brillait
sous le soleil automnal. A la main,
il tenait fièrement sa belle
épée d'émeraude.
Nous sommes entrés dans la
grande salle d'apparat du château
où nous avons devisé
dans la langue de Dante. Bon, ne
vous prenez pas la tronche à
chercher un traducteur, je vous
propose ci-dessous la version dans
la langue de Molière... enfin
presque !
Luca,
super votre tenue !
Y'a intérêt vu que
c'est hyper chiant de mettre ce
putain de tas de ferraille.
Ah
bon ?
Vous savez combien de temps il me
faut pour enfiler cette boîte
de conserve ?
Euh...
Une bonne heure ! Et encore j'y
arrive pas seul.
Oui,
mais pourquoi vous vêtir de
la sorte ?
Vous me voyez, moi, membre éminent
du célèbre Rhapsody,
groupe épique s'il en est,
vous recevoir en survêt ?
Effectivement...
Luca, je me suis laissé dire
que vous et votre groupe faites
de l'Hollywood metal, qu'est-ce
donc ?
C'est simple. L'Hollywood metal
est un genre musical nouveau dont
nous sommes les créateurs
officiels. Dans "Hollywood
metal", il faut d'abord prendre
en considération le mot "metal"
qui est super important.
Ah
bon ?
Oui. Ca veut dire qu'on fait avant
tout du metal. Faut savoir que Rhapsody
est une musique qui a des couilles.
Sûrement pas un truc pour
lopettes.
Et
Hollywood ?
Ca vient de Hollywood, un endroit
où on fait des films.
Ah
bon ?
Oui. Et c'est en référence
simplement aux bandes originales
de films qui nous ont inspirés.
Vous
pouvez nous en nommer quelques uns
?
Difficile, y'en a tellement ! Je
dirai "Mary Poppins" et
"Saturday night fever"
qui sont mes préférés.
Pourquoi,
Luca, ne pas chanter dans la langue
de Berlusconi ?
Qui ça ?
En
italien.
On l'a fait sur un titre ou deux.
Mais faut pas exagérer.
Ah
bon, pourquoi ?
Pour qu'on nous prenne pour Ramazotti
? On serait obligés de se
raser le crâne et de poser
sur les pochettes des cds en tee-shirt
au bras de gonzesses à moitié
à poil !
Vous
recevez souvent ici les autres membres
du groupe ?
Bien sûr. Et même régulièrement.
On se fait quelques duels à
l'épée.
D'émeraude
?
Pas toujours. On se retrouve aussi
sur le pré pour quelques
tournois à cheval. On se
donne comme des bêtes. C'est
ça Rhapsody.
C'est
quoi le concept de l'épée
d'Emeraude ?
C'est tout simple. Il y a longtemps,
Akron, un roi hyper méchant
attaqua la ville d'Algalord qui
détenait le super secret
de l'épée d'émeraude,
dans les terres, comme qui dirait,
enchantées. Une armée
le repoussa. Figurez-vous qu'aujourd'hui,
Algalord est encore menacée.
Pour sauver ces terres, il faut
trouver les "trois clés
de la sagesse" qui sont sur
la route menant aux "Portes
d'Ivoire"... Vous pouvez pas
me passer mon épée,
là, sur la table ?
Pourquoi
donc ?
Sans mon épée, je
me sens tout nu et difficile de
vous narrer la suite de la saga.
Je me lève et réussis
à prendre l'épée,
tant bien que mal.
Fichtre,
elle est lourde cette épée
!
Je veux oui. C'est pas du toc. C'est
une vraie.
Ah
bon ?
Oui. Je l'ai achetée d'occase
à un descendant du chevalier
Bayard. Bon, j'ai pas vérifié
son arbre généalogique
mais il avait l'air crédible...
Où j'en étais ?
Aux
trois clés de la sagesse.
Ah oui... Seul un "Guerrier
de Glace" au coeur pur pourra
ouvrir ces putain de portes quelque
part sur les "Terres du Chaos".
S'il est assez costaud pour tabasser
le gardien ancestral, il pourra
prendre l'épée et
sauver les terres enchantées.
Il doit récupérer
aussi les trois clés de la
sagesse. Il résiste au miroir
des ombres. C'est la première
clé. Il affronte Tharos le
dragon, deuxième clé.
Il se rend au sud des terres du
chaos...
Troisième
clé ?
Très juste... Il ouvre les
portes d'ivoire et s'empare de l'épée
d'émeraude et part sauver
la ville d'Ancelot. Sur son chemin,
il rencontre de nombreux guerriers
et lorsqu'ils arrivent à
Ancelot, une véritable armée
est prête à l'aider
à vaincre Dargor, le seigneur
à peine moins méchant
que Akron...
Un
quart-d'heure plus tard...
Les
guerriers des terres enchantées
reprennent la bataille et cette
fois ci, ils gagnent. Tout est bien
qui finit bien. Les âmes des
damnés retournent dans leur
monde par la porte du chaos qui
se referme derrière eux....
Hé ? Ho ?
Hein
? Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? C'est
l'heure de goûter ?
Il y a que vous dormiez.
Moi
je dormais ?
Parfaitement.
La
fatigue de la route sans doute !
Oui. Sans doute.
Bon,
Luca, euh... quel est le concept
véhiculé dans votre
dernier chef d'oeuvre ?
Difficile à expliquer tellement
c'est complexe.
Puisqu'on
y est, allez-y !
Disons qu'il y avait au départ
une période heureuse pour
toutes les créatures de la
terre, mais la fatalité choisit
que la sombre prophétie d'un
chevalier démon pourrait
apporter une fin tragique à
cette paix, marquant à jamais
leur vie...
Pas
possible ?
Peu avant sa défaite durant
la dernière des Guerres Primordiales
entre le paradis et l'enfer, le
fils maléfique du Dieu de
l'Enfer, Kron, nommé Nekron,
s'est retiré, devinez où,
je vous le donne en mille ?
Euh...
Vous pouvez pas me le donner en
neuf cents, ça ira plus vite
?
Eh bien, c'est simple : dans son
antre dans les mondes souterrains.
Là, sentant sa mort proche,
il rédigea un testament hyper
diabolique sur sept livres noirs.
Un par un, six de ces livres furent
découverts à travers
les âges, mais le septième,
le dernier et le plus terrible de
tous, contenait le secret de sa
résurrection. Il commanda
sept démons immortels afin
de transporter son plan... Génial,
non ?
Bof.
Mais ils furent changés en
pierre par les anges des royaumes
de cristal. Son rêve s'endormit
alors avec eux jusqu'au moment où
les forces du mal usurperaient la
terre. Nekron règnerait,
cette fois-ci, sans conteste, au
nom du chaos cosmique...
A cet instant de l'interview
arrêtons-nous un peu pour
que je vous raconte Luca nous narrant
avec enthousiasme cette fantastique
saga. Voyons la scène au
ralenti si vous le voulez bien.
Luca monte sur la table. Il lève
son épée tel le vaillant
guerrier des glaces face au terrible
Akron. Soudain, alors qu'il est
emporté par l'exaltation
épique et toute rhapsodienne
de son discours, son épée
se prend malencontreusement dans
le monumental lustre situé
au dessus de sa tête. Comme
il essaie tant bien que mal de la
sortir de ce piège diabolique
dans lequel elle est sournoisement
tombée, il choit violemment
sur le sol dans un fracas assourdissant
de ferraille. Le lustre, lui, est
tombé heureusement à
côté ! Je me précipite
alors pour aider Luca à se
relever...
Ca va Luca ?
Oui. Mais j'espère que mon
épée n'a rien !
Non.
Elle va bien.
Ah, tant mieux !
Euh...
On continue ?
Oui, bien sûr...
Je crois que je me suis cassé
deux côtés, mais ça
va aller. Chez Rhapsody on est dur
au mal.
Pourquoi y a-t-il toujours un narrateur
dans vos disques ?
C'est simple. Un jour je regardais
"Conan le barbare" en
DVD seul dans mon donjon. Comme
au début on entendait une
voix hyper-virile qui parlait sur
fond de musique symphonique, ca
a été le déclic.
Je me suis dit : "Putain,
l'idée de l'épée,
déjà, c'était
super fort, mais, là, le
coup du narrateur, chapeau, Luca
!"
En
effet.
J'ai téléphoné
de suite aux autres qui ont trouvé
que j'étais hyper génial
et on a décidé de
faire intervenir un narrateur dans
nos oeuvres.
A
ce propos, pourquoi avoir choisi
le grand Christopher Lee dans votre
dernier album ?
C'est une idée à moi
que j'ai eue.
Encore
?
Oui, je sais pas où je vais
m'arrêter. Parfois, ça
me fout plus la trouille que si
je me trouvais au coeur des terres
sombres.
Et
Lee ?
Semoun ?
Non,
Christopher.
C'est simple. Un jour je regardais
"Le seigneur des anneaux"
" en DVD seul dans mon donjon.
Encore
?
Oui. Rien de tel pour l'ambiance.
Et
alors ?
Alors, j'ai pensé que Christopher
Lee ferait super bien comme narrateur
dans notre nouveau cd. Faut savoir
que c'est un acteur qui a joué
dans plein de films. Au moins vingt
Dracula, quatre ou cinq James Bond,
un ou deux Star Wars et une bonne
cinquantaine de navets.
Ca
fait beaucoup.
Oui, en effet.
Ca
n'a pas été dur de
l'avoir pour l'album ?
Pas du tout. Il a même dit
qu'il était pas à
un navet près. Un grand bonhomme
le Lee, simple et très lucide
aussi.
Avant
de nous séparer, avez-vous,
Luca, une dernière chose
à dire ?
Oui. Vous pourriez pas m'aider à
quitter ce putain de heaume ? J'étouffe
!
Alors
j'ai quitté Luca Turilli.
Durant le long trajet en voiture
sur l'autoroute, comme j'écoutais
sur mon lecteur de cd le dernier
album de Rhapsody, des personnages
fabuleux d'héroic fantasy
commencèrent à se
mélanger dans ma tête
devenue une sorte de terre des chaos.
Alors, avant que je ne maîtrise
plus du tout mon véhicule,
j'e décidai de mettre à
la place un cd des Sex Pistols.
Ca m'a fait un bien fou !
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l'image
du jour
C'est
ça Rhapsody !
Turilli
et ses potes se retrouvent sur le
pré pour quelques combats.
Ils se donnent comme des bêtes.
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