Louis
Sclavis est un musicien français
plutôt original qui propose
une musique pas loin du jazz
et souvent proche de la musique
folkorique dans un style avoisinant
celui pratiqué ailleurs
par le musicien anglais John
Surman. Avec un rien de classique
contemporain. Non, ne zappe
pas !
"Chamber Music" donne
la part belle à l'improvisation
sur des compositions plutôt
ambitieuses.
Plus porté sur un héritage
proche de la musique européenne
du début du XX° siècle
que sur une quelconque influence
américaine qui prendrait
ses racines dans le blues, Sclavis
offre par le fait une oeuvre
très personnelle mais
parfois froide.
Plutôt intellectualisée,
sa musique s'approche d'un free-jazz
américain mais avec un
certain mystère et sans
la violence de ce dernier ni
son aspect souvent rébarbatif.
Sclavis joue de la clarinette
et du saxo soprano. Il propose
une oeuvre puissante sous des
arrangements de cuivres plutôt
complexes et raffinés.
Trombone avec Yves Robert et
tuba (Michel Godard). Souvent
une guitare électrique
très free intervient
(Philippe Deschepper) doublé
d'un violon (Dominique Pifarely).
Parfois proche d'un jazz dit
"moderne" façon
ECM (cf. "Fond Bleu"),
Sclavis et les musiciens qui
l'accompagnent proposent même
une plage dont le thème
est pris à Ellington.
Mais sans le copier/coller qui
est le lot habituel de ce genre
d'interprétation.
Le premier titre ("Ottomar")
lorgne vers la fusion moderne
peut-être de par la présence
d'une guitare électrifiée
et d'un violon nerveux. Ensuite
ça consiste en une suite
d'ambiances plutôt sombres
et souvent prenantes dans une
sorte d'impressionnisme se mêlant
à des échos de
musiques folkoriques et où
s'élèvent quelques
envolées très
"libérées"
propres à un jazz post-coltranien.
(Cela est plutôt réussi
dans l'excellent "Petra".)
Maintenant, si l'on considère
que cette oeuvre est du jazz,
elle n'emportera sûrement
pas l'adhésion car elle
ne possède pas ce qui
me semble soutenir toute envolée
soliste : le swing. Dans le
cas contraire, sa sincérité
et une certaine profondeur font
que cet album mérite
largement qu'on s'y attarde
à la condition d'être
ouvert, bien sûr, à
toute création musicale
originale.