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CHRONiQUES MUSiCALES

AUtRES

Un jazz classique...
contemporain

Louis Sclavis Septet
Chamber Music (1989)

 

Louis Sclavis est un musicien français plutôt original qui propose une musique pas loin du jazz et souvent proche de la musique folkorique dans un style avoisinant celui pratiqué ailleurs par le musicien anglais John Surman. Avec un rien de classique contemporain. Non, ne zappe pas !

"Chamber Music" donne la part belle à l'improvisation sur des compositions plutôt ambitieuses.

Plus porté sur un héritage proche de la musique européenne du début du XX° siècle que sur une quelconque influence américaine qui prendrait ses racines dans le blues, Sclavis offre par le fait une oeuvre très personnelle mais parfois froide.

Plutôt intellectualisée, sa musique s'approche d'un free-jazz américain mais avec un certain mystère et sans la violence de ce dernier ni son aspect souvent rébarbatif.

Sclavis joue de la clarinette et du saxo soprano. Il propose une oeuvre puissante sous des arrangements de cuivres plutôt complexes et raffinés. Trombone avec Yves Robert et tuba (Michel Godard). Souvent une guitare électrique très free intervient (Philippe Deschepper) doublé d'un violon (Dominique Pifarely).

Parfois proche d'un jazz dit "moderne" façon ECM (cf. "Fond Bleu"), Sclavis et les musiciens qui l'accompagnent proposent même une plage dont le thème est pris à Ellington. Mais sans le copier/coller qui est le lot habituel de ce genre d'interprétation.

Le premier titre ("Ottomar") lorgne vers la fusion moderne peut-être de par la présence d'une guitare électrifiée et d'un violon nerveux. Ensuite ça consiste en une suite d'ambiances plutôt sombres et souvent prenantes dans une sorte d'impressionnisme se mêlant à des échos de musiques folkoriques et où s'élèvent quelques envolées très "libérées" propres à un jazz post-coltranien. (Cela est plutôt réussi dans l'excellent "Petra".)

Maintenant, si l'on considère que cette oeuvre est du jazz, elle n'emportera sûrement pas l'adhésion car elle ne possède pas ce qui me semble soutenir toute envolée soliste : le swing. Dans le cas contraire, sa sincérité et une certaine profondeur font que cet album mérite largement qu'on s'y attarde à la condition d'être ouvert, bien sûr, à toute création musicale originale.