ACCUEiL

DiSQUES

CHRONiQUES MUSiCALES

AUtRES

3 h 50, c'est rude...

Les Dix Commandements
Cecil B DeMille (1956)

 

"Les dix commandements" est le dernier film de Cecil B. 2000, celui là même qui a laissé l'image (à tort ou à raison) du chantre d'un gigantisme en carton pâte. Et à bien y regarder, cet homme faisait il y a soixante-dix ans ce qu'Hollywood fait toujours aujourd'hui. Son cinéma grand spectacle était visuellement faux, en studio, en papier mâché, avec toujours un horizon bouché et son ciel peint agrémenté de deux colonnes en bois. Ou bien les acteurs étaient en studio (mal) superposés sur un décor naturel ou devant des maquettes. Aujourd'hui les blockbusters américains sont visuellement faux, en studio, en images de synthèse, avec des acteurs sur fond vert superposés devant des décors numériques. La boucle est bouclée.

"Les dix commandements" est le film que la télé nous sortait irrémédiablement à Noël et je garde toujours un souvenir ému de ce moment où, après 3h30 de film, on devait encore se taper Dieu qui grave la pierre alors qu'on avait juste envie de jeter le canapé sur le téléviseur et d'aller se coucher. Dans "Les dix commandements" chaque scène est un tableau avec des acteurs qui prennent la pose et jouent généralement d'une façon affectée et peu naturelle. Du coup le film navigue uniquement dans l'épique iréel (mais il s'agit de la Bible, je vous l'accorde) où tout est net et parfaitement propre, les femmes esclaves sont apprêtées et toutes pimpantes avec un rouge à lèvre rutilant, la mise en scène est théâtrale et le jeu forcé. Prenez Brynner, par exemple, lorsqu'il revient buter sa femme et reconnait que le Dieu de Moïse est Dieu. Il serait ridicule dans un autre contexte tellement il se regarde jouer. Pourtant ici il colle parfaitement à cet univers factice, surchargé visuellement et très coloré (le bluray est d'ailleurs le meilleur ami de Ceci B. DeMille).

Ceci étant dit, j'aime bien "Les dix commandements" pendant 1h45. Lorsque Moïse débarque chez Jethro Tull, ça devient plus difficile et l'affaire se corse durant la demi heure qui précède l'entracte. En fait son personnage, dès lors qu'il rencontre Dieu, n'est plus intéressant. Ramses avec son port de tête arrogant en devient même plus sympathique. Puis viennent les dix plaies, l'exode... et on attend un peu que Moïse ouvre la mer rouge. Bref 3h50, c'est rude.


- Je sais que la montagne gronde quand Dieu est là. La terre tremble et le nuage est rouge de feu.
- Mais non Sephora, ça c'est une éruption volcanique.