Le
Seigneur Des Anneaux :
La Communauté De L'anneau
Peter
Jackson (2001)
Souvenez-vous, c'était
un temps où tout le monde
sur internet s'appelait Aragorn512
ou JackBauer74, deux ans après
s'être appelé Neo6536.
Oui, vous avez raison, c'était
en 2001. "Le seigneur des
anneaux" sortait au cinéma
et ce que j'avais l'habitude de
nommer "ce putain de trip
heroic fantasy" devenait
une référence cinématographique,
un film culte et générationnel.
Rendez-vous compte, l'histoire
de Tolkien, cette oeuvre pour
geeks, touchait enfin un public
infiniment plus large ! Bon, évidemment,
ça n'a pas changé
grand chose puisque ceux qui découvrirent
l'oeuvre par le film se jetèrent
sur un roman qu'ils ne purent
généralement pas
lire. Mais bon, si d'aucuns ont
coutume de dire de façon
aussi originale qu'amusante (que
ridicule) que Tolkien est le Balzac
de la fantasy, il ne faut pas
oublier à quel point Balzac
peut parfois être lourdaud
(et pas que physiquement).
Bref, "Le seigneur"
(autant sur écran que sur
papier) est une oeuvre qui nécessite
une implication étrangère
à beaucoup. Dans l'idéal
il faudrait être capable
d'accepter ce qui semble inacceptable
au commun. Par exemple, lorsque
les gars sont dans les bois avec
les elfes, on entend des choeurs,
une prétendue complainte
pour Gandalf. "What do they
say about him ?" dit le hobbit
qui ressemble à Jamel Debbouze
et Legolas lui répond :
"Je n'ai pas le coeur à
la traduire, ma peine est trop
récente". Si tu te
dis : "En vérité,
Legolas a rien pigé et
baratine pour noyer le poisson",
tu as tout faux, tu peux rentrer
chez toi. Si tu trouves que c'est
profond et que tu te découvres
une fascination pour la sagesse
elfique, tu as tout faux aussi
mais tu pourras apprécier
le film. Quoi qu'il en soit, moi,
j'adore Legolas. Sans lui je n'irais
sans doute pas plus loin que le
premier épisode. Ce mec
a un rôle fantastique. Ici
il sert à nommer les choses.
Mais comme il n'a pas le temps
(car le danger est imminent),
il jette simplement le mot. Par
exemple, tu entends des drôles
de bruits quand tu te promènes
dans les cavernes ? Legolas :
"Orcs !" Tu vois des
oiseaux bizarres qui viennent
vers toi ? Legolas : "Crebain
from Dunland !" Tu entends
un oliphant ? Legolas : "The
horn of Gondor !". Voyez,
Legolas est un peu une note de
bas de page à laquelle
tu te rapportes lorsque tu veux
un renseignement supplémentaire.
Re-bref, ce premier épisode,
"La communauté du
guano", raconte le départ
de Frodon de la Comté avec
l'anneau unique, celui qui rules
them all, puis de la création
du fellowship of the ring. Au
début ça papote
puis Liv Tyler est poursuivie
par les Nazgûls, les hobbits
font des bêtises, rencontrent
Strider ("Grand-pas",
ah ! ah !) mais oublient d'aller
voir Bombadil le hippie. Puis
il y a une bagarre dans la mine
contre un gros bonhomme. Je résume,
n'est-ce pas, nous n'avons pas
le temps. Ensuite ça ne
papote plus du tout, les temps
sont durs, alors des mecs te racontent
sans sourciller des trucs totalement
hallucinants et ils s'appellent
tous par leur nom suivi de "fils
de" et leur père a
le même nom qu'eux mais
avec des lettres différentes.
Et puis il y a les vingt minutes
finales avec une scène
de combat (la meilleure) durant
laquelle même Orlando Bloom,
fils d'Orlando Blim, en impose.
En 2001, j'avais beaucoup aimé
ce film. Aujourd'hui, sans grand
écran mais aussi sans l'engouement
de l'époque, il rétrograde
simplement parmi les films sympas.
Le casting agréable et
la construction du récit
plutôt maline - malgré
quelques passages moins évidents
comme les vingt minutes dans la
pinède des elfes (Lothlórien
comme on dit), après 2h20
de film, qui est quand même
rude - permettent de presque oublier
sa durée un tantinet démesurée
(3h28 ici contre 2h58 au cinéma).
Et puis si on ne nous montrait
pas une demi douzaine de fois
que Boromir a des mauvaises pensées,
on pourrait grappiller quelques
minutes.
The
horn of Gondor !!
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