D'aucuns affirment que le football nautique est le sport le plus laid à regarder, d'autres que c'est le lancer de savates ou le saut sans élastique. Eh bien, moi je dis que c'est le rugby.

Avant, dans ce sport il y avait des gros un peu ventripotants qui déménageaient les pianos et d'autres qui en jouaient, frèles sur leurs cannes à pêche et virtuoses du contre-pied. La place était alors donnée à la vista car les pianistes pouvaient parfois exécuter leur concerto virevoltant. Maintenant, tout le monde déménage dans la joie et la bonne humeur. Ca bouge, ça cogne, virils mais corrects.

Dieu, que c'est laid ces athlètes qui tous muscles dehors, tels des lutteurs de foire bibendumés foncent dans le tas avec une lourdeur sans nom, se jetant sur tout ce qui bouge en s'en foutant plein la gueule, grâcieux comme des hippopotames tentant de danser le Lac des cygnes. Et tout cela dans le but hautement futile de tenter de récupérer cet ovale capricieux. En plus, parmi les gestes les plus ridicules du rugby, il y a la touche où de fougueux bodybuildés s'envolent tel des mammouths défiant la loi de la pesanteur. Mais le moment le plus inénarrable est sans conteste celui où le musculeux, tout à sa joie, se jette dans l'en-but, le ballon sous le bras tel Moby Dick retrouvant les flots.

Gestuellement, c'est trop.

Le rugby est le plus affreux des spectacles sportifs. Ces maillots à l'esthétique douteuse qui polluent le regard, cet enchevêtrement constant de muscles, de jambes, de bras et semblable à un gros tas sur un champ de labour, c'est la superbe allégorie de la force imbécile en état de marche.

Parfois avant le joyeux rentre-dedans certains se lancent
dans une pantomime pseudo-guerrière grotesque et moche.