Ne
reculant devant aucun sacrifice,
j'ai rencontré le beau et
sémillant Hugues Aufray,
ce fringant trouvère de la
chanson française qui depuis
"Le petit âne gris"
jusqu'à "Adieu Monsieur
le professeur" a bouleversé
des générations entières
d'amoureux de la jolie rime et de
la belle mélodie, l'épervier
pioupi, l'épervier paoupa.
Pourquoi avoir appelé votre
dernier cd "New Yorker"
?
Tout simplement parce que j'ai rencontré
Dylan à New York, vous n'avez
pas plus recherchée comme
question ?
Et
si vous l’aviez rencontré
à Aubenas vous l’auriez
appelé comment ?
C’est quoi ce bled ? Dylan
y est allé ?
Peut-être
pas...
Raison de plus pour l'appeler "New
Yorker". Et puis ça
sonne mieux comme titre.
C’est
qui le gars sur la pochette de "New
Yorker" à côté
de la statue de Dylan ?
C’est moi.
Vous
faites plus jeune, là, près
de moi, en chair et en santiags.
C’est à cause de la
photo en noir et blanc. Mais d'un
autre côté, je fais
beaucoup de sport, de l’équitation
surtout. Mais sans selle.
Pourquoi
?
Je suis au régime.
Proposer
encore un cd sur Dylan, ça
fait pas un peu trop, non ?
Pas du tout car avec celui-ci je
fais cette fois des duos où
c’est qu’on chante à
deux.
Ah
bon ?
Parfaitement et avec plein de chanteurs
et chanteuses assez connus et peut-être
même plus que moi.
C’est
possible ?
Oui, ça peut surprendre en
effet.
Il
paraît qu'il y a même
Hallyday.
Parfaitement.
Pourquoi
l'avoir choisi ?
Parce que je l'admire beaucoup.
C'est notre Johnny national. C'est
un monument. Vous le voyez, vous
le reconnaissez de suite. C'est
comme Notre Dame de Paris ou le
Mont Saint-Michel... les merdes
de pigeons en moins et la rôaquinrôalle
attitioude en plus.
Le
tendre et romantique Michel Delpech
a chanté un jour : "Wight
is Wight, Dylan is Dylan" Qu'en
pensez-vous ?
Il a raison. Si Wight est Wight,
Dylan c'est Dylan et sûrement
pas Wight. Faut pas confondre tout
le monde sinon on s'en sort plus.
Moi-même il faudrait pas non
plus me prendre pour Dylan ni pour
ce Wight que je connais pas d'ailleurs.
Dylan
aurait dit en écoutant votre
album qu'il avait l'impression que
les chansons étaient de vous
et qu’il les avait traduites.
Vous en pensez quoi ?
Il vieillit, c’est sûr.
Vous
l'avez rencontré souvent
Dylan ?
Oui bien sûr. Si je compte
bien, trois fois en cinquante ans.
Ca
fait beaucoup quand même...
Personnellement je l'ai jamais rencontré.
Oui mais bon, d'un autre côté,
la dernière fois que je l'ai
vu, s'il avait pas eu sa crinière
je l'aurais pas reconnu.
Il
est sympa Dylan ?
Ah oui ! Et c'est même étonnant
pour un artiste qui a quand même
composé "Papa was a
rolling stone".
C'est
pas plutôt "Like a rolling
stone" ?
Ah bon ? Vous croyez ?
Il
me semble.
Je lui demanderai la prochaine que
je le verrai... dans quinze ans.
Racontez-nous
un peu votre première rencontre.
Eh bien, j'entrais dans un McDo
de la grosse pomme, et soudain,
qui je vois ?
Presley
?
Et non ! Faut suivre, merde !
Euh...
Kennedy ?
Ma parole vous le faites exprès
! C'était Bob Dylan himself
!
Et
alors ?
Je lui lance : "Hello, Bob
! "Don't Think Twice, It's
All Right" : géant ton
truc !" Il me répond
amical, la bouche pleine de ketchup
: "Hein ? Keskidi ce mec avec
son accent à la con ? C'est
un belge ? " Je continue :
"Ton machin sur "Girl
from the North Country" c'est
génial, t'arrête pas
en si bon chemin !!" Il répond,
convivial : "Koi ? On entend
rien dans ce putain de resto. Ils
font rien qu'à parler tous
en même temps ces cons !"
Euh...
et... vous dites quoi, vous ?
Je continue plus fort pour qu'il
m'entende : "MAIS SI,
TU SAIS, TA CRITIQUE DE LA GUERRE,
MACHIN, CHOSE, LA, VRAIMENT, LAISSE-MOI
TE LE DIRE, C'EST TROP BEAU ! J'EN
PLEURERAIS." Il dit
: "Passe-moi plutôt le
pinard au lieu de gueuler comme
un dératé !"
C'est
émouvant.
Oui, je m'en souviens encore aujourd'hui
comme si c'était ce matin
après le déjeuner
au moment des pains au chocolat
un peu avant que je monte Aglaé.
Aglaé
?
C'est ma jument préférée.
Je fais toujours quelques lieues
avec elle là-bas vers le
nord où les vents soufflent
sur la frontière, vers la
rivière à l'été
finissant.
Y'a
des troupeaux de rennes ?
Je crois pas. Personnellement j'en
ai jamais vus par ici. Mais bon
si la terre se refroidissait ça
se pourrait bien.
Vous
aimez Dylan ?
Pas du tout, moi mon truc c‘est
Luis Mariano mais, bon, en ces temps
c’est pas très porteur.
Je vous chante un petit air de lui
comme ça, là, a cappella
?
Où
ça ?
Ici.
Si
vous voulez.
La
bêêêêêêêêêêle
de Cadiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii....
iiiii... argh... Wouah !
Ca
va ?
Putain ! C'est dangereux ce truc,
j'ai failli m'étouffer !
Vous comprenez maintenant pourquoi
je préfère chanter
du Dylan ?
Il
paraît que Bob Dylan, c'est
un pseudo, vous le saviez ?
Bien sûr. En fait il s'appelle
Robert Crécelle mais bon
avec un nom pareil c'est sûr
qu'il n'aurait pas été
crédible pour chanter Blowin'
the wind. Tiens, je vous en chante
un passage comme ça ?
A
cappella ?
Je préfère ici.
Et
puis non ! Je suis à la bourre...
d'un coup, je me rappelle que je
dois faire encore après vous
l'interview de Julien Doré
avant l'heure du goûter.
Dommage.
Trois
questions pour terminer.
Je vous en prie.
A
quoi ça sert de chercher
la lumière puisqu'il n'y
a rien à voir ?
C'est une bonne question. Je pense
qu'il vaut mieux rester dans le
noir mais, bon, sans bouger, manquerait
plus qu'on se casse la gueule.
Dis-moi,
Céline, qu'est-il donc devenu
ce gentil fiancé qu'on n'a
jamais revu ?
D’abord je ne vous permets
pas de me tutoyer, en plus, vous
faites erreur, moi, c’est
Hugues.
Et
Stewball comment il va ?
Malheureusement depuis le temps
il est mort.
Oh,
comme c'est triste...
Puis j'ai quitté Hugues Aufray
avec un certaine mélancolie
alors que j'étais en fait
avec ma copine Sylviane qui m'attendait
dans la Logan, écoutant à
fond le dernier titre de Sardou
: "Femmes des années
2020". Une fois parti, je retrouvais
vite le moral pensant d'un coup
que bientôt je pourrai m'acheter
les nouvelles adaptations des chansons
de Dylan dans son prochain cd "Aufray
rechante Dylan live à Aubenas".
________________________________________
l'image
du jour
Don't
think twice, it's all right !
On comprend que Bob
fasse la gueule, il a encore foiré
son imitation d’Hugues Aufray.
|