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CHRONiQUES MUSiCALES

AUtRES

Musicien pour
musicien

Alan Holdsworth Group
Then!
(2003)


Il est des musiciens qu'on appelle "musiciens pour musiciens".
De quoi s'agit-il ?

Il s'agit de musiciens que ne peuvent réellement apprécier que ceux qui jouent d'un instrument. Ici avec Allan Holdsworth (qui nous a quittés en 17) ce sont bien sûr ceux qui jouent de la guitare.

Ces musiciens pour musiciens sont donc de grands spécialistes de leur instrument. Holdsworth fut en conséquence un grand technicien de la guitare.

A l'écoute de cet album, il s'instaure comme un dialogue entre le guitariste émérite (Holdsworth) et l'apprenti guitariste (toi ou... toi) du style :

Court dialogue :

Holdsworth : T'aimes ce que je joue ?
Toi : Putain, t'es trop fort !

En plus Holdsworth fut un vieux briscard blanchi sous le harnais. Il joua avec plein de monde et même plus. Vois un peu et en vrac : Soft Machine, Bill Bruford, Jack Bruce, Ian Carr, Stanley Clarke, Pierre Moerlen's Gong, Herbie Hancock, Krokus, Level 42 (c'est l'exception qui confirme la règle !), Jean Luc Ponty, Tempest, UK, Tony Williams Lifetime, John Wetton, etc...

Donc souvent partie prenante du même projet que des musiciens catalogués "underground" Holdsworth acquit quelques lettres de noblesse auprès d'une certaine critique un peu snob qui le comble de louanges sans avoir bien sûr eu le courage d'écouter le moindre de ses disques.

Et cette façon atypique qu'il avait de continuer sa route loin des tiroirs-caisses alors que vu sa compétence, il aurait pu se fourvoyer dans quelques atrocités rockinrolleuses propres à exciter les sourds et remplir les stades, rend le personnage sympathique même si la pochette de son album est vraiment moche.

Accompagné ici, dans cet album live, par des musiciens aussi bons que lui (il ne va pas jouer avec des nullos) il évolue tout en dextérité dans un genre appelé crossover ou jazz-rock (c'est comme on veut) et je le classe dans le jazz. Soit une musique hyper compliquée, un peu froide et démonstrative qui prend ses racines dans les délires électriques et glacés du John Mclaughlin et son orchestre mahavishnien des années 70.

En conséquence, je trouve la musique d'Holdsworth plutôt ennuyeuse. Et pourtant je joue du clavier (souvent) et parfois du cor mais uniquement le soir au fond des bois. Ah, j'aime le son du cor ! J'en joue si bien qu'il réussit à chanter les pleurs de la biche aux abois ou bien l'adieu de ce con de chasseur que l'écho faible accueille et que le vent du nord porte de feuille en feuille.