Il
est des musiciens qu'on appelle
"musiciens pour musiciens".
De quoi s'agit-il ?
Il s'agit de musiciens que ne
peuvent réellement apprécier
que ceux qui jouent d'un instrument.
Ici avec Allan Holdsworth (qui
nous a quittés en 17) ce
sont bien sûr ceux qui jouent
de la guitare.
Ces musiciens pour musiciens sont
donc de grands spécialistes
de leur instrument. Holdsworth
fut en conséquence un grand
technicien de la guitare.
A l'écoute de cet album,
il s'instaure comme un dialogue
entre le guitariste émérite
(Holdsworth) et l'apprenti guitariste
(toi ou... toi) du style :
Court dialogue :
Holdsworth : T'aimes ce que je
joue ?
Toi : Putain, t'es trop fort !
En plus Holdsworth fut un vieux
briscard blanchi sous le harnais.
Il joua avec plein de monde et
même plus. Vois un peu et
en vrac : Soft Machine, Bill Bruford,
Jack Bruce, Ian Carr, Stanley
Clarke, Pierre Moerlen's Gong,
Herbie Hancock, Krokus, Level
42 (c'est l'exception qui confirme
la règle !), Jean Luc Ponty,
Tempest, UK, Tony Williams Lifetime,
John Wetton, etc...
Donc souvent partie prenante du
même projet que des musiciens
catalogués "underground"
Holdsworth acquit quelques lettres
de noblesse auprès d'une
certaine critique un peu snob
qui le comble de louanges sans
avoir bien sûr eu le courage
d'écouter le moindre de
ses disques.
Et cette façon atypique
qu'il avait de continuer sa route
loin des tiroirs-caisses alors
que vu sa compétence, il
aurait pu se fourvoyer dans quelques
atrocités rockinrolleuses
propres à exciter les sourds
et remplir les stades, rend le
personnage sympathique même
si la pochette de son album est
vraiment moche.
Accompagné ici, dans cet
album live, par des musiciens
aussi bons que lui (il ne va pas
jouer avec des nullos) il évolue
tout en dextérité
dans un genre appelé crossover
ou jazz-rock (c'est comme on veut)
et je le classe dans le jazz.
Soit une musique hyper compliquée,
un peu froide et démonstrative
qui prend ses racines dans les
délires électriques
et glacés du John Mclaughlin
et son orchestre mahavishnien
des années 70.
En conséquence, je trouve
la musique d'Holdsworth plutôt
ennuyeuse. Et pourtant je joue
du clavier (souvent) et parfois
du cor mais uniquement le soir
au fond des bois. Ah, j'aime le
son du cor ! J'en joue si bien
qu'il réussit à
chanter les pleurs de la biche
aux abois ou bien l'adieu de ce
con de chasseur que l'écho
faible accueille et que le vent
du nord porte de feuille en feuille.