Si je suis allé au hellfest,
c’était uniquement
pour m’afficher au bras d’une
pouf en mini short. Seulement j’y
suis allé avec A. qui n’est
pas une pouf et qui n’avait
pas de mini short. Je suis du genre
à fréquenter des filles
distinguées... Donc, d’emblée,
j'avais tout faux. D'ailleurs, pour
ne rien vous cacher, je portais
même un t-shirt Stratovarius,
la marque des perdants, qui ne me
valut que le mépris d’un
métalleux tout juste aviné
qui apposa sur mon flocage un doigt
(celui du milieu). Voilà
ce que tu es devenu, Stratovarius,
la risée du tout Métal.
Mais peut-être l'as-tu toujours
été.
Adagio
Pour
Adagio nous étions quatre
pelés, par un soleil de plomb,
à 11h30. Palin trépidait
vaille que vaille, à droite,
à gauche, jusqu'au pied de
la scène. Codfert pianotait
brillamment entre un jeu de nuque
giratoire de grande envergure et
quelques signes à la foule.
Forté n'était pas
branché mais les mecs de
la régie s'en tapaient. Ils
étaient heavy métal
jusqu'au bout, fuck you à
l'assemblée. Deux semaines
après, je me souviens de
"Seven Lands Of Sin",
l'un des rares morceaux que je connaissais.
ADX
& Despised Icon
Peu
après midi, j'ai entrevu
les papys d'ADX avec leur noyau
de fans survoltés et le refrain
détonant de "Caligula".
Ensuite vint l'heure de grailler.
M. et moi optâmes pour le
sandwich à la fondue savoyarde,
près de la Terrorizer Tent
!! Là jouait Despised Icon,
un groupe de deathcore québécois
dont le discours était à
peu près celui-ci : "Nous
on vient du Québec, on ne
parle pas exactement le même
français que vous, on espère
que vous comprendrez". Et là,
riffs déplombés d’une
folle brutalité avec sono
idoine puis le mec s’arrache
quatre cordes vocales en un cri
guttural lui aussi déplombé
et fort à propos. Et effectivement,
je n’ai pas compris ce qu’il
a dit à cause de son accent.
Je
décerne immédiatement
à Despised Icon la boucle
de ceinture "fuck you"
:
Pain
of Salvation
A
14h25, je me souviens, il y avait
Holy Shit. Ou bien fut-ce Holy Hell.
Bref, un groupe avec une gonzesse,
sans grand intérêt.
Ce que j'attendais, moi, c'était
Pain Of Salvation. Seulement, l'exposition
prolongée au soleil, voyez-vous,
ce n'est pas mon truc. Et si je
passerai finalement onze heures
en plein cagnard, à ce moment
là, je n'y étais que
depuis quatre heures et je voyais
déjà poindre la petite
mort. Sachez cependant que cuire
à Clisson m'a permis d'être
beau comme un Dieu pendant deux
jours, soit du jeudi 25 à
8h20 jusqu'au samedi 27 juin à
2h30. J'ai des témoins. Tout
ce qui était lié à
moi devenait parfait : mes blagues
étaient drôles, ma
coupe de cheveux sexy, mon rire
charmeur, mes yeux pétillaient
et même mes chemises - que
je porte depuis deux ans - m'allaient
soudain divinement bien. Aujourd'hui
je suis redevenu anodin. Comme quoi,
en 2009, l'humain juge toujours
son prochain à sa couleur
de peau.
Chez
POS, Gildenlöw faisait penser
à un chanteur de pop anglaise
avec sa chemise bariolée,
Hallgren avait des dreads d'enfer
et Schelander ressemblait à...
rien. Chez POS, ce qui me rebute,
en studio, c'est l'absence de mélodie
sympa, l'absence de solo, l'absence
de couilles et le trip "mec
qui souffre". Non, je ne parle
pas d'Anathema, je parle bien de
POS. Au Hellfest, s'il n'y a toujours
pas de solo (ou très peu),
que Gildenlöw - malgré
sa chemise de surfeur - a toujours
très mal, on ne peut pas
dire que le groupe manque de couilles.
Et ces couilles ont fait passer
des titres qui me laissent habituellement
de marbre même si la set-list
était plutôt bien orientée.
Et notons la présence du
break instru de "Nightmist"
dans "Diffidentia".
Dragonforce
& Epica
Ensuite
il y a eu une pause, encore. Celle
ci se fit sur un point d'ombre de
quatre mètres carré,
ce qui est assez rare pour un point.
Disons qu'il devait faire quatre
mètres de diamètre.
Et sur ces quatre mètres,
ma foi, des centaines de personnes.
Déjà le terre plein
commençait à l'être
(plein) pour Dragonforce, l'un des
groupes les plus fendards de la
planète avec leur claviériste
en falzar fluo vert. Leur prestation
ne m'a pas inspiré grand
chose, pas davantage que celle d'Epica,
à 17h25. Oui, l'heure avance
beaucoup plus vite en compte rendu
que lorsqu'on écoute Dragonforce.
Comme en studio, Epica ne vaut rien
ou très peu. Disons qu'ils
valent pour Simone Simons qu'il
n'est pas possible de voir lorsqu'on
écoute le cd. Cela dit, elle
a toujours l'air de s'emmerder à
300 à l'heure.
Stratovarius
Bref,
les groupes pour ados passés,
Stratovarius pouvait se pointer.
Présenté ainsi, vous
pourriez penser que Stratovarius
n'est pas un groupe pour ados. Il
n'en est évidemment rien
et je vous prierai de ne pas faire
grand cas de mes formulations. Faites
plutôt quelque chose de plus
intéressant, comme, par exemple,
lire Proust. Il n'empêche,
cependant, que si Strato est un
groupe pour midinettes, il est dorénavant
surtout un groupe de reprises. Kotipelto,
Michael, Johansson, truc et truc
jouent dans un tribute band et n'existent
plus que par leurs tubes passés.
Chacun fait le minimum, comme s'il
travaillait dans un centre de documentation,
et nous sert une set-list de singles
:
Hunting High and Low
Deep Unknown
Kiss Of Judas
Speed Of Light
Winter Skies
Phoenix
Eagleheart
Black Diamond
Queensrÿche
Ensuite
il y eu Queensrÿche. Oui, vous
lisez bien, QUEENSRYCHE ! Les mêmes
mecs qui enregistraient "Operation
mindcrime" il y a vingt et
un ans, le best album EVER. Moi
assistant à un concert de
Queensrÿche, voilà une
révélation aussi absurde
que disons... moi assistant à
un concert de Guy Marchand. Ridicule,
n'est-ce pas ? ET POURTANT ! J'étais
à Queensrÿche comme
j'étais à Guy Marchand.
Je suis comme ça, moi, éclectique,
inhomogène, en somme, je
suis un homme pluriel, imprévisible,
imprévoyable, en somme, vous
n'êtes pas capable de savoir
ce que sera ma prochaine phrase.
Moi
non plus d'ailleurs. Attendez...
ah oui. Donc, disais-je, j'ai assisté
(de loin) au concert de Queensrÿche
avec Geoff Tate et son feeling légendaire.
Le pauvre a tenté vaille
que vaille de surnager avec sa voix
colossalement maniérée
de néo-progueux. C'était...
désagréable. Sans
grande erreur possible, la prestation
de Queensrÿche a été
la plus difficilement supportable
de tous les groupes que je voulais
écouter.
Europe
A
20h00, dans la Rock Hard tent jouait
les doom-stoneriens de Cathedral.
Je les ai peu vus et je n'en garde
aucun souvenir. Par contre, Europe,
je m'en souviens. J'ai tenu trois
chansons avant de m'en retourner
dans la tente susdite pour attendre
Moonspell dans le calme. Et comme
de bien entendu, pour le morceau,
le seul, qui aura réuni le
plus extrême des black métalleux
et la plus tapette des white metalleuse,
je n'étais pas là.
Oui, vous avez bien lu, j'ai raté
"The final countdown",
la seule chanson du festival que
TOUT LE MONDE connait. C'était
la communion, voyez-vous, le moment
clé de la soirée,
cinq minutes durant lesquelles les
barrières disparaissaient
et tout le monde s'aimait. Ce n'est
que le lendemain, sur les forums
métal, que les vrais métalleux
ont insultés les faux métalleux
avant de les traîner dans
la boue comme des merdes. Quoi qu'il
en soit, Tempest faisait tourner
son pied de micro et se démenait
comme un diable mais musicalement,
je me suis un peu fait chier.
Moonspell
Ensuite,
comme la nuit tombait, il y eut
Moonspell. Rien de tel que le crépuscule
pour se foutre Ribeiro dans les
portugaises (si j'ose dire). Leur
set était bigrement mortel.
Derrière une bronca fantasmagorique
de batterie jouée à
la massue et un mur de riffs, Fernando
éructe comme un damné
avec des poses de gourou devant
un parterre de zélateurs
brûlants. Moi-même,
j'étais chaud comme la braise,
entouré d'ibères et
de M. qui ne manquait pas d'hurler
son fanatisme sur "Alma Mater".
Moonspell a été une
des deux bonnes surprises avec Pain
of Salvation;
Dream
Theater
DT,
en concert, ce n'est pas la panacée.
Vous êtes malheureux, soucieux,
préoccupés ? Allez
voir DT et vous constaterez que
ça ne changera rien. La bande
à Portnoy, je l'avais trouvée
sympathique en 2004, un peu chiante
en 2007, carrément emmerdante
en 2009. Généralement
je leur reproche leur set list pas
très inspirée (pour
un groupe qui a tout de même
composé pas mal de titres
que j'aime) avec, notamment, "Beyond
this life" ou "In the
presence of ennemies". Sur
"SFAM", choisir uniquement
"Beyond this life" est
quasiment criminel, d'autant qu'ils
ne jouent que six titres, enchaînent
les passages de masturbation sans
sourciller et parviennent à
placer le single anecdotique de
leur dernier album. Il restait "Voices",
éventuellement, et surtout
"Metropolis" que je n'avais
jamais entendue en concert. Evidemment,
le break instru était d'une
longueur indécente mais nous
savons que les gars de DT aiment
se l'astiquer. Une nouvelle déception,
en somme, à ranger avec Queensrÿche
(sans commune mesure, cependant).
Manowar
Alors
que les épaves dorment à
même le sol, que certains
s'en vont se réchauffer auprès
du feu de bois, que d'autres pissent
n'importe où et que le froid
breton commence à se sentir,
Hatebreed termine de remuer les
foules. Pour vous donner une idée,
Hatebreed, ce sont des mecs avec
les cheveux courts qui sautent.
Peut-être portent-ils des
bermudas.
Nous
voilà donc lundi 22 juin,
vers 1h00 du matin, lorsque Manowar
daigne se pointer après une
intro foutrement longue et pompeuse.
Il faut bien ça. Wimps and
posers, leave the hall. Leur concert
est digne des attentes, jusqu'au
trip caricatural de bikers burnés
avec cuir et tatouages. Les mecs
balancent tous leurs classiques,
"Manowar", "Brothers
of metal", "Kings of metal",
"The Gods Made Heavy Metal"
(le mot "metal" est important)
ou bien "Hail and Kill".
Le public connait parfaitement le
truc et sait qu'à "kill
with power !", il faut répondre
"die !! die !!". Manowar,
ça ne s'invente pas.
Et
puis il y a les speechs interminables
(au moins 30 minutes) d'une prétention
rare pour asseoir davantage le concept
inénarrable du groupe. Manowar,
c'est la rébellion, c'est
la coolitude extrême et ce
sont surtout des balls of steel
de dix kilos chacune. Karl Logan
était discret et propre,
Eric Adams couillu et braillard
et De Maio finissait par ne plus
s'exprimer que par effets larsen
avant d'en arracher ses cordes dans
une mise en scène histrionique
électrisée. Ils s'en
allèrent finalement sur "The
crown and the ring" avec feux
d'artifice. C'était 3h du
matin.
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