D'aucuns affirment que la télé c'est de la merde. Certes, pourrais-je vous répondre mais je rajouterai qu'il faut savoir aussi fouiller un peu dans les programmes.

Justement l'autre soir vers minuit et des poussières il y avait sur France 3 un concert de Charlie Haden et The New Liberation Orchestra featuring Carla Bley donné à Marciac en 2004. J'ai donc alors fourbi mon magnéto...

Ce concert s'était passé quelques temps avant les élections américaines et Charlie Haden toujours sur la brèche commença son set en disant, je cite : "Nous sommes en croisade pour envoyer Bush et Cheney sur l'île au diable !" .
Vaste programme.

Carla Bley - qui avait toujours sa superbe coiffure -, s'était chargée des arrangements classieux. Elle parle de musique méchante, désaccordée. Je rajouterai : triste et comme "non jouée". Un peu (et dans un autre style musical bien sûr et de façon nettement moins agressive) comme l'hymne américain proposé jadis par Hendrix à Woodstock.

On y trouve trois thèmes traditionnels ("America the beautiful", "Amazing grace" et "Going home"), mais aussi "Through out" de Bill Frisell, "This is not America" de Pat Metheny et "l’Adagio" de Samuel Barber initialement prévu pour un quatuor à cordes.

Le grand orchestre est rutilant, le son des cuivres royal et les improvisations inspirées. Notamment Chris Creek (tenor sax) et Michael Rodriguez (trompette). L'ensemble est assez prenant, le plus souvent très mélancolique entre musique de fanfare revisitée et jazz bluesy façon Nouvelle-Orléans. Le tout servi par de belles mélodies. Du coup c'est nettement plus accessible que le tout premier Liberation Music Orchestra des années 60.

Bref, cette petite heure d'un jazz que la téloche offre avec la plus extrême parcimonie, fut un grand moment de musique.

Vous ne l'avez pas enregistré ? Tant pis pour vous.