Georges
Brassens
Il
Passe Sa Mort En Vacances !
L'autre jour, un brin nostalgique,
j'étais parti me recueillir
sur la plage de Sète.
Après
avoir mis en marche mon lecteur
MP3, je m'étais assis sur
le sable regardant fixement la mer.
Deux enfants faisaient voler un
cerf-volant. Un chien courait. Un
vieil homme marchait avec sa canne.
Je
me suis allongé sur le sable
humide et une compil de Brassens
dans les oreilles, je me suis endormi.
Une
voix grave derrière moi me
réveilla en sursaut. C'était
Georges Brassens en personne qui
m'interpellait !
Tout
étonné, je lui ai
demandé ce qu'il faisait
là. Il m'a répondu
qu'il était chez lui sur
cette plage. Je l'ai questionné
sur sa santé. Il m'a dit
que ça pouvait aller. Que
du moins il n'aurait plus jamais
mal aux dents.Il passait là
ses journées. Tranquillement.
En éternel estivant. L'hiver,
c'était plutôt morne,
il s'ennuyait un peu. Mais l'été,
ça s'agitait et ça
l'occupait. Il regardait passer
les gens. Il en voyait de toutes
sortes. De quoi en faire quelques
chansons !
Je
lui ai demandé, curieux,
comment était la mort. Il
me répondit qu'elle n'était
pas vraiment comme il l'avait chantée,
brandissant une longue faux d'agronome
qu'elle serrait dans son linceul.
Je
l'interpellai alors sur les affaires
du monde. Il répondit simplement
par un petit sourire.
Je
lui fis remarquer qu'il n'y avait
pas de petit trou moelleux, d'espèce
de pin, de femme-poisson, d'ondine
venant gentiment sommeiller. Il
me répondit que tout cela
lui importait peu. Il était
finalement mieux là qu'au
Panthéon.
Après,
nous avons marché un temps
sur le sable. Il m'a raconté
sa plage, sa ville. Puis, Il se
laissa aller, un brin nostalgique,
à quelques souvenirs.
Des
gens passaient près de nous.
Aucune personne ne semblait le reconnaître.
Un vieil homme sifflait "L'auvergnat".
Brassens sourit. Je lui fis part
de mon étonnement devant
l'indifférence des gens.
Il me répondit que ça
venait tout simplement du fait qu'il
était bel et bien mort. J'étais
donc le seul à posséder
le grand privilège de le
voir !
Au
bout d'un moment, j'osai enfin lui
demander s'il avait une petite chanson
dont il pourrait me faire profiter.
Il prit alors sa guitare qui se
trouvait près de lui sur
le sable. Puis Il entama quelques
accords et comme il commençait
à chanter, un bruit me fit
sursauter. Je me suis soudain réveillé.
Des enfants passaient en courant,
criant et riant. Plus de guitare.
Plus de chanson. Brassens avait
disparu.
Alors, un peu déçu,
j'ai quitté la plage de la
Corniche à Sète juste
au bord de la mer, à deux
pas des flots bleus.
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