Electric
Masada fut un projet un peu
déjanté du saxophoniste
américain John Zorn,
musicien déjanté
lui aussi.
Il s'agit d'une sorte de confluence
de la fusion créée
par Miles Davis (à partir
de "Bitches brew"
jusqu'à ses albums live
les plus ravageurs de la même
époque) avec le King
Crimson du milieu des années
70 et le Mahavishnu de McLaughlin.
C'est sûr qu'on pourrait
penser - si on connaît
tous les groupes susnommés,
bien sûr - qu'il y a pire
comme influences. Le tout est
remis au goût du jour.
C'est à dire avec une
puissance extrême et un
son très léché.
Ce délire sonore très
organisé est fait d'une
section rythmique nerveuse avec
des percussions façon
Santana, des claviers comme
pris aux Hancock, Corea et Zawinul
d'antan sur lesquels on a ajouté
quelques bidouillages électro
mais à peine distincts.
C'est tant mieux.
Sur cette rythmique diabolique,
Zorn propose des envolées
d'un sax alto assez brûlant,
parfois limite inaudible car
voisin de celui de Gato Barbieri,
c'est à dire un peu free-jazz.
Un guitariste nommé Marc
Ribot - bien que peu inventif
et tout dans les stérotypes
- assume au maximum car il s'agit
d'un album live pris sur le
vif à Moscou et Ljubljana
que l'on peut prononcer lioubiana.
L'ensemble est donc très
énergique, pas forcément
avant-gardiste mais possédant
un réel attrait et un
gros pouvoir hypnotique. C'est
fort, dense, jouissif et puissant
même si quelques passages
free m'emmerdent un peu et que
le coup des deux CDs avec des
titres proposés en deux
versions pas réellement
différentes ne me semble
pas très élégant.