"Duel" est un film choc. L’histoire est prenante : un gus fêlé poursuit avec un gros bahut tout en ferraille un pauvre bougre dans sa voiture très années 70 qui ne lui avait rien fait (lui, pas la voiture).

Pour corser le tout le camion tout rouillé du barjot va à une vitesse folle dans des contrées au milieu de nulle part, même qu’on y rencontre que quelques vieux égarés dont on se demande ce qu'ils peuvent encore y foutre pour ne pas s'emmerder. C’est sûr que j’y passerai pas mes vacances. La Lozère, à côté, c’est Ibiza.

Donc, dans ces lieux hostiles, les gars se tirent la bourre, se la jouent vitesse à outrance, même que le film aurait pu s‘appeler « Je te suis, tu me suis », « Par où t’étais passé, je t’ai pas vu doubler » , « C'est moi que je suis le plus rapide » ou un autre titre sûrement.

Parfois on s‘arrête un peu, le film doit durer ce qu’il doit et faut pas lasser. Le gars poursuivi se fait une petite sieste ou téléphone à sa femme restée là-bas ou taille une bavette avec des vieux qui trainent désoeuvrés par là. Il y a aussi quelques scènes aux dialogues ciselés (le resto notamment où on peut deviner Jean Reno dans le rôle d'un camionneur qui s'envoie une bière).

Un extrait si tu le veux bien de la scène du resto à haute teneur psychologique dans un climat très bergmanien :

C’est à qui le bahut, là dehors ?
C’est pas moi !
C’est qui alors ?
J'en sais rien.

Tout cela donc calme un peu le jeu de ce chef-d’œuvre à revoir encore et encore. Il doit passe tantôt sur TV Breizh vers 1h 30 du mat. Noublie pas.

Le conducteur de la voiture, c’est Dennis Weaver un gars qui sait bien jouer le mec qui change vite de faciès. C‘est indubitablement un grand acteur, d’ailleurs il a eu la carrière qu’il méritait. Le chauffeur du camion est joué parait-il par Christophe Lambert mais comme on ne le voit jamais, ça reste à prouver.

Mais le meilleur moment du film c’est quand apparait Stallone jouant le conducteur du car scolaire. Il est dans un de ses meilleurs rôles même qu’on pense un peu à Harrison Ford dans "Blade Runner : putain, il pleut encore !" mais en plus émouvant ou à Rocco Siffredi dans "Eteins la lumière, j’y vois que dalle" mais en plus musculeux.

Le film s’achève par une scène ahurissante que je ne te raconte pas car je sais que tu n'as pas encore vu ce superbe road-movie.

Ceci mis à part, on en saura jamais ce que sont devenus les serpents échappés de la station service mais bon, je m'en fous un peu, j’ai horreur de ces bestioles...

Bref, par sa réalisation pointue et musclée le film fait penser un peu à "L'attaque des brocolis" et à côté de "Duel", "Fast And Furious", c’est "Boulevard de la mort".

Quelques clés pour mieux comprendre :

Stallone : acteur comique des années 80
Christophe Lambert : acteur comique des années 90
Jean Reno : acteur français spécialiste des rôles de composition, notamment celui du mérou neurasthénique qui se fait bouffer par la baleine dans le remake de "Moby Dick".
Rocco Siffredi : acteur comique italien dont le plus beau rôle fut son dernier, émouvant dans "N'insultez jamais une verge qui tombe".
Harrison Ford : restera à jamais celui qui aurait dû avoir l'Oscar pour son rôle du gorille dans "La guerre des étoiles".
Dolph Lundgren : joua le rôle du piéton écrabouillé par le bahut en folie mais la scène, jugé trop crue, fut malheureusement supprimée au montage.
Fast and Furious : un road-movie où des primates avec des muscles en plastoc discutent philosophie dans des bagnoles en 3D.
Boulevard de la mort : film où trois nanas hyper burnées racontent des conneries pendant des plombes avant d'aller péter la gueule à Kurt Russell qui s'était trompé de film.
L'attaque des brocolis : chef-d'oeuvre du cinéma d'action peu connu et critiqué ICI.