Dream
Theater
Octavarium
(2005)
Dans la série y-a-toujours-une-antique-daube-de-Dream-Theater-qu'on-se-doit-de-chroniquer-pour-se-marrer-un-peu-quand-on-s'appelle-effet-larsen
voici en cette joviale journée
un autre truc édifiant
de ce désopilant combo
dont il faut savoir en priorité
qu’il y a d’abord
LABRIE.
Ce dernier, Caruso de superette
gavé au metal prog, tente
toujours de hausser le ton avec
une pugnacité qui inspire
le respect. Inspire, James.
Mais comme le disait l'abbé
Pierre, dont on ne sait pas
s'il préférait
les chants grégoriens
au metal prog :
"LaBrie ne fait pas le
moine".
En
effet, derrière ce LaBrie-là,
il y a du monde et sûrement
pas des anachorètes.
Et ça se bouscule au
portillon de la performance
de haut vol. Soit quatre pointures
dans les starting-blocks.
Vois
plutôt :
Petrucci joue beaucoup plus
vite que son ombre. Même
la nuit. Et sûrement plus
vite aussi que les trois mille
six cents guitaristes du metal
prog réunis. Portnoy
n'est pas un batteur à
deux balles. A cymbales plutôt.
Et il joue toujours en solo.
Pas chiche pour un sou le bougre.
Et ça fait des grands
tchhhhhhh. Et puis il y a le
Rudess qu'en finit pas de vibrer.
Il est très fort aussi.
Et même capable de faire
du Keith Emerson, trente ans
après, alors qu'il y
a prescription. Quant à
Myung, c'est un bassiste qui
réussit à se faire
entendre de temps en temps.
C'est le Myung qu'il pouvait
faire. Subséquemment,
il peut arrêter de faire
la gueule.
Donc, en plus du phénomène
LaBrie, Dream Theater est victime
du syndrome nous-on-joue-plus-de-notes-que-les-trois-mille-six-cents-musiciens-du-metal-prog-et-peut-être-sans-les-mains-et-même-la-nuit.
Du coup, on se trouve pris de
furieux maux de crâne
(enfin moi du moins, le fan
peut-être pas après
tout, sinon il ne serait plus
fan où alors il se shoote
à l'aspirine). Oui, l'angoisse
me gagne face à certains
passages (dans "Sacrified
sons" et "Octavarium"
notamment) où le souci
onaniste l'emporte encore (ne
cherche pas l'adjectif, c'est
un néologisme que je
viens d'inventer). En clair,
aux instants épiques,
Portnoy l'emporte sur Petrucci.
Puis, Petrucci sur Rudess. Rudess
sur Myung. Petrucci sur Portnoy.
La frime sur la sobriété.
Le théâtre sur
le rêve. Et Labrie sur
tous les autres.
En effet, les deux titres susnommés,
qui paraissaient intéressants
aux premières minutes,
tournent vite au supplice, passent
à la démesure
(deuxième partie d' "Octavarium"
entre autres) avant que dans
le paroxysme du délire,
on lâche LaBrie à
la bride - pardon - on lâche
la bride à LaBrie dont
on se demande si nos quatre
fiers esthètes ne font
pas exprès de le laisser
s'égosiller de la sorte.
C'est sûr qu'ils y gagnent,
les fourbes. Ils ne veulent
pas de devenir les accompagnateurs
de leur chanteur. James
LaBrie and The Dream Theater.
Jamais !
Certains rabat-joie te diront
que dans cet album on reconnaît
comme des relents du sous-marin
de Bono (le sauveur de l'humanité
l’année d’avant
et éventuellement chanteur
de stade ce soir même).
D'autres, aux oreilles affutées,
vous lanceront qu'on peut percevoir,
de ci de là, un chouïa
de la trilogie à l'ami
Bellamy, du Floyd pur jus et
un zeste de George Michael (en
moins beau bien sûr, mais,
LaBrie, lui au moins, il se
rasait).
Et alors, qu'est-ce que cela
peut faire, questionne-je tout
de go ? En effet, Oasis a bien
pompé sur les Beatles,
Keane sur Coldplay, La Penne
sur Huveaune, Josette sur Maurice,
Muse sur Radiohead...
A cet instant de la chronique
tu pourrais demander (si tu
es arrivé jusque-là
car aujourd'hui je fais un peu
long) : "Dream Theater
copiait-t-il Radiohead ?"
A mon avis, cette question est
assez nulle.
En plus, il faut savoir que
les morceaux où l'on
sent, comme qui dirait, une
influence, sont loin d'être
les plus mauvais. Et même
meilleurs que les originaux.
Supposons
un instant que la marque de
disque de nos lascars sorte
"I walk beside you"
sous le nom de U2. Le tout avec
une belle promo et éventuellement
de superbes lunettes noires
pour LaBrie. Dream Theater se
serait retrouvé rapidement
en tête des charts d'ici
et d'ailleurs où l'on
aime la musique formatée
et immédiatement consommable
avant d'être jetée.
Imaginons, cher ami, que "Panic
attack" ou "Never
enough" arrivent en blindtest
aux oreilles des fans de Muse
(oui, ils en ont). Ils partiront
illico chez leur disquaire favori
se procurer ces merveilles.
Car, force est de constater
que ces deux titres sont sans
conteste les meilleurs qu'a
enregistrés à
ce jour le trio anglais.
Bref, avec "Octavarium"
on commence dans le bourrin.
Puis un peu de variétoche
éclabousse. Parfois le
Domingo du metal prog ne se
contient plus. Ca boursoufle
dans les moments d'euphorie.
On se laisse moins aller à
la branlette instrumentale que
précédemment.
Les envolées solistes
de guitares jouissives sont
mises au rebut. Et le calque
tient souvent lieu d'inspiration...
La
routine, ou presque.