Avant cet album, je n'avais jamais
écouté d'oeuvres
de Di Meola en solo (hé
oui) et face à ce cd, j'étais
en fait un peu perplexe. D'abord
Di Meola a enregistré à
l'époque où le jazz-rock
tenait le haut du pavé
avec un McLaughlin' pétant
le feu et tirant derrière
lui toute une armada de suiveurs
pas forcément doués.
C'était qui le plus fort
?
Ensuite, on connaît la maîtrise
technique du bonhomme et le risque
qu'il en fasse trop. En outre,
il est accompagné ici par
quelques stakhanovistes du genre.
A savoir Gadd (drums), Jackson
(bass), Lewis (percussions) et
l'incontournable Hammer (keyboards).
Des requins sans âme ? Peut-être
pas après tout.
Bref, le risque de déception
s'avérait important.
D'abord
je regarde la pochette. Bon, le
sympathique Al a un look "fin
70" qui ne rassure pas vraiment.
L'habit ne fait pas le jazzrockeur,
bien sûr, mais cela peut
présager un côté
ringard de la chose (comme d'ailleurs
99% des albums de ce genre de
musique qui, aujourd'hui, n'ont
pas passé le cap des années).
Puis, il y a la belle danseuse
au second plan qui me laisse penser
à quelques envolées
dans la musique latine et pourquoi
pas le flamenco, cette belle chose
sans âge. J'adore le flamenco.
Olé !
Tu l'as compris, ami lecteur (et
bravo d'être arrivé
jusque là) cet album a
été bien sûr
une petite surprise.
Il
y a plusieurs points positifs.
D'abord une forte tendance latine
et un petit côté
Santana, période jazz-rock,
années 70 qui ne sont pas
faits pour me déplaire
et qui empêchent beaucoup
cet album d'être rance.
Un batteur au top, une basse agréable
et des percussions plutôt
chaleureuses aussi. Et un DiMeola
pas trop démonstratif.
(Comme c'est la cas dans "Elegant
gypsy" où il aurait
pu facilement glisser sur une
banane fusion qui aurait pu le
faire se casser la gueule et le
mener loin, très loin,
vers, au moins, un bon quart d'heure
de n'importe quoi à attraper
les nerfs.) Mais, soyons rassurés,
il n'en est rien.
"Mediterranean sundance"
est un titre très flamenco
à la guitare acoustique
(avec Paco De Lucia). C'est bourré
de feeling et sensuel en diable.
Soit 5' 10 de bonheur et le meilleur
titre de l'album. Re-Olé
!
Bien sûr, il y a quelques
défauts inhérents
au genre. On trouve de petits
passages prises de tête
à la McLaughlin (dans "Race
with the devil on a spanish highway"
notamment). Comme si tout le monde
devait faire à l'époque
un peu de Mahavishnu orchestra.
Oui, pourquoi donc ?
Mais
l'ensemble est correct et n'a
pas trop mal vieilli. "Elegant
gypsy" possède une
réelle personnalité
et demeure un bon album de jazz-rock
(plus jazz que rock malgré
tout). C'est un correct témoignage
d'une époque dont il ne
reste plus grand chose aujourd'hui.