L'autre jour, c'était la
Toussaint, cette triste époque
où tout ne saurait résister
aux coups redoublés des
vents qui sifflent dans les rameaux
morts... Du coup, voilà
les feuilles sans sève
qui sont tombées sur le
gazon, voici l'errante hirondelle
qui rasait du bout de l'aile l'eau
dormante des marais... Ca, c'est
vite dit, car, ça fait
un bail que j'en ai plus vues
(d'hirondelles)...
Mais,
bon, ça a beau être
con l’automne, il était
temps, tantôt d'écouter
cette triste oeuvre dont la pochette
annonce la couleur, si l'on peut
dire.
Dead Can Dance, c’est un
duo (plus une flopée de
musiciens, il faut ça)
qui propose une musique que d’aucuns
appellent heavenly ou bien gothique,
si on veut.
Gothique, ça ne
veut pas dire qu’il faut
se faire un look à la con
et aller se siffler une bouteille
de Clinton dans un quelconque
cimetière sous la lune
assis sur la tombe d’un
quidam qui aimerait, après
une vie de merde, reposer en paix
dans ces lieux plein de gens qu’on
n’a pas su remplacer. Le
gothique, c’est un genre
musical où il faut créer
une ambiance prenante pas loin
du classique qui fascine (pas
le classique, l’ambiance).
Il faut que ce soit sombre avec
plein d’effets dramatiques
mais pas trop sinon tout le monde
irait se flinguer dare-dare.
Tout au long de cet album que
j'ai dégusté, l'autre
jour, seul au baladeur à
la triste étoile dans un
lieu lugubre égaré
sur une lande gévaudanaise
où pleurait un vent mauvais,
tout en prenant quelques notes
à la lampe torche, j'ai
senti, palpable, la lamentation
de Lisa et Brendan (les deux déconneurs
qui font Dead Can Dance le bien
nommé). Ce sont deux musiciens
emplis de douleur qui veulent
te la communiquer, toi qui aimes
les ambiances tristes qui te siéent
avec un é et puis
un e. C’est con
la conjugaison.
Avec l’aide de moult cordes,
synthés, bois et toutes
sortes de choses aptes à
créer une ambiance des
plus captivantes, nos deux joyeux
lurons laissent vagabonder leurs
voix plaintives pas loin de véhiculer
le mystique. Mais parfois - excès
de tristesse ? exaltation ? je
ne sais pas - ils croient les
fougueux qu’ils sont en
train de jouer le soundtrack de
"Jésus revient !"
et tombent un peu dans le pathos
de pacotille comme on tomberait
dans un bain mièvreux mais
je ne suis pas sûr que cet
adjectif existe. C’est con
le vocabulaire.
Puis, je dus vite fait rentrer
chez moi avant l'instant où
l’aube n’a
plus de zéphire sous ses
nuages dorés et concluons
donc en disant que Dead Can Dance
réussit souvent son coup.
Mais pas assez évocateur
pour moi ni assez profond. J’aurais
aimé quelques effets électroniques
prenants par ci par là,
des voix plus éthérées,
une ambiance brumeuse, de l’angoisse
à foison mais bon ce ne
serait plus heavenly et encore
moins gothique.