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CHRONiQUES MUSiCALES

AUtRES

C'est con
l'automne

Dead Can Dance
Within The Realm Of A Dying Sun (1987)


L'autre jour, c'était la Toussaint, cette triste époque où tout ne saurait résister aux coups redoublés des vents qui sifflent dans les rameaux morts... Du coup, voilà les feuilles sans sève qui sont tombées sur le gazon, voici l'errante hirondelle qui rasait du bout de l'aile l'eau dormante des marais... Ca, c'est vite dit, car, ça fait un bail que j'en ai plus vues (d'hirondelles)...

Mais, bon, ça a beau être con l’automne, il était temps, tantôt d'écouter cette triste oeuvre dont la pochette annonce la couleur, si l'on peut dire.

Dead Can Dance, c’est un duo (plus une flopée de musiciens, il faut ça) qui propose une musique que d’aucuns appellent heavenly ou bien gothique, si on veut.

Gothique, ça ne veut pas dire qu’il faut se faire un look à la con et aller se siffler une bouteille de Clinton dans un quelconque cimetière sous la lune assis sur la tombe d’un quidam qui aimerait, après une vie de merde, reposer en paix dans ces lieux plein de gens qu’on n’a pas su remplacer. Le gothique, c’est un genre musical où il faut créer une ambiance prenante pas loin du classique qui fascine (pas le classique, l’ambiance). Il faut que ce soit sombre avec plein d’effets dramatiques mais pas trop sinon tout le monde irait se flinguer dare-dare.

Tout au long de cet album que j'ai dégusté, l'autre jour, seul au baladeur à la triste étoile dans un lieu lugubre égaré sur une lande gévaudanaise où pleurait un vent mauvais, tout en prenant quelques notes à la lampe torche, j'ai senti, palpable, la lamentation de Lisa et Brendan (les deux déconneurs qui font Dead Can Dance le bien nommé). Ce sont deux musiciens emplis de douleur qui veulent te la communiquer, toi qui aimes les ambiances tristes qui te siéent avec un é et puis un e. C’est con la conjugaison.

Avec l’aide de moult cordes, synthés, bois et toutes sortes de choses aptes à créer une ambiance des plus captivantes, nos deux joyeux lurons laissent vagabonder leurs voix plaintives pas loin de véhiculer le mystique. Mais parfois - excès de tristesse ? exaltation ? je ne sais pas - ils croient les fougueux qu’ils sont en train de jouer le soundtrack de "Jésus revient !" et tombent un peu dans le pathos de pacotille comme on tomberait dans un bain mièvreux mais je ne suis pas sûr que cet adjectif existe. C’est con le vocabulaire.

Puis, je dus vite fait rentrer chez moi avant l'instant où l’aube n’a plus de zéphire sous ses nuages dorés et concluons donc en disant que Dead Can Dance réussit souvent son coup. Mais pas assez évocateur pour moi ni assez profond. J’aurais aimé quelques effets électroniques prenants par ci par là, des voix plus éthérées, une ambiance brumeuse, de l’angoisse à foison mais bon ce ne serait plus heavenly et encore moins gothique.