Dai
Sijie
Par
une nuit où la lune ne
s'est pas levée (2007)
Dai
Sijie a écrit trois romans
que j'ai lus : "Balzac et
la petite tailleuse chinoise",
"Le complexe de Di"
et "Par une nuit où
la lune ne s'est pas levée",
un roman dont le titre parfaitement
asiatique est empreint de la poésie
sous-jacente d'un truc qu'on ne
comprend pas.
Lorsqu'on est bien luné,
et qu'on s'est levé, il
est possible de comparer Dai Sijie
et Milan Kundera. Tous les deux
ont vécu dans des pays
communistes, en ont souffert,
avant de venir en France au milieu
des années 70 où
ils ont écrit des romans
en français. La comparaison
s'arrête là.
"Par une nuit..." est
un livre sur la langue, une initiation
à la culture chinoise,
au bouddhisme et une histoire
d'amour à travers la quête
d'un manuscrit. A propos de cette
lune qui ne se lève pas,
j'ai lu sur internet la chose
suivante :
"On y sent l’influence
de Proust et on y retrouve les
interrogations de Borges."
Ce que j'y ai senti, moi, c'est
qu'il s'agissait d'un faux roman
de lettré. Oui, Dai Sijie
fait des références
à Joyce ou Kafka mais je
peux en faire autant sans qu'on
m'encense. Je n'ai trouvé
dans ce roman - pour ce que j'en
ai lu, l'ennui m'ayant fait sauter
des paragraphes - qu'une grande
stagnation dans le déroulement
d'un récit assez décousu
et sans véritables enjeux,
un livre qui ressemble plus à
de la copie qu'à de la
réflexion. Je n'ai pas
eu autant de mal à boucler
un livre depuis le dernier Houllebecq
en novembre 2005, roman que je
n'ai d'ailleurs pas pu finir,
ayant abandonné à
la 742ème utilisation du
mot "chatte" à
moins que ce ne fut à la
327ème du mot "bite".
Je dirais volontiers, si j'étais
un brin poète et déterministe,
que le destin de "Par une
nuit..." a été
scellé le jour où
je l'ai acheté, lors d'une
cauchemardesque journée
pluvieuse ; mais la vérité,
c'est que son destin a été
scellé le jour où
il a été écrit
parce qu'il ne méritait
pas de l'être ; ou tout
du moins pas sous cette forme.
Le meilleur roman de Dai Sijie
reste "Balzac et la petite
tailleuse chinoise" qui est
grandement autobiographique. Comme
quoi, inventer des histoires,
c'est quand même beaucoup
plus dur.
PS : Le jour où j'ai acheté
"Le complexe de Di",
Dai Sijie était dans les
parages (à l'occasion d'une
conférence sur... je ne
sais plus quoi... la femme chinoise,
peut-être) et avait griffonné
mon bouquin comme celui de dizaines
de personnes.
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