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Un jazz fiévreux...

John Coltrane
Olé Coltrane (1961)

 

Coltrane à l'instar de Miles Davis revisitait en ces temps anciens dans le titre "Olé" la musique espagnole. Pas dans le même style bien sûr. Miles Davis, ce sont d'imposants arrangements d'orchestre cuivrés sur lesquels l'artiste laisse couler une trompette fière et élégante, racée et sensuelle. Coltrane c'est un son plus brut. Fièvre et rythmique imposante. Une musique à la fois aventureuse, profonde et vitale. Un titre qui doit plaire forcément à tous ceux qui aiment se shooter aux musiques progressives.

Coltrane est ici accompagné par quelques musiciens que la présence d'un tel catalyseur d'énergie transcende. Ce sont Reginald Workman et Steve Davis (superbe solo à l'archet dans "Olé") à la contrebasse et le sobre, excellent et inventif Elvin Jones à la batterie. Que ceux qui se pâment devant le jeu tout en frime des petits tapeurs excités du rock l'écoutent, ils voueront aux gémonies leurs délires narcissiques. Ces trois musiciens donnent une incroyable force à la rythmique toujours fascinante dans les oeuvres de Coltrane. Mc Coy Tyner au piano est excellent aussi (très décalé dans "Olé"), fluide et évident ailleurs. George Lane à la flûte et au sax alto, Freddy Hubbard à la trompette et un étonnamment sobre Eric Dolphy au saxophone alto complètent de belle façon cet orchestre magique.

Les autres titres sont plus, disons... classiques mais ne représentent sûrement pas un travail de fonctionnaires fatigués d'un jazz dans les stéréotypes.

"Aisha" est une longue ballade. Triste et belle. Comme la musique d'un thriller hollywoodien des années 60. Pluie. Jeu d'ombre et de lumière. Noir et blanc. Dans "To her layship" Dolphy laisse s'écouler sa flûte magique. "Dahomey dance" proche du blues est superbe d'évidence. Le tout survolé bien sûr de la présence inspirée de Coltrane.

Encore "sage" le mystique Coltrane qui essaie de tirer le maximum de son instrument se prépare déjà à un prochain album encore plus libéré : "A love supreme".