Coltrane
à l'instar de Miles
Davis revisitait en ces temps
anciens dans le titre "Olé"
la musique espagnole. Pas
dans le même style bien
sûr. Miles Davis, ce
sont d'imposants arrangements
d'orchestre cuivrés
sur lesquels l'artiste laisse
couler une trompette fière
et élégante,
racée et sensuelle.
Coltrane c'est un son plus
brut. Fièvre et rythmique
imposante. Une musique à
la fois aventureuse, profonde
et vitale. Un titre qui doit
plaire forcément à
tous ceux qui aiment se shooter
aux musiques progressives.
Coltrane est ici accompagné
par quelques musiciens que
la présence d'un tel
catalyseur d'énergie
transcende. Ce sont Reginald
Workman et Steve Davis (superbe
solo à l'archet dans
"Olé") à
la contrebasse et le sobre,
excellent et inventif Elvin
Jones à la batterie.
Que ceux qui se pâment
devant le jeu tout en frime
des petits tapeurs excités
du rock l'écoutent,
ils voueront aux gémonies
leurs délires narcissiques.
Ces trois musiciens donnent
une incroyable force à
la rythmique toujours fascinante
dans les oeuvres de Coltrane.
Mc Coy Tyner au piano est
excellent aussi (très
décalé dans
"Olé"), fluide
et évident ailleurs.
George Lane à la flûte
et au sax alto, Freddy Hubbard
à la trompette et un
étonnamment sobre Eric
Dolphy au saxophone alto complètent
de belle façon cet
orchestre magique.
Les autres titres sont plus,
disons... classiques mais
ne représentent sûrement
pas un travail de fonctionnaires
fatigués d'un jazz
dans les stéréotypes.
"Aisha" est une
longue ballade. Triste et
belle. Comme la musique d'un
thriller hollywoodien des
années 60. Pluie. Jeu
d'ombre et de lumière.
Noir et blanc. Dans "To
her layship" Dolphy laisse
s'écouler sa flûte
magique. "Dahomey dance"
proche du blues est superbe
d'évidence. Le tout
survolé bien sûr
de la présence inspirée
de Coltrane.
Encore "sage" le
mystique Coltrane qui essaie
de tirer le maximum de son
instrument se prépare
déjà à
un prochain album encore plus
libéré : "A
love supreme".