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Quel moi ?

Albert Camus
La chute (1958)



Introduction fantasque :

A partir d'août d’avant, date importante des temps géologiques, mes lectures n'ont plus de valeur propre. Il existe une ère intellectuellement prospère et florissante qui court d'août au 5 février d’avant (à 18h54 il me semble). Prenons par exemple un ouvrage lu en des temps immémoriaux : "Le marin" de Fernando Pessoa. Je m'en souviens parfaitement, c'était en juin, il y a onze ans, il faisait chaud, j'étais à Montpellier, à côté de la fenêtre. Je l'avais aimé, ce bouquin. Mais ai-je envie de le relire aujourd'hui ? Non. Parce qu'être à côté de la fenêtre et aimer un livre ne lui donne pas de valeur autre que la sienne propre et, disons (même si j'abhorre ce mot), objective. C'était un bon bouquin et c'est bien tout (et c'est déjà pas mal).

"La Chute", c'était septembre, entre "Soie" et "Le banquet" (oui, de Platon). Je l'ai lu au port d'Istres, assis sur une caillasse, face à l'étang de Berre, le regard sur l'horizon, ce qui ne rend pas toujours la lecture facile. La légende veut que ce livre parle de moi. Pas le moi de 1998 ou celui de 2001 mais le moi de septembre. Ce jour-là, j'étais "La chute" d'Albert Camus. C'est écrit, c'est comme ça, ça ne changera plus jamais. Il reste désormais à savoir si "La chute" est également le moi de décembre 2023.

La critique en dix lignes... ou un peu plus :

A Amsterdam, dans un bouge nommé le Mexico-City, Jean-Baptiste Clamence aborde un type. Tout le roman (mais est-ce vraiment un roman ?) est un monologue de Clamence. Son interlocuteur lui parle, de temps en temps, mais jamais aucune de ses paroles ne nous est donnée. Clamence s'avère être un mec vaniteux, un avocat au-dessus du lot. Il se dit plus intelligent, plus sensible, plus adroit que les autres. Seulement un rire entendu sur un pont de Paris le rend conscient de sa suffisance et une femme suicidée d'un autre pont le rend conscient de sa duplicité. Clamence est parfait en apparence mais pourri à l'intérieur. A partir de là, il se remet en question et c'est la chute. Clamence se juge et se confesse auprès de son interlocuteur afin que celui-ci en fasse de même. Moralité : nous sommes tous infects et putrides, quand bien même nous aurions atteint une apparente réussite sociale ou sentimentale. Et évidemment, personne ne songe à se remettre en question. Voilà, ceci est "La chute". Non seulement ce n'est pas le moi de décembre 2023 mais je ne vois pas bien en quoi c'était le moi de septembre.

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un autre grand moment
de littérature
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Frédéric Beigbeder se préparant à recevoir
enfin le prix Nobel de littérature !

- C'est pas trop tôt !