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David Bowie
L'interview

 

 

Ne reculant devant aucun sacrifice et grâce à mon super propulseur tempo-modulateur à rayonnement cosmologique turbo-diesel d'occase, je me suis projeté dans le passé. Plus précisément en 2004 et j’ai alors rencontré le beau et sémillant David Bowie, le seul qui est capable d'être à la mode avant la mode, de ne pas être démodé quand la mode est passée et de devancer une nouvelle mode qui sera vite à la mode avant de passer. C'était un authentique artiste toujours là, dans l'air du temps et au goût du jour déjà passé. Voici ce qui s'est dit et que je vous rapporte in extenso :


Bonjour David, c'est sympa de me recevoir !

Vous avez vu ma super coupe de cheveux ?

Euh... oui.
Pas mal, hein, la coupe ? J'avoue que je suis content de moi ! Ca me rajeunit non ? Combien vous me donnez ?

57 ?... Peut-être plus !
Ah bon ? Tant que ça ?

Mais, pourquoi vous coiffez-vous à la Cobain cette année, le grunge, c'est passé, non ?
Vous n'y êtes pas du tout ! Figurez-vous que l'an prochain, ce sera l'année du néo-grunge !

Toujours à l'affût de la tendance, à ce que je vois, sacré David ?
La tendance, ça me connaît. La preuve, j'ai même été le premier artiste à avoir un site internet.

Comment il s'appelle ?
Bowie.com. Un super site, soit dit entre parenthèses et tout modestie mise à part.

En quoi ça consiste ?
On me voit dans ma chambre quand j'enfile...

Hein ?
Je disais : "quand j'enfile ma robe de chambre rose"... On me voit aussi dans ma cuisine quand je prépare un beacon à la menthe, dans ma salle de bain quand je refais ma coupe à la Cobain du plus bel effet, dans ma bibliothèque quand je relis mes Proust préférés, dans mon salon quand je reçois un journaliste et même aux chiottes. On m'entend ! Je souris ! Je parle ! Je chante ! Je joue de la guitare, du piano, je taquine un peu du saxo. Je suis en 3D, en images de synthèses, en couleur et en stéréo, recto, verso, de face et de profil. On peut même cliquer sur moi !

Ah bon ? Où çà ?
Sur ma coupe de cheveux !

Euh... original.
Je suis même dans un jeu sur PC qui porte mon nom !

Comment ça s'appelle ?
"Bowie versus Predators".

En quoi ça consiste ?
Avec ton joystick, tu déplaces un hyper-héros, moi bien sûr, qui doit trucider toutes sortes de monstres répugnants dans un labyrinthe infernal !

Ca a l'air intéressant.
J'en sais rien... En tout cas, c'est bon pour la promo.

David Bowie, c'est votre vrai nom ?
Non. En fait, je m'appelle Frank Trougnole. Ma mère était une fan de Sinatra.

Qui ça ?
Sinatra, le mec qui chantait Theme From New York, New York, un chanson sur... euh...

New York ?
Oui, c'est ça.... Et ma mère avait tous ses disques. Quant à mon nom, j'ai dû le changer sinon impossible de devancer les modes. Par contre, Bowie ça sonne super bien, comme Dior ou Lagerfeld.

Et David ?
C'est un clin d'oeil à David Hasselhoff. J'adore la série K2000. Je rate jamais une redif sur TMC.

Quels sont vos projets incessamment sous peu, là, tout de suite ?
Pas plus tard que tantôt, j'ai prévu de faire un concert interactif sur le net. Dans deux ans, je vais peut-être me lancer dans le techno-rap. J'ai déjà une idée du bonnet et du survêt' que je veux porter. J'en ai déjà touché deux mots à Jean Paul...

Jean-Paul ? Euh... Le deuxième ?
Non, l'autre.

Je me disais aussi... Que vous inspire, mon cher David, cette pensée de Brian Ferry : "Je n'essaie pas d'être à la mode, je fais la mode".
Pas grand chose vu qu'à force de vouloir faire la mode, il est devenu hyper ringard ce mec. Bien fait pour lui.

Mais, comment faites-vous pour devancer les modes ?
Eh bien, c'est simple. J'inhale l'air du temps.

Vous inhalez ?
Parfaitement. Tel un chien truffier toujours à l'affût de la bonne odeur, j'hume l'underground.

Vous humez ?
Absolument. Après je fais un album avec les idées glanées ça et là.

Et alors ?
Alors, c'est à ce moment-là que je devance la mode qui va venir.

Vous n'avez pas peur que ce que vous faisiez des années auparavant soit devenu ringard ?
Non. Car Bowie, c'est jamais à la mode. Ca la devance, nuance.

Bien joué, David.
Vous avez d’autres questions ?

Oui. J'aurais voulu connaître la couleur de vos chaussettes, la liste de vos fromages préférés, celle de vos feuilletons télé favoris et savoir si l'hiver vous portez un caleçon.
C'est intéressant et sûrement plus que les questions à la con qu'on me pose d'habitude.

Ouais, mais malheureusement j'ai plus le temps, je dois vite rejoindre ma machine et rentrer sinon je vais manquer ma leçon de macramé.
C'est bien dommage !

Ce sera le mot de la fin, David !
Lequel ?

Dommage.
J'aurais préféré l'autre.

Lequel ?
David !



Alors, j’ai remis en marche mon super propulseur tempo-modulateur à rayonnement cosmologique turbo-diesel d'occase pour me reprojeter en 2025, fort belle année au demeurant où la musique merdique continue de tenir le haut du pavé, où des chiées de virus mutent tant et plus, où des dictateurs tarés menacent de faire tout péter et où les disques de Bowie ne se vendent même plus à la grande surface du coin.