Un
jour, avec l'aide d'ECM, le
pianiste Bley a rencontré
le saxophoniste Parker et le
bassiste Phillips dans un monastère
perdu au milieu de nulle part
et nommé Sankt Gerold.
C'est là qu'a été
enregistré cet album.
Au départ ce sont trois
musiciens de jazz. Ici ils nous
offrent un album plutôt
difficile d'approche, naviguant
entre musique contemporaine,
impressionnisme et jazz free.
Le tout plutôt loin de
ce que propose d'habitude ECM.
Il s'agit d'une suite de variations.
Il y en a douze. Sans titre.
Variation 1, Variation 2, etc...Chacun
y va de ses compos. Cinq thèmes
sont crédités
des trois musiciens.
Tous ces renseignements peuvent
te donner une idée de
l'ensemble. C'est assez dépouillé.
Limite austère. Parfois
un peu froid. Nos trois lascars,
particulièrement blanchis
sous le harnais, se découvrent
ici un lieu où ils pourraient
encore exprimer quelque chose
qui leur soit commun. Ca sonne
donc comme une oeuvre solide,
sans ego. On est sur la même
longueur d'onde, si l'on peut
dire. Chacun laisse à
l'autre la possibilité
de s'exprimer. On explore. On
tatonne. On n'oublie pas non
plus de rester dans le jazz,
c'est une bonne chose.
"Sankt
gerold" n'est donc pas
un album complaisant ou fait
à la manière de.
L'ensemble paraît sincère
car sans la moindre concession.
Parfois, ce n'est pas très
convaincant. On croirait même
entendre à certains passages
la vieille porte du monastère
qui ferme mal. Faudrait peut-être
y mettre un peu d'huile.
Mais, il y a plein de moments
impressionnistes de grande qualité.
Et nul n'est besoin d'aller
faire une retraite dans un quelconque
monastère pendant des
mois pour les apprécier.