Bill
Frisell est un guitariste de
jazz qui essaie de se démarquer
des poncifs actuels du genre.
C'est une bonne chose.
Ici
dans cet album, Frisell est
entouré de trois musiciens.
C'est logique me dirais-tu,
ça s'appelle "Quartet".
Moi, ce cd, je l'aurais nommé
autrement. Ces musiciens sont
Ron Miles (trumpet, piccolo
trumpet), Eyvind Kang (violin,
tuba) et Curtis Fowlkes (trombone).
Ils gagnent largement à
être connus.
Donc, Frisell propose une musique
axée sur les cuivres.
Il faut aimer. Moi j'adore les
orchestres à cuivres.
Bien sûr, les cuivres,
il faut savoir les choisir et
bien les faire sonner. Frisell
y réussit à merveille.
Les arrangements sont de qualité.
Tu remarqueras aussi l'absence
de section rythmique classique
avec basse et batterie. Mais
ça ne gène pas
à l'écoute.
Bon, Frisell propose ici une
musique qui n'a que peu de rapport
avec le jazz. En cherchant bien
on trouve un lien avec celle
de Mingus. Surtout le superbe
titre nommé "Tales
from the far side" qui
peut correspondre à ce
qu'il pourrait faire aujourd'hui
s'il était encore de
ce monde. Cuivres énormes
et chaleureux et final surprenant
avec une guitare saturée
d'effets étonnants.
Ailleurs ça rappelle
aussi un peu les big bands de
Carla Bley par les cuivres bien
sûr mais aussi par le
côté décalé
de la musique et ses diverses
influences : cabaret, folklore,
fanfare, impressionnisme, une
musique que j'appellerai "classique
moderne" (faute d'autre
nom) et un peu de jazz bien
sûr (ragtime et blues).
Cet album de Frisell est plutôt
original mais il peut paraître
un peu froid de par la prédominence
des cuivres et ses arrangements
très complexes.
Au final, à part un titre
ou deux dispensables, l'album,
assez complet, possède
un réel attrait pour
peu qu'on soit déjà
familiarisé avec les
musiques citées plus
haut.