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Le GGM de poche...

Alessandro Baricco
Cette Histoire-là (2007)



Si je devais comparer Alessandro Baricco à un autre auteur, ce serait Gabriel Garcia Marquez. Baricco est un peu un GGM de poche. Si ceux qui lisent Gabriel Garcia Marquez ne connaissent pas forcément Alessandro Baricco, ceux qui lisent Baricco, généralement, lisent aussi Gabriel Garcia Marquez. Le lien entre ces deux auteurs, je le situe principalement dans l'invention mais aussi dans certains thèmes comme le rêve ou encore la fatalité. Un personnage singulier désire quelque chose d'étrange ; il s'agit du but de son existence, il ne peut pas y échapper. Il y consacre donc sa vie, contre vents et marées même s'il doit la vivre dans la solitude et le malheur. Cette description pourrait s'appliquer à "L'amour aux temps du choléra" voire à "Cent ans de solitude" de GGM mais aussi à "Cette histoire-là" de Baricco. Le destin, les amours impossibles, la solitude, la tristesse, le temps qui passe, sont des concepts cent fois usés par ces deux auteurs.

"Cette histoire-là" est celle d'Ultimo Parri, fils d'un paysan qui décide d'ouvrir un garage dans une campagne italienne où aucune voiture ne passe jamais (surtout en 1904). Je n'en dirai pas davantage car la découverte est un pan entier de l'intérêt de la lecture, comme toujours lorsqu'il y a de l'invention (même si celle ci est plus réaliste que dans "Châteaux de la colère"). Sachez seulement qu'Ultimo ne fait ici que passer au milieu d'un exercice de style. Il est le personnage secondaire d'une histoire qui est la sienne.

Cependant, je ne prétends pas que tout ici est bon. Le troisième chapitre, par exemple, m'a un peu lassé même s'il souligne quelques détails historiques succulents. Le cinquième chapitre, également, je ne l'ai pas vraiment lu. Il est très court (22 pages) mais ce qui fait son originalité me l'a rendu un peu indigeste. Un dernier reproche pour en finir, un reproche étonnant - surtout venant de moi - mais je dirais que le roman est trop court. Ce qui fait la force de GGM (et sa faiblesse tant sa littérature est dense), c'est la longueur de ses romans. On finit par un peu vivre avec ses personnages et surtout à sentir le temps qui passe, le leur à travers le nôtre. On sent bien que "Cent ans de solitude" dure cent ans, si vous voyez ce que je veux dire. GGM n'aurait pas pu trouver un meilleur titre, à tous les points de vue. Chez GGM, on comprend que c'est le rêve de toute une vie, que c'est l'amour de toute une vie, que ce qui est perdu ne se retrouvera plus jamais. Chez Baricco, l'effet est moins appuyé.

Seulement, "Cette histoire-là" fourmille fréquemment de petites choses savoureuses et d'actes inutiles et symboliques, de ceux qu'on ne peut voir dans la vraie vie que si on les fait nous-mêmes (et je ne m'en prive pas). Et ceci, évidemment, jusqu'aux chapitres finaux qui révèlent le fin mot et parviennent même - par quelques pirouettes - à changer la perception de ce qui précède. A partir du quatrième chapitre - c'est à dire approximativement le milieu du roman - j'ai tout lu d'une traite. A la fin j'étais obligé de cacher la page de droite de ma main de peur d'y jeter un oeil et de découvrir quelque chose d'important avant d'y arriver honnêtement. Pour vous dire !

PS : "Cette histoire-là" est un livre qui a une histoire. Il ne s'agit pas de cette histoire-là mais d'une autre. Son histoire éclaire le concept de l'entièreté évènementielle qui ne vous est pas étranger si vous m'avez déjà lu et que votre mémoire est très bonne. J'ai appris l'existence de ce livre en passant à Gibert un vendredi 4 janvier. Son titre noté dans mon carnet, je pensais l'emprunter à la bibliothèque dès le mardi suivant puisque le samedi était consacré à un concert de heavy métal teuton. Le mardi vint bientôt et je passais la journée à vérifier sur internet l'état des stocks des bibliothèques parisiennes. Le livre était emprunté dans toutes celles qui m'étaient accessibles étant donné mon heure de sortie jusqu'à ce qu'un lecteur ne le ramène à la bibliothèque André Malraux dans le 6ème. A 18h j'y allais pour finalement me faire subtiliser le livre sous les yeux par une grand-mère malintentionnée. Non seulement j'avais annulé une séance de cinéma pour aller emprunter le livre ("L'amour aux temps du choléra" adapté du roman de Garcia Marquez !!) mais je n'arrivais finalement pas à me le procurer pour une dizaine de secondes de retard. Je tentais à tout hasard la bibliothèque Saint-Simon dans le 7ème mais ils ne l'avaient pas.

Le lendemain, mercredi 9 janvier, je m'éclipsais à 11h30 pour me rendre à la mignonne bibliothèque Isle Saint-Louis (sur l'île Saint-Louis, donc) afin d'y prendre le livre de Baricco. "Vous arrivez, le livre est là devant vous, vous pouvez l'emprunter, vous avez de la chance", m'a dit le responsable des emprunts. Il n'avait pas idée du mal que je m'étais donné pour l'avoir, cette chance. Je commençais à le lire quelques minutes plus tard, à la cantine. Le soir même, j'allais au cinéma, non pas pour voir du GGM (le film n'était plus à l'affiche) mais "Gone baby gone", adapté du roman de Dennis Lehane. Tout est lié.

 

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LA CRitiQUE D'UN AUtRE BOUQUiN _____________________________________________________________________________

Ferdydurke
Wiltold Gombrowicz

 

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