L'autre
soir, je suis allé mater
Ange... Et l'écouter
par la même occasion.
De
Ange, je ne connaissais pas
grand chose. Quelques chansons
des albums "Emile Jacotey",
"Au-delà délire"
et "Le bal dez Laze"
(une reprise de Polnareff).
C'est peu. Du coup, c'était
sûrement une bonne idée
d'aller voir le groupe faire
le tour de la question... Mais,
c'est quoi la question ?
En
entrant, à droite du
bar, se tenait un stand sur
lequel on vendait des disques
où le prix "imbibé"
était moins important
que le prix public. Nazca, mon
collègue de concert,
me lança alors : "Si
t'es bourré, le disque
est moins cher."
Dans
la salle, il n'y avait pas grand
monde. Une moitié de
salle en fait. Des vieux surtout.
Après
une légère attente
bercée de musique hip-hop
électro, voici qu'arriva
le groupe Ex Vagus qui fit une
prestation... "à
la Ange". C'est un peu
normal après tout.
Au
début, j'ai eu un peu
peur. Le chanteur en faisait
trop. Maniéré
comme un chanteur de néo-prog.
Mais le groupe Ex Vagus faisait-il
du néo-prog ? Non, il
faisait du rock "évolutif".
Après, ça a évolué.
C'est normal pour un groupe
évolutif. Les claviers
étaient agréables
et de qualité. Celui
qui en jouait passait son temps
à se marrer avec le bassiste.
Tant mieux, c'est plus agréable
que de se farcir des mecs qui
te taillent la gueule une heure
durant. Le guitariste, sorte
de Gilmour amaigri, fit une
correcte prestation. L'ensemble
était très prog
avec des petites histoires du
domaine des trois collines et
des trucs comme quoi, il a neigé
sur Pluton. Il n'y a plus de
saison. Le groupe y est allé
même d'une chanson que
le chanteur de Ange avait spécialement
composé pour eux. Ca
s'appellait "Ici".
C'était loin d'être
la meilleure de leur show. Et
naturellement, Ex Vagus nous
a offert même une suite
faite de nombreux breaks ponctués
des sauts du bassiste en grande
forme. Le rock progressif, c'est
aussi du sport.
Puis
Ange arriva.
Et
voici Décamps, sorte
de compromis entre un père
Noël sans costume, Robert
Wyatt vieillissant et un Léo
Ferré barbu, un peu enveloppé
et transformé en gourou
en toge. Il fit le spectacle.
Joua quelques personnages. Parla
des hommes politiques qui sont
tous méchants (mais il
ne faut pas oublier de voter).
Raconta que Ange est immortel
et que l'artiste sans le public
est un leurre. Comme on était
là, ça pouvait
marcher.
Près
de Décamps, il y avait
une chanteuse, choriste et danseuse.
Elle s'appelle Caroline et s'en
est tirée pas trop mal,
bien que ses évolutions
gestuelles ne soient pas toujours
au top. Elle a chanté
seule un truc entre foot et
foutre. Les paroles étaient
assez sympas.
Ange,
c'est aussi Tristan, le fils
de l'autre. Il a créé
le climat avec force claviers.
Il a aussi chanté seul
une belle histoire d'harmonie.
C'était un grand moment
du show, surtout quand le guitariste
s'est joint à lui à
la fin du titre.
Ce
guitariste, parlons-en. Il s'appelle
Hassan, il est très fort.
La réussite du show tint
beaucoup dans sa prestation
de haute-volée.
Le
bassiste comme souvent dans
les concerts prog semblait comme
possédé. Il arpentait
la scène dans son tricot
de peau qu'il semblait sortir
tout droit d'un vieux film réaliste
italien des années 50.
Le batteur, quant à lui,
était sobre et juste.
Avec un bon son.
Le
son, parlons-en aussi. J'ai
en subi de pire. Mais quand
les thèmes devenaient
plus agressifs, c'était
limite insupportable. Notamment
dans "Vu d'un chien"
ou "Ces gens-là".
Et ça faisait énormement
de tort à cette musique
qui n'avait pas besoin de tant
de décibels. Moi non
plus d'ailleurs.
Ange,
au final, c'est un rock plutôt
théatral et outrancier.
Entre rock et variété
française. Avec des paroles
intéressantes et de l'humour...
(quand on réussit à
comprendre quelque chose sous
cette sono souvent assez assourdissante
!). C'est aussi parfois un show
pas loin du ridicule. D'autres
fois proche du sublime. Et avec
de grands moments comme "Si
j'étais le messie"
ou "Capitaine coeur de
miel".
Tard
dans la nuit, Les Ange épuisés
ont salué la salle maigre
mais conquise sous les accords
du piano reposant de Keith Jarrett.
On entendait même quelques
euphoriques : "Décamps,
président !". Les
fans ont de l'humour.
Du
coup, ce fut une soirée
sympa de prog à la française.
Et la bière était
bonne.
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