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André Rieu
L'interview



Ne reculant devant aucun sacrifice, j'ai rencontré le beau et sémillant André Rieu, ce raffiné artisan de la vulgarisation de la musique classique, merveilleux héritier des grands Richard Clayderman, Rondo Veneziano et Yvette Horner. Ca s'est passé l'autre jour dans son home-studio où il travaillait à l'enregistrement d'une adaptation du Requiem de Mozart en valse.


André... je peux vous appeler André ?

Oui, bien sûr même si j'aurais préféré Wolfgang Amadeus mais c'était déjà pris, alors...

André, vous êtes français ?
Pas du tout. Je suis néerlandais.

Personne n'est parfait.
C'est vrai. J'aurais pu être belge.

André, d'aucuns affirment que vous êtes à la musique classique ce que Didier Barbelivien fut à la chanson française. Qu'en pensez-vous ?
Je trouve que c'est flatteur.

Ah bon ?
En effet, Barbelivien, c'est quand même lui qui a écrit : A toutes les filles que j'ai aimées...

Avant ?
Oui, c'est ça. D'ailleurs peut-être que je vais reprendre sous peu ses merveilleuses mélodies...

En valse ?
Ca se pourrait... Je verrais bien un cd avec comme titre "André Rieu plays the music of Didier Barbelivien"...

And Félix Gray ?
Non, pas jusque là, faut quand même pas déconner...

André, on dit de vous que vous êtes celui qui a amené le classique dans les stades. Qu'en est-il exactement ?
C'est vrai, mais je ne sais pas si c'est une bonne idée.

Comment ça ?
Eh bien, tantôt j'ai joué pour l'Ajax et du coup ils ont perdu. En plus contre Marseille, fallait le faire...

Sans doute qu'à l'écoute de votre musique l'émotion a été trop forte pour les joueurs.
Sûrement. Je ne vois pas d'autre explication.

André, j'ai lu sur le site officiel de l'Ajax que vous jouez avec un stradivarius. Est-ce vrai ?
Bien sûr. André Rieu se doit de faire la différence. Manquerait plus que je joue avec un vulgaire crincrin acheté d'occase dans un quelconque magasin d'instruments d'une banale bourgade batave. Et puis, L'éternité c'est la mer allée avec le soleil - comme le disait si joliment Arthur.

Le gars de TF1 ?
Non, l'autre, celui qui a écrit Les fleurs du mal.

Quel rapport avec le stradivarius ?
Aucun. C'était juste parce que j'avais envie de le placer. Faut savoir que je ne suis pas forcément qu'un gars coiffé à la Barbelivien qui, tout sourire, balance dans une convivialité non feinte des mélodies inoubliables à des millions de mélomanes du monde entier qui se pâment d'aise à l'écoute du triple best of d'André Rieu...

Ah bon ?
Je peux être aussi un type hyper posé, réfléchi, qui sait aussi se cultiver, quitter les stades bruyants et prendre parfois un certain recul pour se plonger dans les oeuvres de nos plus grands auteurs et en tirer le meilleur profit afin de gérer de la meilleure façon possible son quotidien parsemé d'embûches sur le dur chemin de cette putain de vie où on se flinguerait sûrement s'il n'y avait pas "André Rieu In Wonderland" en vente dans toutes les bonnes superettes.

Justement, André, à propos de culture, n'êtes-vous pas quelque part l'héritier direct de Paganini ?
Celui qui se fout à poil sur Canal + ?

Non, lui, c'est Paganelli.
Je me disais aussi...

André, pensez-vous être celui qui amènera le maximum de monde vers la musique classique ?
Absolument pas.

Ah bon ?
L'important c'est que la musique classique amène le maximum de monde à acheter les cds d'André Rieu. Le classique est une mine inépuisable de thèmes supers intéressants à reprendre et retravailler. Et je vous le demande un peu : qui écoute les oeuvres de tous ces auteurs classiques moins connus que le gardien remplaçant de l'Ajax ?

Euh...
Eh bien : personne. Une fois qu'on a écouté Rieu, on n'a qu'une envie...

Ecouter Mozart ? Vivaldi ? Schubert ?
Vous n'y êtes pas du tout... On n'a qu'une envie : courir acheter une autre album d'André Rieu... enfin, de moi.

Les musiciens classiques et les critiques disent beaucoup de mal de vous. Ca vous inspire quoi comme réflexion ?
Pas grand chose. En fait ils sont jaloux parce que je vends un max de disques, que je joue dans des stades archi-pleins et que je me balade en rutilante limousine à rallonge au bras de super nanas...

Avec de gros nichons ?
Parfaitement.

Ca vous fait quoi, André, d'être plus connu que Penderecki ?
Pendez qui ?

André, comment vous est venu ce goût prononcé pour le violon ?
Eh bien, c'est simple. Très tôt, j'ai été fasciné par le monde magique de la musique classique. Putain que c'était beau ! Même que j’ai été impressionné de suite par les énormes orchestres. Comment ils font pour rentrer tous dans le studio ? J'avoue que tous ces sons magiques qui sortent des archets, ça bouleverse plus que la défaite de l'Ajax. Et c'est alors que je me suis dit en moi même dans mon for intérieur à moi que j'ai, permettez que je me cite...

Je vous en prie.
"Si Mozart l'a fait, pourquoi pas moi ? "

C'était sûrement une bonne question.
Oui. D'ailleurs aujourd'hui je peux même affirmer que je suis plus connu que Mozart qui n'aurait sûrement pas rempli le stade de l'Ajax.

En guise de conclusion, André, car tout a une fin même les pires choses, que pensez-vous que la postérité gardera de vous ? Le triple best of ? André Rieu In Wonderland ? La défaite d'Ajax ? La neuvième Symphonie ?
D'abord je tiens à faire une légère rectification : La neuvième symphonie, c'est pas de moi, c'est d'un certain Beethoven - un gars atrabilaire qui était sourd et composait avec une crinière pas possible - mais je comprends votre erreur vu qu'il a bien quelque chose de moi, le côté convivial en moins bien sûr et s'il était encore en vie, je suis sûr qu'il saurait profiter de mes conseils, surtout question coiffure mais pour en revenir à la postérité, je l'avoue, je m'en fous un peu...

Ah bon ?
Oui, l'important c'est que les stades soient pleins, que je sorte toujours plein de compils, que je vendre plein de disques, que je me balade en rutilante limousine à rallonge au bras de super nanas avec...

Oui, ça va, ça va, merci André.


Puis comme André Rieu quittait son home-studio, je l'accompagnai un temps. Une charmante jeune femme s'est alors jetée sur nous, un calepin à la main. Du coup, Rieu a sorti son stylo en lui demandant son prénom. Elle s'est alors tournée vers moi en disant : "C'est qui lui ? Barbelivien ?" avant de me réclamer une dédicace. Rieu s'est beaucoup marré... du moins il a fait semblant car soudain il a pris son stradivarius qu'il tenait depuis sous son bras et le laissa tomber dans un grand fracas sur le crâne de la jeune femme pour lui apprendre qui il était. Non mais des fois...

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l'image du jour
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la pochette du CD "André Rieu in Wonderland" !

Inutile de cliquer ci-dessus,
je n'en ai pas fait la chronique.