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Un sacré périple

Voyage Avec Un Âne Dans Les Cévennes
Robert-Louis Stevenson (1879)



Sache que tout est dit ou presque dans le titre. Je rajouterai seulement que le bouquin est
très intéressant. Ecrit d'une belle plume et avec un certain humour. Il se présente aussi comme le témoignage sur une époque et un pays.

Il se lit volontiers d'une traîte et avec encore plus de plaisir si, comme moi, on est originaire de cette région.

Depuis, on peut partir sur les traces de Stevenson, avec ou sans âne en suivant son trajet par des chemins aujourd'hui balisés. C'est sûr que je ne vais pas tarder à le faire...

Et pour compléter un peu je vais te raconter comment est venu à Stevenson ce goût très fort des voyages.

Donc, à cinq ans, à l'âge où d'autres contractent la rougeole, il attrapa la bougeotte. Une anecdote à ce sujet : il disparut un soir du manoir de ses parents qui, inquiets, crièrent toute la nuit sous la pluie : "My god ! my god !" (avec un déplorable accent écossais). Puis ils décidèrent de le chercher. Au petit matin, ils le retrouvèrent au fond du parc dormant sous la pluie dans un sac de couchage près de son chien Modeste. Cette "expédition", Stevenson la raconta d'ailleurs plus tard dans une rédaction au CM1 restée célèbre sous le titre : Voyage avec un chien au fond du parc.

A douze ans, il osa sauter le mur de la propriété familiale et s'en alla sur la colline voisine, suivi curieusement par un âne. "My god ! Ne maltraîte pas l'âne ! Sois prudent et n'oublie pas de te brosser les dents avant de te coucher, Dear Robbie !" lui lança sa mère, membre de la SPA, comme toutes les Ecossaises et inquiète comme toutes les mères.

Stevenson, pas peu fier, avança sans se retourner, le baluchon sur l'épaule et l'oeil fixé sur la ligne bleue des Highlands, sifflant "Mull of Kintyre".

Malheureusement, son manque d'expérience lui fit rater cette expédition qu'il raconta plus tard dans ses mémoires sous le titre : Voyage dans les Highlands sans ce putain d'âne. En effet, ce dernier l'avait laissé tomber quelques mètres après la maison, sans doute attiré par quelque ânesse.

Quand Stevenson revint chez lui, suite à cette expédition ratée, son père, qui venait de jouer de la cornemuse quelques instants avec la bonne, remit son kilt et lança à son fils un ironique : "My god ! Déjà de retour !". Ce qui eut le don d'augmenter chez le jeune Robert-Louis le désir de partir au plus tôt.

C'est ainsi qu'à quatorze ans, il s'en alla dans les montagnes environnantes nommées The Seven avec le fils du voisin, un certain Ian McDonald. Leur expédition dura plusieurs jours. Elle est relatée dans son premier ouvrage littéraire nommé : Voyage avec un Ian dans les Seven.

Après, Stevenson partit à Londres où il fit un court périple, un penny en poche. Ce qui, bien sûr, le ramena bien vite chez sa mère qui lui dit avec toujours le même déplorable accent écossais : "My god ! Tu aurais dû me prévenir, par Saint-George, je t'aurais fourni une bourse bien remplie, my dear !" Ce qui ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd.

Et ce fut le début des grands et longs périples de Stevenson jusqu'à celui dont je te parle plus haut et qui vaut largement le voyage.

Robert-Louis Stevenson chantant
"Mull Of Kintyre" dans les Highlands.