Shadow Gallery faisait en ces
temps anciens quelque chose que
l'on pourrait appeler "metal-prog".
Encore que toutes ces appellations
à la con, ça veut
strictement rien dire. Oui, c'est
vrai ça :
c'est quoi du batcave
prog ? du jazzcore
néo rock ? du
doom thrash soul ?...
Du
metal-prog donc mais attention,
aussi loin des boursouflures couillues
des pontes du genre que moi de
la Belgique. Les mecs de Shadow
Gallery évoluent, eux,
pleins d'émanations un
rien rebutantes d'un prog seventies
mais aussi dans la délicatesse
avec des intonations classiques
et peut-être même
classichiantes sans vouloir faire
dans le néologisme douteux
ni être grossier. Loin de
moi cette idée.
L'ombre de la galerie propose
même quelques intermèdes
un chouïa virtuoses au piano
qui arrivent comme ça,
là, d'un coup sans crier
gare et même pas Saint-Charles.
Les gars, ils veulent aussi, en
plus de montrer leur excellente
culture musicale, être proches
du commun (c'est l'apanage des
grands) en offrant quelques chansons
à deux dollars pour les
foules sentimentales qui ont soif
d'idéal. On ne sait jamais
car il y a peu de la rue au Billboard.
Alors on a droit notamment à
"Don't ever cry, just remember"
, une jolie ballade que tu peux
apprécier avec ta copine
qui préfère d’habitude
écouter les belles œuvres
de Lynda Lemay tout
en faisant des tortillons.
En bonus, les concertistes de
la galerie ombragée inondent
leur oeuvre de plages de synthés
un peu téléphonées
- force est de le constater sans
vouloir être méchant
- entre de la musique comme qui
dirait d'ascenseur et la bande
son d'une comédie sentimentale
amerloc des nineteens. Le tout
avec un chouïa de Vangelis
qui aurait fait un duo avec Clayderman.
Pourquoi pas ? Il en avait bien
fait un avec le gars Jon.
La galerie ombrée, c'est
donc un peu de tout sur un seul
album et crois-moi, ce n'est pas
une mince performance. Mais le
meilleur reste quand même
la production, la voix du chanteur
et les choeurs. Ah ces choeurs
!
Bref, Shadow Gallery proposait
dans quelques anciens temps plutôt
lointains un disque que, finalement,
après mûre réflexion,
je ne te conseille pas. Achète
plutôt à la place
un baril de lessive, ça
te fera plus d'usage.
QUELQUES CLéS :
*
batcave prog : le prog que pratiquait
Batman dans sa cave.
* jazzcore neo rock : jazz rock
sériel.
* doom thrash soul : funk atmosphérique
et metal.
* Saint-Charles : où il
vaut mieux monter dans le train
que d'en descendre.
* Billboard : permet de savoir
quelles sont les merdes qui se
vendent le plus.
* Lynda Lemay : comme une sorte
d’Aznavour en femme avec
un accent rigolo.
* tortillons : Ce mot n’avait
strictement rien à faire
dans la chronique mais je voulais
le placer quand même.
* Vangelis : faisait du Clayderman
avec synthés.
* Clayderman : faisait du Vangelis
avec violons.
* Jon : fait du Vangelis chanté.
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l'image
du jour
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Un
jour Charles
Aznavour avait
rencontré
Lynda Lemay
!
- Vous aimez
les tortillons
?
- Ah, ouais,
j'adore !
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